Antoine Gobin : « Ce n’est pas un projet de dire ‘on sera européens tous les ans’. Il faut un discours honnête par rapport aux investisseurs »
Antoine Gobin, passé par les Girondins de Bordeaux en tant qu’associé du fonds new-yorkais GACP, s’est remémoré comment le club au scapulaire avait été racheté à M6.
« Il y avait un fonds qui était un peu la tête du projet, ceux qui avaient une idée en tête, une thèse, qui sont allés la présenter à tout le monde, aux Etats-Unis, en Angleterre, à travers le monde : ‘voici ce qu’on aimerait faire dans le foot européen’. GACP est l’opérateur. Ceux qui leur ont donné l’argent ce sont King Street, qui est devenu actionnaire majoritaire, et Fortress qui leur ont donné de la dette. GACP a mis de l’argent, mais par rapport au reste, c’était très peu. Fortress leur a prêté de l’argent, et King Street met ses propres fonds ».
Toujours sur le sujet des fonds d’investissement, celui qui est devenu le plus jeune Président d’un club européen à Waasland-Beveren, a tenté d’expliquer pourquoi ces fonds venaient en France.
« La France a été Championne du Monde récemment, ensuite c’est le plus gros vivier de talents au monde (Paris, surtout), et la LFP a été très active et proche aux Etats-Unis des différents fonds pour les faire venir. Les fonds vont énormément en Angleterre, en Allemagne c’est impossible… La France est plus attractive car une grosse majorité des clubs français sont à vendre. En Italie, il y en a beaucoup aussi […] En rachetant un club de football, beaucoup d’investisseurs font l’erreur dans leur plan de ne pas dire ‘dans les premières années, on est prêts à perdre X millions par an’. Ils se disent qu’ils vont tout changer, ‘on va être européens tous les ans’. Non… Ce n’est pas un projet de dire ‘on sera européens tous les ans’. Il faut un discours honnête par rapport aux investisseurs. Les opérateurs qui vont faire des levées pour chercher telle ou telle somme d’argent auprès de telle ou telle banque… Il y a de plus en plus de banques investies dans le foot ou le sport, mais il y en a beaucoup qui ne savent pas, qui ne connaissent pas les risques. Ce n’est pas parce qu’on a le 7ème budget de Ligue 1 qu’on sera 7ème, non… C’est très facile d’avoir le 7ème budget de Ligue 1 et d’être relégué. Ce n’est pas ‘si on met Y, on reçoit Y’ ».
Avec l’arrivée massive de ces fonds, les supporters ont-ils du souci à se faire ?
« Il y a fonds, et fonds. En un an, ce qu’a fait Red Bird avec Damien Comolli, chapeau. J’espère pour eux que les résultats sportifs pourront suivre parce que ce serait une très belle histoire pour les supporters. Ils auraient très bien pu avoir peur qu’un fonds d’investissement vienne, mais dès le départ ils leur ont donné une chance, plutôt que de leur dire non… Si les deux solutions c’est d’être en faillite ou en N3, ou d’être repris, je crois qu’il faut au moins avoir un peu de respect pour toute personne qui a le courage de reprendre ».