Daniel Riolo : “A Bastia, à Strasbourg, à Bordeaux, à Marseille, les supporters ont été les derniers à rester debout tandis que les dirigeants défilaient et menaçaient l’existence même des clubs”

Dans un édito sur l’expression dans un stade et le rôle du supporter voire de son comportement dans celui-ci, des suites des sifflets envers les joueurs du PSG lors du match face aux Girondins de Bordeaux, a donné son avis. Un édito en réponse à celui de Vincent Duluc dans L’Equipe.
“Qu’on soit d’accord ou pas, l’expression des supporters a existé et existe aussi en Angleterre […] Au PSG, on est sur le chemin de la Premier League et depuis quelques années, le club essaye de transformer le foot en simple spectacle. T’es content tu viens, t’es pas content tu restes chez toi et surtout surtout tu fermes ta gueule. Quand le stade était mort et qu’il a fallu reconstruire une tribune parce que c’est mieux dans le décor d’avoir de l’animation et du bruit, alors on fait revenir le supporter. Mais qu’il proteste, ça non ! Qu’il siffle des joueurs, ça non ! La tribune Auteuil ne doit être qu’un élément du décor c’est ça ? Le dirigeant dirige, l’entraîneur entraîne et le supporter supporte, c’est ça ? J’ai toujours honni cette phrase. Elle nie le petit bout de service public qui existera toujours dans un club tant qu’on ne passera pas en mode franchise US. A Bastia, à Strasbourg, à Bordeaux, à Marseille, dans beaucoup de villes en France, les supporters ont été les derniers à rester debout tandis que les dirigeants défilaient et menaçaient l’existence même des clubs à cause de leur gestion calamiteuse! Chacun sa place tentait de nous expliquer un autre édito la veille. Décidemment, la référence du sport en France est très mal inspirée en ce moment. Quel est le diplôme pour diriger un club ? […] Il y a finalement une divergence fondamentale entre la vision du foot, sa culture, son histoire, exprimée dans cet édito et la mienne. La richesse de Saint-Etienne, de l’OM, c’est aussi celle des tribunes et en aucun cas on peut demander aux gens de se taire. Ces donneurs de leçons bien pensants pourraient nous expliquer tranquillement qu’à Marseille et Bordeaux, face à Eyraud et Longuépée, les supporters ne devaient rien dire? Et il ne s’agit pas de révolution, de violence ou de prise de pouvoir. Il s’agit juste d’un contre-pouvoir, d’un dialogue à maintenir, d’une contestation. Le supporter ne peut pas être juste un consommateur docile. Nier le sentiment d’appartenance, l’attachement culturel qui lie le supporter à son club est une faute majeure”.