Vincent Chaudel : “Les fonds comme Bordeaux peuvent être amenés à équilibrer ou perdre un peu d’argent. Ils peuvent très bien accepter de perdre 10-20-30-50M€, si et seulement s’ils se qualifient en Ligue des Champions”

    Vincent Chaudel, économiste du sport, et fondateur de l’Observatoire du Sport-Business, a longuement expliqué l’intérêt des investisseurs américains d’investir dans le football français, comme aux Girondins de Bordeaux.

    « Un fonds d’investissement est là pour gagner du cash. Quand il mise une certaine somme d’argent, il veut que ce que ça lui rapporte plus que ce qu’il a misé. La difficulté dans les fonds américains, c’est que bien souvent ils méconnaissent l’économie du football. Ils connaissent le sport, ils peuvent investir dans des franchises. Mais les franchises, la plupart du temps, c’est un système qui génère du cash. La spécificité du football, c’est qu’on peut en gagner, mais généralement on gagne de l’argent à la revente. Contrairement à une autre activité, on ne gagne pas sur l’exercice comptable. Ils peuvent être amenés à équilibrer ou perdre un peu d’argent, mais l’important est de se qualifier pour des compétitions européennes. Ils peuvent très bien accepter de perdre 10-20-30-50M€, si et seulement s’ils se qualifient en Ligue des Champions, parce que là, s’ils y vont, ils vont exposer leurs joueurs et certainement gagner de l’argent sur les transferts. Le football français, on a besoin de mettre moins d’argent sur la table pour racheter un club, en comparaison d’autres pays. On est sur une année aussi où on a une augmentation des droits TV et donc une part d’amortissement du risque […] En général un fonds, son objectif c’est de gagner de l’argent. Le schéma, si on prend le cas de Bordeaux, était probablement de faire du trading comme à Lille ou Monaco. Sauf que pour faire du trading, les conditions simples : être qualifié en Coupe d’Europe. Or, Bordeaux, quand ils ont été rachetés, ils n’avaient pas l’effectif pour aller en Coupe d’Europe, et ils n’ont pas investi pour y aller. Le problème des investisseurs américains, c’est une part de méconnaissance du football, qui est un sport qu’ils maitrisent moins. Ils ont une culture de Ligues fermées avec des franchises, et là on est dans un modèle plus vertueux d’un point de vue économique. Il faudrait qu’ils comprennent qu’il ne faut pas uniquement racheter, mais qu’il faut aussi investir dans le sportif. C’est après ça qu’il peut y avoir une situation intéressante d’un point de vue économique Mais investir sans mettre sur le terrain une équipe performante, ça ne marche pas […] Un fonds, son sujet, c’est d’aller chercher de la rentabilité, et s’il mise c’est pour gagner. Il a tort évidemment quand il zappe la culture du club. Il faudrait leur expliquer que de travailler la culture, le sportif… Travailler la culture, c’est aussi travailler l’attachement des fans. Et donc cela fait partie de la création de valeur… C’est pour ça que je parle de notion de méconnaissance de ce secteur-là. Il y a aussi le côté public ! Ce sont les deux trésors de guerre dans un club : est-ce que mon club a des joueurs à fort talent, et est-ce que mon club a une base de fans importante ?”.

    RMC

    Retranscription Girondins4Ever