[Paroles de supporters #39] Protin : “Je ne me suis jamais mis à genoux dans un stade mais ce jour-là, sur le côté gauche du Virage Sud à Lescure, je l’ai fait”

Aujourd’hui dans “Paroles de supporters épisode 39”, nous sommes avec Protin Nalké alias ScouserandBx, supporter des Girondins de Bordeaux sur La Tribune des Girondins mais aussi sur Twitter.
Bonjour Protin 🙂 !
Peux-tu te présenter auprès des supporters en quelques mots ?
Bonjour à tous, je m’appelle Protin Nalké, j’ai 37 ans, natif de Bordeaux et vivant toujours dans l’agglomération bordelaise. Je suis actuellement en reconversion professionnelle pour devenir gestionnaire comptable et fiscal après avoir été professeur d’anglais pendant douze ans.
D’où supportes-tu les Girondins et depuis quand ?
Comme je l’ai dit, je suis natif de
Bordeaux mais je n’ai pas supporté Bordeaux tout de suite… J’ai
fait une infidélité pendant quelques années dans ma jeunesse avec
un club que je ne citerai pas…
Un peu comme nos
petits qui ont supporté le Barça de Lionel Messi ou le Real de
Cristiano Ronaldo, j’ai fait pareil avec ce club qui regorgeait de
grands joueurs. La prise de conscience a eu lieu un certain
19 mars 1996…

Qui t’a donné cette passion pour les Marines et Blancs ?
A vrai dire, mon père me parlait souvent du Bordeaux des années 1980 avec les joueurs qui étaient en Équipe de France : Alain Giresse, Jean Tigana, Patrick Battiston. La greffe n’a pourtant pas pris alors que j’avais la cassette vidéo de la finale de la Coupe de France 1987 contre Marseille. Mon père aimait beaucoup les Girondins mais je dois avouer que j’ai fait le cheminement tout seul jusqu’à ce magnifique Bordeaux – Milan AC du 19 mars 1996 qui a fini par me convaincre qu’il fallait enfin se ranger derrière les Girondins.
Est-ce que tu regardes les matchs en famille ? Entre amis ? En solo ?
Plus jeune, je les regardais et les
écoutais avec mon petit frère qui pleurait presque à chaque
défaite des Girondins, ce qui m’énervait prodigieusement
Aujourd’hui,
c’est avec mon fils que je suis les matchs des Girondins.
Est-ce que tu viens souvent au stade ? Si oui es-tu abonné dans un groupe ou via le club ?
Quand j’étais adolescent et jeune étudiant, j’allais voir près d’une dizaine de matchs par an. En tant qu’adulte, avant les restrictions sanitaires, je venais a minima 4 à 5 fois par an et je ne suis pas abonné aux Girondins.
Si tu ne vas pas au stade, comment fais-tu pour suivre les Girondins ?
J’écoute les matchs sur Gold FM ou je les suis via les écrans.
As-tu déjà fait des déplacements ? Si oui lesquels ? Et tes prochains envisagés ?
Oui, j’ai eu la chance d’assister à
deux finales de Coupe de la Ligue en 2002 et en
2007, deux souvenirs exceptionnels surtout celle de 2007
ou 38000 bordelais avaient fait le déplacement et
ils ont mis une raclée aux supporters lyonnais en terme d’ambiance.
Quant à l’épilogue, on le connait tous, n’est-ce pas ?
Ensuite, le seul
déplacement que j’ai fait en Ligue 1 est un déplacement au
Stade de la Mosson à Montpellier en décembre 2009,
un match que Bordeaux avait gagné 1-0 grâce à
Jussiê. Ce fut un déplacement épique car j’étais
venu seul par mes propres moyens. J’avais dû cacher mon
écharpe des Girondins dans l’interminable trajet menant à la
Mosson dans un tramway bondé et quel ne fut pas l’effroi
des responsables de la sécurité du Stade de la Mosson quand ils ont
appris que j’étais venu seul !!! Ils m’ont exfiltré auprès
d’une douzaine de CRS qui m’ont escorté avec un autre couple de
supporters… Surréaliste
Tant que les
restrictions sanitaires ne seront pas levées, il me sera difficile
de penser à un prochain déplacement. J’ai oublié de dire que
j’avais fait un déplacement à Nantes en janvier
2018 alors que les supporters Bordelais avaient été
interdits de déplacement par le préfet de Loire-Atlantique ! Là
aussi, il a fallu ruser et cacher à nouveau mon écharpe puisque ce
même préfet avait ordonné qu’aucun Bordelais ne s’affiche aux
couleurs des Girondins et je me suis retrouvé entouré de Nantais!
