Alain Giresse : “Maintenant, on est entré dans un mode de fonctionnement avec des joueurs qui réclament un confort qui va loin…”
Alain Giresse s’est exprimé sur ce qui était à l’origine de l’échec des Bleus sur l’Euro, alors qu’ils sortaient d’une coupe du Monde réussie, à savoir si le confort et l’égo n’étaient pas les raisons de cet échec.
« Il y a une première chose que j’ai du mal à concevoir, c’est que quand on est joueur professionnel et qu’on part sur une phase finale de Coupe du Monde… les deux coupes du Monde que j’ai faite c’était deux mois. Ils sont partis deux mois, un mois de préparation et un mois de compétition. À ce moment-là, ce n’était pas une contrainte, c’était une évidence parce que c’était l’exigence de la compétition que de partir. Je prends l’exemple de mon fils Thibault, qui a été joueur, en 82 quand je suis revenu et que je lui ai tendu les bras, il m’a tourné le dos et n’a pas voulu venir dans mes bras car pendant deux mois, je ne l’avais pas vu. Maintenant, on est entré dans un mode de fonctionnement avec des joueurs qui réclament un confort qui va loin… La venue des familles, bien sûr que c’est toujours agréable mais malheureusement, il y a quelque chose d’important […] On ne se prépare pas en fonction des autres. Je suis là pour quoi ? Moi, je veux gagner le titre. Il y a aussi une différence très importante entre 2018 et maintenant c’est qu’en 2018 c’était une équipe de France qui arrivait sur la pointe des pieds, on faisait peut-être partie des favoris mais dans un ensemble, et là, on est champion du Monde. Le statut des joueurs a changé. Ce n’est pas la même chose. Là, on apprend que Didier compose avec eux la tactique alors qu’en 2018, il l’imposait. Le statut individuel des joueurs a changé mais l’entraineur va raisonner différemment. Je suis sélectionneur et quand les joueurs comprennent ça, on va accepter la responsabilité qu’ils ont de devenir des joueurs conscients qu’ils sont champions du Monde, qu’ils ont un statut et qu’ils sont capables de l’affirmer sur le terrain. À mon époque, il y avait des matches avant que Michel Hidalgo intervienne, on intervenait nous-même à l’intérieur pour recadrer des positionnements ».