Vincent Moscato : « Ils m’ont fait cette cathédrale pourrave à Bordeaux-Lac. Il y a une rue, et elle fait trois mètres de large, tu pourrais y aller en cariole ! »
Vincent Moscato s’est exprimé sur la forte possibilité de descente en Ligue 2 pour les Girondins de Bordeaux au terme de cette saison.
« C’est la vie qui est comme ça… Quand ça part en sucette et qu’il n’y a pas les hommes… Ce sont les hommes qui font la différence. Cela passe par M6 qui s’en sépare, ce fonds de pension qui n’en a rien à secouer et qui a endormi la direction… Quand la direction a vu que ça perdait de l’oseille, hop… Et puis, à Bordeaux, même quand j’y étais, le foot était beaucoup plus puissant, mais ce n’est pas Marseille quand même, pas le PSG non plus… Je sens qu’il y a une passion plus légère, ce n’est plus l’époque de Claude Bez. C’était une place très forte, avec des Giresse, des joueurs costauds. Ça a un peu disparu, ça a perdu de son âme, de son essence, de sa saveur. La concurrence montante… ça a tout le temps été une ville sur deux sports. D’abord les Girondins en premier, puis le rugby. Et là, j’ai l’impression qu’il y a une inversion… Ils ne jouent plus dans leur stade mythique. Je veux bien qu’on fasse des stades extraordinaires, énormes, en banlieue bordelaise, mais bon… L’idéal c’est de jouer au centre. C’est comme si Toulon perdait Mayol, et qu’ils allaient à 20 bornes… Et ça perdrait son âme, ce ne serait plus pareil. Chaban Delmas, ce stade, Lescure, c’était quelque chose de magnifique. C’était la ferveur, c’était au centre, le poumon de la ville. Quand un stade est au milieu de la ville, c’est extraordinaire, magnifique. Ça change tout. Là, ils m’ont fait cette cathédrale pourrave à Bordeaux-Lac. Il y a une rue, et elle fait trois mètres de large, tu pourrais y aller en cariole ! Le mec qui a dessiné la rue, c’est une architecte du moyen-âge ! Il n’y a que des carioles et des ânes qui y passent ! Tu mets huit heures pour sortir de ce stade ! Et tout ça coïncide avec des directions qui n’ont pas été bonnes. Quand tu prends une mauvaise direction, deux… Dix ans de mauvaise direction, les gens se lassent, il n’y a plus de ferveur, et tu descends, c’est tout. C’est triste, il n’y a plus d’oseille, c’est triste […] Bordeaux ne fait plus rêver, ce n’est plus une place forte du foot ».