Autant dire que lorsque Nicolas de Préville a ouvert le
score, je n’ai pas pu faire autrement que d’exploser de
joie en oubliant que j’étais tout seul mais rassurez-vous,
aucun mal ne m’a été fait
Ce fut un réel
soulagement de les voir gagner 1-0 à La Beaujoire car le contexte
était très lourd, Jocelyn Gourvennec venant d’être
licencié. En fait, quand je me déplace seul pour voir les
Girondins, c’est toujours une aventure particulière

Quels sont tes meilleurs souvenirs depuis que tu supportes le FCGB ?
J’en ai plusieurs mais je vais
essayer d’être synthétique : je commencerai par Bordeaux –
Milan le 19 mars 1996 que j’ai suivi à la radio sur
Wit FM car j’ai pu prendre conscience, du haut de
mes onze ans, de la performance XXL des Girondins
et sentir l’ambiance comme je l’ai sentie est quelque chose qui est
resté gravé dans ma mémoire. Les titres de champions de
France 1999 et 2009 sont également de magnifiques
souvenirs. D’ailleurs, le titre de 1999 a un côté sentimental plus
prononcé car quand on est adolescent, on vit les choses de manière
plus intense. Fait atypique : c’est une saison où je peux
quasiment donner les scores et les buteurs par cœur
On appelle ça de
la folie mais je le vis bien! La finale de la Coupe de la Ligue
2007 contre Lyon est également un superbe souvenir car le match, à
défaut d’être plaisant, retranscrivait la tension que l’on sentait
autour du Stade de France, j’ai rarement vécu une
telle chose. L’Olympique Lyonnais était le grand de France et on
appréhendait une démonstration de leur part mais c’était sans
compter la maestria tactique de Ricardo. Une chose me frappe
toujours lors de ce match, c’est l’entrée de Florian
Marange à la mi-temps qui a mis en échec toutes les velléités de
Sidney Govou qui avait fait tout ce qu’il voulait en
première mi-temps mais qui est tombé sur le mur monté par Florian.
Et enfin, je parlerais du match retour des barrages de
Ligue Europa en août 2012 Bordeaux-Etoile Rouge de
Belgrade, un match complètement fou! Les Serbes qui
ouvrent le score avant la mi-temps, Yoan Gouffran
qui égalise peu après la mi-temps, Nicolas
Maurice-Belay qui est expulsé après l’heure de jeu,
Jussiê qui donne l’avantage à moins de 20 minutes
de la fin du match alors que nous sommes à dix, les Serbes qui
marquent par leur capitaine à la 89eme, Bordeaux est éliminé à ce
moment-là et enfin, Ludovic Obraniak qui est
fauché par le gardien serbe dans la surface à la 90eme… Je
ne me suis jamais mis à genoux dans un stade mais ce jour-là, sur
le côté gauche du Virage Sud à Lescure, je l’ai fait
Quelle explosion
et quelle libération lorsque Yoan Gouffran a donné
la victoire sur ce pénalty, c’était incroyable !
Comment tu t’informes sur les girondins ? Par quels supports ?
Je m’informe essentiellement par Girondins4Ever et les réseaux sociaux tels qu’Instagram et Twitter. Cela fuse parfois dans tous les sens et aussi avec déraison mais ce sont des supports incontournables. Quand ils sont utilisés à juste titre, obtenir une information par ce biais est assez agréable.
As-tu déjà fait des choses en lien avec les Girondins sur les réseaux sociaux ? (Emissions, chroniqueur, intervenant, invité, pages, groupes, vidéos…)
Oui, en effet, je suis un des administrateurs de la Tribune des Girondins (anciennement Tribune Gold) sur Facebook et je participe activement au Noyau Dur qui est un groupe de discussion des supporters des Girondins sur Messenger.
