Loïc Ravenel : “C’est du spéculatif, donc c’est risqué. Vous pouvez gagner beaucoup ou inversement, perdre beaucoup”

Loïc Ravenel, du Centre International d’études du Sport, basé en Suisse, sur France Bleu Gironde, a expliqué pourquoi les fonds d’investissement venaient investir en France, comme ce fut le cas aux Girondins de Bordeaux.
« En fait, c’est un peu la logique de ces fonds d’investissement, c’est d’acheter dans le cadre du football des entités sportives à relativement peu cher, au moment peut-être où elles ont le plus besoin d’argent. Cela peut être lié à la crise du Covid, de Médiapro dans le cadre français, ou même lié à des éléments plus structurels pour le football français en général. Le but est d’essayer, quelques années plus tard, de revendre leurs parts et de faire du bénéfice. Il faut bien voir que c’est du spéculatif, donc c’est risqué. Vous pouvez gagner beaucoup ou inversement, perdre beaucoup […] Si cela met en danger la pérennité de nos clubs ? Ces fonds d’investissement sont spéculatifs, leur problème n’est pas la survie des entreprises qu’ils rachètent, mais celui de faire des bénéfices derrière. Je rappelle juste à titre historique que quelqu’un de très connu dans les années 80, Bernard Tapie, c’était son premier métier : acheter des entreprises en difficulté puis les restructurer, et faire un bénéfice à la revente. Quelqu’un qui a été mis en exergue dans le football français pratiquait déjà cela dans le domaine économique il y a une 30aine d’années ».
Puis le spécialiste donna les différents modèles qui existent.
« Quand on parle d’investisseurs dans le football, il faut bien faire attention de quoi on parle. Il y a les investisseurs traditionnels, ceux qui sont ancrés dans le marché local, régional, voire national, et qui investissent à long terme dans un club (Rennes, Montpellier). Ces investisseurs y vont aussi soit parce que ça leur rapporte de la notoriété, soit ça leur apporte l’aspect plaisir : se faire peur, plaisir, gagner, avoir des émotions. Je rajouterai presque QSI à ce niveau. Il y a effectivement une volonté politique, mais il y a aussi cette idée qu’on rentre dans le club, qu’on s’y met à long terme, avec ses bons et ses mauvais côtés. Ces investisseurs sont classiques, mais ils sont remplacés par d’autres types d’investisseurs. On parle des fonds d’investissement, qu’on appelle parfois fonds vautours, dont l’objectif est de faire absolument du business, peu importe le club : l’idée est de trouver une bonne affaire, puis revendre l’entreprise en espérant faire du bénéfice, ou la lâcher avant d’en perdre trop. Et il ne faut pas oublier un autre type d’investissement dans le football ; les conglomérats, ces entités qui vont acheter pour plusieurs équipes. Ils réalisent des bénéfices dans la vente de joueurs, mais ils veulent aussi valoriser leurs équipes, comme le City Group. On a différentes stratégies en fonction des envies, en fonction des entités économiques, et elles s’appliquent désormais au football français qui avait été ces 15 dernières années relativement épargné par ces investissements internationaux […] Il faut bien voir que le football est un sport mondialisé, on y joue partout dans le monde. Mais si vous regardez le secteur professionnel, son vrai centre reste encore l’Europe, autour de quelques grands championnats. Le reste du monde reste assez dérisoire. A l’inverse, les grandes fortunes, du moins les capitaux, se trouvent au Moyen-Orient, en Asie, aux Etats-Unis. Ils investissent dans des équipes et cela leur permet de participer un peu au jeu, économiquement parlant, mais aussi en termes de relations. On a une mondialisation qui s’effectue à un autre niveau et qui permet de sport global. La France est extrêmement intéressante pour les investisseurs, c’est la suite de ce qui est en place depuis une dizaine d’années en Europe ».