Vincent Chaudel : “On est tous tristes de ce qui arrive aux Girondins de Bordeaux. King Street, attiré par l’appât du gain, a racheté le club à M6, et par peur des pertes trop importantes, déserte le club”

    Vincent Chaudel, économiste du sport et patron de l’Observatoire du Sport Business, a fait le point sur la situation actuelle des Girondins de Bordeaux et l’abandon de King Street.

    « On est tous tristes de ce qui arrive aux Girondins de Bordeaux. King Street, attiré par l’appât du gain, a racheté le club à M6, et par peur des pertes trop importantes, déserte le club, et le laisse sur le bord de la route. C’est une conséquence du choix de la philosophie française. On a voulu la fin du financement public au milieu des années 90, pensant que ce n’était plus aux impôts locaux de financer les belles Ferrari des joueurs. Si on a encore du sport professionnel, c’est qu’il est financé par l’argent privé. L’argent privé, à part de grands philanthropes, c’est qu’il y a une recherche d’intérêt d’une manière ou d’une autre. Soit du profit immédiat, ce qui était le cas de King Street, et ce qui n’est pas arrivé. Soit par un intérêt indirect, comme Canal+ ou M6 en leur temps. Dans les autres pays, il y a un soutien populaire important en Angleterre et en Allemagne, où les stades sont remplis à 90-95%, et un soutien du monde de l’entreprise. La force de l’Allemagne, c’est son organisation de Landers, mais aussi son tissu industriel. Les clubs sont à la fois la fierté de la population locale, mais aussi la fierté et l’engagement des industries qui les entourent. En France, on n’a pas le même ancrage régional. Nos régions sont plus faibles que nos départements. Les nouvelles régions de France n’ont pas d’histoire. Et puis, notre tissu industriel s’est délité depuis quelques temps. On a de l’industrie, mais on a tendance à ne pas les inciter à être derrière les clubs, ce sont souvent des centres de décisions parisiens […] L’industrie du vin ? C’est un paradoxe à la française. On a une belle industrie avec le luxe, les spiritueux, et on a mis la loi Evin. Là on se tire encore une balle dans le pied en France. On pourrait se dire que la solution serait une solution de philanthropie comme Monsieur Pinault à Rennes, mais permettons aux philanthropes de tirer autant d’avantages dans le sport que dans la culture par exemple ».

    Sud Radio

    Retranscription Girondins4Ever