As-tu rencontré d’autres supporters au stade ou en dehors, grâce à tous ces lieux de partage ?
Oui, généralement, c’est la première plateforme qui nous permet de faire le lien pour mieux se retrouver au stade et c’est toujours une grande joie de pouvoir poser un visage sur des noms avec lesquels nous avons l’habitude de communiquer.
Si tu devais faire ton onze type des joueurs girondins ?
Je vais faire comme Julien Bée, je vais faire le onze de joueurs que j’ai vu jouer :
Ramé – Mariano, Afanou, Planus, Bonnissel – L. Diabaté, Fernando, Gourcuff, Benarbia – Pauleta, Wiltord
Ton joueur que tu as adoré ?
Cette question est terrible
Je n’ai pas
vraiment adoré de joueurs vu que je ne voue pas de culte aux
joueurs de football mais j’ai beaucoup aimé Yoann
Gourcuff et j’ai même eu l’occasion de le rencontrer car
mon job d’été au début de la saison 2008-09 était agent
d’entretien dans l’hôtel où les nouveaux joueurs des Girondins
étaient et j’ai eu l’occasion de m’occuper de sa chambre.
L’objet de la question n’étant pas de parler de l’état de sa
chambre
, tout ce que je
peux dire, c’est qu’il était aussi libre et talentueux sur le
terrain que réservé et d’une extrême politesse dans la vie.
Ses coups d’éclat contre Toulouse et Paris à
Lescure, son précieux doublé à Rennes et l’ensemble de sa
saison vont rester longtemps dans l’esprit de ceux qui ont eu la
chance de le voir jouer, y compris moi.
Ton joueur que tu aimerais oublier ?
Sans hésitation, Moussa
Maazou ! Ce n’est pas possible qu’un joueur comme celui-ci
ait pu jouer à Bordeaux, il s’est même payé le luxe de réussir à
marquer contre Valenciennes à Lescure… Non, à jeter aux oubliettes,
pardon de l’expression ! Les jeunes bordelais de l’époque
(2010-2011), quand ils jouaient pour s’amuser, disaient que tu
faisais une Maazou lorsque tu ratais un geste élémentaire de
football ou que tu ratais complètement un tir, c’est fort,
n’est-ce pas?
Ton coach préféré ?
Elie Baup car il a
arrêté la disette de 12 ans sans titre majeur, son 4-4-2 était une
référence en 1999 et en 2000 et c’est un entraîneur qui
était très proche du public bordelais. Il avait toujours
le mot pour rire, je me souviens avoir beaucoup ri lorsque je lui
avais rapporté que j’avais vu l’émission où il était en voiture
avec Isabelle Juppé, l’épouse de l’ancien maire de Bordeaux peu
après le titre de champion et il m’avait dit “eh eh eh,
déconne pas avec ca, c’est la femme du maire !”
La combinaison
entre compétence, résultats et personnalité fait que je choisis
Élie Baup.
Celui que tu n’as pas aimé ?
Willy Sagnol. Si les résultats furent honorables pour un novice, je trouvais ses schémas de jeu assez flous, j’ai trouvé qu’il avait touché le plafond de verre assez vite et puis, je n’ai pas aimé sa fin de parcours avec ses histoires de “conflit d’intérêt” lorsqu’il voulait absolument recruter des joueurs ayant le même agent que lui. Ce n’est pas passé chez moi.
Comment vis-tu cette longue période de disette aux Girondins (sans titre depuis 2013) ? Tu relativises ?
Il y a toujours plus grave qu’une absence de résultats dans la vie donc je relativise assez facilement. Toutefois, ce que je constate, c’est que l’on a tendance à venir se servir des Girondins au lieu de les servir. Depuis le départ de Jean-Louis Triaud et à un degré moindre, de Stéphane Martin, les Girondins ne sont devenus qu’un moyen pour se gausser – je parle des dirigeants – et aucun n’a l’humilité nécessaire pour s’appuyer sur ce qui a fait la force et la renommée du club pour le reconstruire pierre par pierre. J’ai l’impression que tout le monde est au courant que ce sera un travail de longue haleine et qu’il faut accepter d’être en dedans pour travailler plus dur et plus fort à l’exception des dirigeants qui se sont succédés depuis 2013. J’aimerais vraiment que l’on ait des dirigeants conscients de la réalité et de l’environnement et ce, dans la durée.
