Sara Menaï : “Bordeaux doit arrêter de regarder derrière et se concentrer sur demain. Il reste dix matches pour sauver l’honneur”

    Sara Menaï, journaliste sur Free Ligue 1, et accessoirement supportrice des Girondins de Bordeaux – a, de sa magnifique voix (à écouter en audio en bas de page), fait un état des lieux du club au scapulaire, insistant sur le fait que si son passé fut glorieux, il faut désormais regarder devant et avancer.

    « Bordeaux est parfois considéré comme la deuxième plus belle ville de France. On y vit bien, entre l’Océan Atlantique, le Bassin d’Arcachon, et les Pyrénées. Et avec le TGV maintenant, en deux heures, vous êtes à Paris. Les Girondins ont la chance de s’entrainer au Haillan, une petite commune dans laquelle se trouve depuis plus d’un siècle maintenant un Château, Bel Air. C’est calme, c’est reposant. Il n’y a pas à dire, il y fait bon vivre. Tellement bien que ça n’engage pas beaucoup à l’effort, enfin c’est ce qu’on nous dit. Cela fait dix ans qu’on nous dit que les joueurs qui signent à Bordeaux sont tellement tranquilles que le football, finalement, ce n’est pas vraiment une priorité. Et pourtant on parle bien d’un club de foot, et non plus d’une colonie de vacances, même si parfois on se pose un peu la question. Il y a quelques années, un entraineur qui venait d’arriver, un énième nom sur une liste excessivement longue de coach passés par les Girondins en dix ans, voulait imposer des petits déjeuners collectifs le matin à Bordeaux. Il se disait que ça allait souder un peu cette équipe, de prendre au moins le repas au Haillan avant d’aller s’entrainer. Mais les joueurs trainaient des pieds, ils n’avaient pas vraiment envie de faire cet effort, et l’idée a vite été abandonnée. Alors, on aime bien appeler ce club la Belle Endormie, parce qu’il y a un potentiel énorme à Bordeaux, mais depuis dix ans, ça dort. Les joueurs passent mais les problèmes restent les mêmes. Aujourd’hui, en plus de Saint-Etienne, ce sont deux autres clubs historiques de notre chère Ligue 1 qui sont en danger, Nantes et Bordeaux […] Bordeaux est un club qui a une histoire, qu’on doit respecter, même si les bordelais ne peuvent pas vivre dans le passé. On ne peut pas constamment regarder dans le rétro avec nostalgie, on doit préparer l’avenir en se servant de ce passé, mais il ne faut pas rester bloqué. Les années Claude Bez, les années 80, le titre en 99, ou plus récemment en 2009, c’est une immense fierté, oui, pour le peuple bordelais, c’est certain. Mais c’est loin, maintenant. Bordeaux doit arrêter de regarder derrière et se concentrer sur demain. Ce n’est pas tout de dire que ce club a connu tant de titres ou de campagnes européennes, ce qu’il faut, c’est s’intéresser à ce qu’on va mettre en place pour revivre ces moments-là. Revoir les plus beaux buts de Yoann Gourcuff ou de Gabriel Obertan, s’accrocher au record d’invincibilité à domicile face à Marseille, oui… Mais ça ne suffit pas. C’est comme Nantes, l’un des clubs les plus titrés de notre championnat. La réalité, c’est que les nantais sont relégables aujourd’hui. Alors, il reste dix ans matches pour ces deux clubs pour, à défaut de sauver leur saison, sauver leur honneur ».

    Retranscription Girondins4Ever