Cédric Carrasso se souvient de ses premiers croisés : “Ce qui est marrant, c’est mon retour à la Commanderie à Marseille, il y en a qui ne m’ont pas reconnu au départ…”

    Sur Colinterview, l’ancien gardien des Girondins de Bordeaux, Cédric Carrasso, est longuement revenu sur ses premiers ligaments croisés, qu’il se fit très jeune. Il expliqua comment il s’en était relevé, pour revenir encore plus fort.

    « C’est un match de gala contre France 98, qu’on joue un jour ou deux après le match contre le Real Madrid en Ligue des Champions… Je sais au moment de la blessure que ça va être compliqué, mais en même temps je suis quelqu’un de très pragmatique. Je bascule très vite en fait. Je suis quelqu’un qui bascule très vite d’un truc à un autre. Je me dis qu’il faut que je prenne ça pour une chance. C’est bizarre comme réaction. Et pourtant j’avais des gros problèmes de poids, je n’étais pas encore sorti totalement de tout ça, et je me suis dit : ‘je coupe’. Je prends cette blessure comme des vacances en fait. Je sais que le foot, une fois que tu es là c’est bien, mais quand tu n’es plus là on t’oublie… Ce qu’il faut comprendre c’est que n’importe quel joueur, une fois que tu es blessé de longue durée, tu as tous les copains qui continuent, le groupe continue, le club continue… C’est pour ça qu’on dit toujours que le club est au-dessus de chaque joueur, et c’est la vérité. Le club reste, les joueurs passent, c’est une réalité. En plus, je n’avais pas non plus un statut énorme à Marseille, j’étais gardien remplaçant, j’étais jeune, les choses avancent… Tu vois les choses passées dans la vie du club, ça se complique, il y a des choses qui se mettent en place, l’arrivée de Barthez, des jeunes, des relations se créent, tout un staff différent… Je suis dans ma rééducation, et on me fait clairement comprendre qu’il faudra voir autre chose. On m’a dit ‘ta rééducation prend du temps, tu n’es pas en forme’. C’est vrai, je n’étais pas physiquement prêt, mais il me restait quatre mois de rééducation, je le savais. Mais j’avais besoin de montrer autre chose. J’avais ce problème de poids, et ce truc de me dire ‘j’ai réussi à être pro à Marseille, y jouer, être reconnu en n’était pas forme’. Je me suis dit ‘si je suis en forme, ça va être comment ?!’. Je voulais voir ce que ça faisait d’être dans la meilleure forme de ma vie. Là, je suis en pleine rééducation, je m’en vais, je demande au club de partir, de pouvoir me rééduquer à Saint-Raphaël. Je rentre un kiné exceptionnel, et on commence le travail de rééducation. Tous les jours. L’après-midi j’allais nager, le soir je faisais attention à tout. Je fais quatre mois comme ça. Dans ces quatre mois, je dois perdre 18 kilos… Rééducation en faisant du sport le matin par rapport au foot, l’après-midi j’allais faire de la natation tous jours… A la fin, j’aurais presque pu faire de la compétition (rires). J’avais encore pris des kilos avant ça, la blessure ne m’avait pas aidé. Et je reviens… Ce qui est marrant, et aujourd’hui ce ne serait plus possible parce qu’on est suivis et encadrés, alors qu’à cette époque-là j’étais livré à moi-même… Ce qui est marrant, c’est mon retour à la Commanderie à Marseille, il y en a qui ne m’ont pas reconnu au départ. Tu le vois dans le regard des gens, wahou. Les mecs se disaient que ce n’était pas possible. Ils demandaient à voir. Ce qui est un peu marrant aussi c’est que j’étais prêt physiquement, je courais comme un milieu de terrain, mais je n’avais pas fait d’entrainement de gardien. Je reprends mes entrainements et au bout de deux jours, j’avais des hématomes partout, mon corps ne supportait plus un choc, c’était une catastrophe (sourire). Le temps de me réhabituer… Ce qui se passe, c’est qu’on arrive en fin de saison, il reste deux ou trois matches, ils font la finale de la Coupe UEFA cette saison-là, et il y a la reprise… J’arrive pleine bourre, et les mecs se rendent compte au bout de trois semaines d’entrainement que je suis largement au-dessus du niveau que j’avais avant. Je suis vraiment bien. A cette époque-là il y a Barthez, un jeune qui s’appelle Gavanon. Ils sont proches, je sens que c’est compliqué… Il y a déjà un groupe en place, on ne sait pas trop quoi faire, mais en même temps on voit très bien que je suis au-dessus du niveau que j’avais avant. Tu vois que les mecs ne savent plus trop quoi me dire, ils ne s’attendaient pas à ça… On commence le championnat en août et l’accord était de faire deux matches en réserve, deux matches sur le banc avec Gavanon. J’étais en reprise, ça m’allait, on refera un point en décembre. Je fais mon premier match en CFA, ça se passe super bien. Mon deuxième match est à Martigues et j’ai Pape Diouf qui vient me voir en me disant que j’avais été incroyable. J’avais une forme de fou, tout me réussissait. Le soir, il y a le match de Marseille, je suis chez moi, et y a un des dirigeants qui dit que le second gardien pour cette saison sera Jérémy Gavanon. Qu’est-ce que je fais… On est le 12 août, je me dis qu’il faut tenter d’aller jouer quelque part, quitte à aller en Ligue 2, un club qui me fera jouer. J’ai des touches à ce moment-là, Angers vient de monter en Ligue 2. On discute, c’est compliqué, le contrat est difficile à prendre, et finalement ça ne se fait pas. On est le 31 août et c’est fini… Je suis à la Commanderie, j’appelle mon agent et je lui dis que je vais voir mon coach, pour lui dire que je joue en CFA jusqu’en décembre. J’étais motivé. Je pose mon téléphone dans mon casier, je mets mes crampons, et j’entends mon téléphone… ça insistait, et je vois que c’est mon agent. Je décroche en douce : ‘je viens d’avoir Noël Le Graët, est-ce que tu veux aller à Guingamp ?’. Bah oui… Il faut signer avant minuit… ».

    Puis il raconta son retour à l’OM, après son passage à Guingamp.

    « Je fais une saison super, à la fin de la saison, Le Graët me dit ‘je veux bien que tu restes’. Marseille ne veut pas une nouvelle fois. L’histoire est simple, Fabien Barthez crache sur un arbitre à l’étranger, il prend six mois de suspension, on arrive en fin de saison, et le début de saison est important pour Marseille parce qu’ils jouent cette fameuse Coupe Intertoto… Ils ont des bons retours sur moi, et on est deux jeunes, pour suppléer Barthez pendant une vingtaine de matches. Marseille nous met en concurrence pour voir… Autant vous dire que je suis arrivé remonté comme une pendule. J’étais prêt. Je pense qu’à cette époque-là, je pouvais faire trois ou quatre heures d’entrainement à bloc. J’étais une machine. Je mets les choses au clair rapidement, on voit très bien que je suis très fort, très sûr de moi, sur mon jeu, ma capacité physique… Sur tout en fait. Je fais tous les matches amicaux. Le commence le championnat, la Coupe Intertoto, la Coupe d’Europe, et je fais 20 matches incroyables. C’est à ce moment-là réellement mon éclosion à Marseille. C’est ce remplacement de Barthez qui me lance et me propulse sur le devant de la scène, où j’ai tout le football au niveau national qui commence à savoir qui est Cédric Carrasso, grâce à ce début de saison-là. Puis, Barthez revient… ».

    Retranscription Girondins4Ever