Demain tu es directeur du recrutement avec un bon portefeuille tu prends quels joueurs en L1? Et à l’étranger ? (on a le droit de rêver hein !)
J’ai déjà fait mon tableau
de joueurs à recruter en L1 et qui ont une fin de contrat en 2022,
2023 et 2024. Je suis persuadé que s’appuyer sur des
joueurs connaissant la L1 est la chose à faire par rapport à la
réalité actuelle de notre club. Par conséquent, ce serait un
recrutement loin d’être clinquant mais cohérent et très terre à
terre. Si je prends deux joueurs par secteur de jeu, ça en fera
donc six et le choix est déjà cornélien
: Hamari
Traoré, le capitaine du Stade Rennais qui a explosé cette
saison après avoir été bon les saisons précédentes,
Jean-Charles Castelletto, le défenseur central du
FC Nantes qui sort d’une belle CAN avec le Cameroun,
Jonathan Clauss, le passeur fou du RC Lens,
Farid Boulaya, le chef d’orchestre du FC Metz doté
d’une précision chirurgicale sur coup franc, Ignatius
Ganago du RC Lens, hyperactif sur le front de l’attaque et
Kalifa Coulibaly du FC Nantes qui pourrait être un
9 de choix tant il est solide sur jambes et loin d’être maladroit.
Voilà ce que je choisirai en fonction de la réalité actuelle du
club, c’est pourquoi je ne regarde pas à l’étranger.
Si Petkovic n’était pas venu, tu aurais voulu quel coach et pourquoi ?
Très bonne question. Je crois que Lucien Favre aurait été un bon choix car c’est un entraîneur qui sait apporter une plus-value à un effectif moyen. Son projet de jeu est plaisant, sa vision du football attiré, c’est pourquoi je l’aurais choisi.
Tes souhaits pour les Girondins ?
Mon souhait est qu’ils se battent jusqu’à la fin sans se rendre sans abdiquer et qu’ils fassent le nécessaire pour ne pas se mettre en difficulté prématurément pendant les matchs. Il faudrait qu’ils se maintiennent même si je crois qu’il est nécessaire de tout raser et de reconstruire pierre par pierre le socle du club car l’identité du club a clairement disparu. Est-ce que le maintien du club en L1 permettra réellement qu’on le reconnaisse en terme d’identité propre à la région? J’en doute.
Chamakh ou Gourcuff ? Gourcuff
Wendel ou Malcom ? Wendel
Ramé ou Carrasso ? Ramé
Planus ou Henrique ? Planus
Smertin ou Costa ? Eduardo Costa
Chalmé ou Mariano ? Mariano
Baup ou Blanc ? Baup
Denilson ou Savio ? Difficile mais Savio car venir du Real, je ne l’aurais jamais imaginé!
Darcheville ou Feindouno ? Feindouno
Laslandes ou Cavenaghi
? Dur, dur… Laslandes, chauvinisme oblige

Fernando ou Diarra ? Fernando
Zidane ou Lizarazu ? Zidane
Lescure ou René Gallice ? Lescure sans hésiter et avec tout le respect que j’ai pour LE nom de René Gallice
Poko ou Maazou
? Poko sans hésiter, Maazou, jamais
Un message pour la communauté des girondins sur les réseaux sociaux ?
Semons le bien sur les
réseaux sociaux, ne cherchons pas notre intérêt personnel
mais soyons justes lorsque nous parlons du club. Parlons avec des
faits, ne cherchons pas le buzz et mobilisons-nous derrière
notre club sans avoir à insulter qui que ce soit. Nous
avons bien du courage de continuer à suivre le club alors ne nous
compliquons la tâche en ayant des comportements desservant le club
et notre statut de supporters. Accrochons-nous autant que
possible et qui sait, la lueur d’espoir apparaîtra.
Belle fin de saison à tous
Merci beaucoup Protin 😉 !