Philippe Poutou (Bordeaux en Luttes) : “Pas de doute, cet homme est un affairiste, style baratineur et cynique”

    Comme lors de ses derniers mots sur le sujet du rachat des Girondins de Bordeaux, Philippe Poutou, via son parti Bordeaux en Luttes, a publié sur les réseaux sociaux un nouveau texte assassin. Le futur candidat a la Présidentielle est resté dans son rôle, celui de la critique d’un modèle qui va à l’encontre de ses principes de toujours.

    “Le possible repreneur des Girondins a passé son grand oral devant le conseil métropole.
    À huis-clos mais rien de confidentiel.
    Pas de doute, cet homme est un affairiste, style baratineur et cynique.
    Pour lui le foot, comme pour d’autres la santé ou la culture, c’est le moyen de se faire de l’argent à moindre frais. D’où l’enrichissement rapide (parfois car ça ne marche pas toujours) mais un enrichissement au détriment des structures (des clubs par exemple) car l’argent ne s’invente pas, il se prend quelque part.
    Car chez ces gens-là on ne fait pas de sentiment, c’est vrai, c’est quelque part assez franc. Il y a trop de charges sur les salaires en France (il parle des cotisations sociales et donc du système solidaire de sécurité sociale), des joueurs sont trop payés par rapport à leur valeur réelle qu’il faut se débarrasser et donc vendre, il parle de recrutement (de chasse ?) de tout jeunes joueurs quasi gratuits (en Afrique) pour les former et les revendre après.
    Voilà donc le nouveau modèle qu’on nous vante. Peu importe les valeurs du sport, les valeurs humaines, rien à faire d’un sport populaire, accessible à tous, sauf à attirer des consommateurs de merchandisings. Le repreneur est seulement un des nombreux rapaces, concurrent de tant d’autres.
    Alors bien sûr comme tous les affairistes, il a des casseroles, il laisse quelques « affaires » derrière lui. Comme à Lille avec une enquête judiciaire sur les mouvements d’argent suspects. Il laisse des dettes, des déficits, des trous… Mais comme un politicien corrompu pris en défaut, il nie et traite de menteurs les médias ou ceux qui le critiquent, cela sans gêne, sans scrupule, sans rien prouver évidemment. Le temps passera dessus, il y a tant de scandales, de triches.
    Parce que ces gens-là risquent quoi en vrai. Ils viennent, prennent l’argent qu’ils peuvent et repartent. Qui leur demande des comptes ? Qui s’attaque à eux pour exiger remboursements ou indemnisations ? On le voit pour King-Street qui veut tant s’en aller tranquillement. On l’a vu pour les repreneurs de la fonderie de Fumel, celle de GM&S, pour celles du Poitou. On l’a vu pour le repreneur HZ de l’usine Ford en 2010 puis pour la multinationale Ford carrément. Ça prend l’argent et ça s’en va.
    Car c’est à peu de chose prêt le même système économique et les mêmes logiques financières, c’est le capitalisme ravageur. Qui permet à une poignée de s’enrichir au détriment de la collectivité qui joue trop souvent les complices de ces malversations. Et au détriment des populations qui elles subissent les contre-coups du parasitisme des possédants.
    Le fait est que l’ambiance au sein du conseil n’était pas à l’euphorie. Une sorte de malaise quand même devant une personne qui vient vendre son truc, si peu rassurant en fait, si proche de King-Street. Alors quand un-e élu-e s’inquiète de la garantie pour le stade, parle de foot amateur ou d’équipe féminine, il n’est pas bégueule, il est pour, tout le temps. Il ne faut surtout pas froisser les futurs votants de la délibération qui valideraient la reprise.
    Mais au final, il le sait, argument suprême, s’il ne reprend pas, alors que devient le club, il chute, il s’écroule ? Pas d’autres solutions ? Et alors il faudrait soutenir encore une fois des repreneurs margoulins ? Juste pour sauver le club ou la face des élus ?”