Philippe Poutou : “Combien de clubs sont descendus ou ont complètement disparu, et alors ? Ca fait partie de la vie. Il y a des usines qui ferment et on n’en fait pas scandale”

Lors du conseil de Bordeaux Métropole, Philippe Poutou s’est opposé à l’étalement des loyers du stade Matmut Atlantique pour les Girondins de Bordeaux, afin de favoriser la reprise de Gérard Lopez.
« On vote contre. Et on trouve que tout le discours autour du sauvetage du club est abusé. Les mots utilisés, la dramatisation de la situation, le mot catastrophe… Surtout qu’en plus, il n’y a plus aucune critique, c’est la crise du Covid qui rend difficile la situation, King Street n’y est pas pour grand-chose, on oublie tout ce qui est scandaleux dans cette histoire, y compris à propos du stade. Comme ça, ça permet de ne pas régler des comptes avec le mandat précédent, on passe dessus. Et grande unanimité ‘il faut sauver le club’. Ce sont aussi des grands mots sur la nouvelle gouvernance, que dalle ! C’est du pipeau ! Le repreneur, c’est exactement le même modèle. On ne change pas de modèle ! Et il y a plein de problèmes à Lille, signalement au parquet, etc… Des histoires, il y en a, ce n’est pas fini, et la solution de reprise des Girondins de Bordeaux ne va rien solutionner du tout […] Le repreneur, Gérard Lopez, c’est le même modèle. Il a laissé Lille dans un état inquiétant, bien que Champion de France. Le risque est de repousser un redressement judicaire. Une fois qu’on a dit ça, l’avenir ? Il faut aussi relativiser sur le fait que ce soit dramatique que les Girondins de Bordeaux soient relégués. C’est sûr que c’est mieux quand ils jouent dans l’élite, mais il y a combien de villes en France dont le club n’est pas en première division, et ne se porte pas plus mal ? Combien de clubs sont descendus ou ont complètement disparu, et alors ? Ca fait partie de la vie. Il y a des usines qui ferment et on n’en fait pas scandale. Vous vous rappelez ? Il n’y a plus Ford. Vous vous en remettez visiblement… les Girondins de Bordeaux en quatrième division, on s’en remettrait. Cette relégation n’est pas un drame, on peut l’accepter, et cela peut être l’occasion à ce moment-là de discuter d’une nouvelle gouvernance, ou même de la reconstruction d’un club, sur des bases sociales saines. On pourrait même mettre en place une discussion avec les groupes de supporters, sur la création de la structure d’un club de socios, un genre d’actionnariat populaire, et avec des liens avec l’économie locale. Ca peut être aussi l’occasion de discuter d’un plafonnement salarial, des règles d’égalité de salaires entre chaque joueur, y compris même avec le football féminin… Ce serait plein de choses à remettre à plat et rediscuter. Et c’est aussi la gestion de ce stade… »