André Pénalva : “Le plus compliqué ? Leur dire qu’on ne continue pas, c’est vraiment très dur, déchirant…”
Pour Bordeaux Le Mag, André Pénalva, formateur aux Girondins de Bordeaux pendant 18 ans, a été invité à expliquer ce qui était le plus difficile en tant que formateur.
« En fait, il faut tenir compte de l’aspect humain, car les jeunes sont très jeunes, donc il faut déjà être un éducateur-entraineur pour eux, sinon ils passent à travers. Ils viennent de loin, ils habitent loin, donc c’est très difficile. Un deuxième papa ? Il faut faire attention… Il faut avoir un lien affectif avec eux, mais on n’est pas leurs parents. On a ce rôle d’évaluer, donc il faut faire gaffe, et toujours trouver la bonne distance avec eux ».
Mais le plus compliqué reste d’annoncer aux joueurs qu’ils ne sont pas conservés au centre.
« Oui, c’est franchement le plus compliqué… lorsque les jeunes arrivent en fin de saison et qu’il y a une décision à prendre, qu’on doit les convoquer pour leur dire que ce n’est pas bon et que ça ne continue pas, c’est vraiment très dur, déchirant. Il faut être honnête avec eux… Souvent, on essayait d’être à deux, parce que c’est mieux d’être à deux avec un jeune. On n’avait pas les parents qui étaient sur place parce qu’ils habitaient loin. Le but était de leur dire les choses telles qu’elles étaient, tout n’étant pas trop dur et cassant ».
C’est, souvent, un travail qui est fait en amont pour que l’annonce ne soit pas trop brutale.
« Les réunions avaient lieu plutôt vers le mois d’avril. Maintenant, le jeune qui était en difficulté durant la saison, on commençait un peu à le préparer, parce qu’il ne fallait pas que d’un coup il s’écroule en apprenant la mauvaise nouvelle. Donc on le préparait, mais en fait les jeunes n’y croient pas jusqu’au moment où on leur dit vraiment. C’est brutal. Le sport de haut niveau, c’est brutal de toute façon […] Après l’annonce ? Il y en a qui s’effondraient, et qui n’arrivaient plus trop à s’entrainer, donc il fallait les aider. Et il y en a, au contraire, qui se reboostaient, à vouloir partir ailleurs, avec l’ambition de réussir ailleurs ».