Pierre Rondeau : “Un club qui pourrait porter réclamation auprès de la DNCG si elle valide ce maintien en première division : c’est Lyon, qui a commencé à taper du poing sur la table”

Pierre Rondeau est revenu sur l’article permettant aux Girondins de Bordeaux de rester en première division en cas de redressement judiciaire, mais qui pourrait être retoqué par la DNCG.
« Là où c’est intéressant c’est que l’année dernière pendant le Covid, la Ligue avait amandé l’article 103 de son règlement, concernant les procédures de rétrogradation administrative. En toute logique, hors crise économique et conjoncturellement, lorsqu’un club est mis en redressement judiciaire, mais que le plan de sauvegarde est validé par la Ligue, la DNCG, et le tribunal de commerce, et assure sa stabilité économique, le club est relégué d’une division. C’est le règlement habituel. Sauf qu’avec l’amendement de cet article, si une procédure était entamée avant le début de la saison 2021-2022, le club pourrait – sauf décision unilatérale de la DNCG, dans le respect de l’équité sportive – rester en Ligue 1. C’est d’ailleurs pour ça que les dirigeants de Bordeaux se sont mis en redressement judiciaire très tôt, pour respecter le règlement, et assurer le maintien en première division. C’est très intelligent de leur part car s’ils se mettent en redressement judiciaire, ils pourront faire défaut sur la dette, ils pourront redemander un rééchelonnement : ils pourront obtenir une réduction du passif tout en restant en première division. Juridiquement, ça se tient. Il y a aussi une pression mise sur Fortress car en redressement judiciaire, Fortress pourrait perdre sa créance sur Bordeaux, et donc potentiellement perdre ses 38M€. Il faudrait que Fortress accepte de mettre de l’eau dans son vin pour autoriser à ce que cette dette soit rééchelonnée, que les taux d’intérêts soient renégociés, qu’elle soit allongée dans le temps, pour que les investisseurs potentiels la récupèrent mais en réduisent son poids. Là, on pourrait s’imaginer que ce soit le meilleur scénario possible : Bordeaux se maintient en Ligue 1, Bordeaux réduit son passif, Bordeaux renégocie sa dette, et le règlement l’autorise à être en redressement judiciaire tout en se maintenant en première division. Sauf qu’il y a un rebondissement. En gros, la DNCG peut remettre en cause cet amendement par le respect de l’équité sportive. En gros, se mettre en redressement judiciaire, cela signifierait faire défaut sur sa dette ou une partie de sa dette, tout en restant en première division. Il y a un club en question qui l’a un peu mauvaise de savoir que potentiellement Bordeaux pourrait se maintenir en Ligue 1 et faire défaut sur sa dette. Un club qui pourrait porter réclamation auprès de la DNCG si elle valide ce maintien en première division : c’est Lyon […] Lyon a commencé à taper du poing sur la table en disant ‘nous on a souscrit à deux PGE en plus du PGE souscrit par la Ligue, on est endettés, on a augmenté notre passif qui était déjà important’. Le dernier PGE était de 90M€. Ils ont augmenté leur passif depuis la crise, ce qui est un droit de leur part. Simplement, ce qu’ils disent, et ça peut parfaitement se comprendre, c’est ‘de quel droit on s’est endetté, on subit les foudres de la crise… De l’autre côté, Bordeaux a eu une gestion cataclysmique depuis la reprise de la crise’ et ils sont sauvés ? Lyon a porté réclamation. Le règlement est clair à ce sujet, avec une phrase vachement importante : ‘un club de Ligue 1 ou de Ligue 2 qui bénéficierait d’un plan de sauvegarde ou d’un plan de cession homologué par le tribunal de commerce antérieurement à la reprise du championnat 2021-2022 sera admis à participer au championnat dans lequel il aura été sportivement qualifié’. Ok, sauf qu’il y a aussi ‘sous réserve des décisions éventuelles de la DNCG dans un respect de l’équité sportive’. A ce niveau-là, l’équité sportive ne serait possiblement pas respectée, et la DNCG pourrait potentiellement dire puisque Lyon s’en plaint… Mais il y en a d’autres des clubs aussi. Lyon a tapé du poing sur la table, mais tous les autres pourraient parfaitement le faire. La situation économique de Bordeaux n’est pas due à la crise du Covid, elle est due à la gestion cataclysmique de King Street depuis son arrivée, antérieure au Covid-19. A un mon humble avis personnel, je trouve que ça se plaide. L’article, toujours à mon avis, irait dans le sens des lyonnais, qui eux ont fait des crédits. Tout n’est pas fini, on verra mardi, mais le plan de Bordeaux, avec la réserve de la DNCG… Et je me mets aussi à la place des supporters toulousains… ».