Matthieu Chalmé : “Aujourd’hui, on leur donne les contrats pros… J’ai été chercher mon contrat pro, j’ai été dans le dur, j’ai pointé au chômage. Mais ça m’a donné une force, une envie, décuplées”

    Matthieu Chalmé estime qu’aujourd’hui, on donne les contrats professionnels un peu trop facilement, et que les joueurs ne vont plus vraiment les chercher, comme ce fut le cas à son époque.

    « Je remonte à mon époque, on n’avait pas d’agents. Aujourd’hui, l’entourage fait beaucoup de mal aux joueurs, même s’il ne faut pas généraliser et qu’il y a des gens bien, de bons agents. Mais il y en a qui trainent autour des joueurs qui font plus de mal que de bien, ils les perturbent. Nous, il faut qu’on prenne le temps avec les joueurs. Aujourd’hui, dire quel joueur à 15 ans va réussir une carrière professionnelle, ce serait lui mentir. Ce n’est pas vrai. C’est impossible. Il peut se passer tellement de choses en 3-4 ans, que c’est impossible. Maintenant, l’entourage fait qu’il va monter le bourrichon au joueur : ‘ne t’inquiète pas, s’ils ne te font pas signer pro ici, moi je vais t’avoir un contrat pro ailleurs’. Les ¾ du temps, c’est faux, et le joueur est perturbé, il devient moins performant au quotidien. Là est toute la difficulté de l’entraineur et du directeur du centre de rattraper les joueurs. La difficulté partout en France est de dire au joueur qu’il doit être patient, qu’il doit travailler. Aujourd’hui, on leur donne les contrats pros… C’est toute la difficulté, ils ne vont plus les chercher ! Il faudrait revenir à un système où ils devraient aller chercher le contrat pro. Aujourd’hui, on fait signer des gamins à 16 ans parce qu’on a peur de les perdre. Je suis le meilleur exemple, je n’ai pas signé pro aux Girondins à 20 ans. Je m’étais entrainé tout le temps avec les professionnels pendant pratiquement 3 ans. Je suis parti et finalement ça a été un déclic parce que j’ai voulu prouver à ces personnes qu’elles s’étaient trompées sur moi. Oui c’est rare, mais il y en a de plus en plus qui le font. J’ai été chercher mon contrat pro, j’ai été dans le dur, j’ai pointé au chômage. Mais ça m’a donné une force, une envie, décuplées. Les jeunes perdent ça parce qu’on leur donne trop facilement le contrat pro. Si on veut retrouver certaines valeurs, certaines vertus, il faut que les joueurs aillent chercher le contrat pro, comme nous on allait le chercher ».