Ludovic Lestrelin : « Quand vous commencez à changer les éléments du symbole, vous venez fragiliser et bousculer ce rapport au passé qui est constitutif du supportérisme »

    Dans Le Télégramme, Ludovic Lestrelin, sociologue du sport et maître de conférences à l’université de Caen, a commenté ce qui se passait suite à la décision pour un club de football de changer de logo, comme ce fût le cas aux Girondins de Bordeaux.

    « On peut comprendre la logique économique derrière, mais ce n’est pas toujours forcément un choix si payant. C’est un élément qui devrait être vraiment pris au sérieux. Il faut sans doute faire les choses pas à pas, progressivement, en sollicitant les groupes organisés […] Il y a aussi évidemment la distance qui sépare les propriétaires, les dirigeants et les supporters organisés. Derrière cette histoire de changement de logo ou de blason, c’est une question plus large qui est posée : comment préserver l’identité et la tradition d’un club ? D’un côté, vous avez des gens (dirigeants et propriétaires) qui viennent d’ailleurs et dont on ne sait pas combien de temps ils vont rester et de l’autre, vous avez des supporters qui sont là depuis longtemps et qui resteront quoi qu’il arrive […] Il y a un attachement important aux premiers souvenirs, à la transmission de la passion. Donc, on touche à quelque chose de fondamental. Quand vous commencez à changer les éléments du symbole, vous venez fragiliser et bousculer ce rapport au passé qui est constitutif du supportérisme ».