Romain Molina : “Le Club se félicite, dit que tout va bien. Mais s’il n’y a pas de montée en Ligue 1, attention…”
Romain Molina, journaliste, auteur, essayiste et conférencier, est revenu sur les résultats financiers de la saison 2021-2022, notamment pour les Girondins de Bordeaux. Il prit le soin de ne pas égratigner Gérard Lopez.
« C’est sidérant. On se rappelle que la DNCG avait quand même refusé que Bordeaux soit en Ligue 2 l’an passé. Finalement, ils avaient été repêchés en appel, avec un avis favorable du Comité Olympique français (CNOSF). Je me rappelle qu’il y avait eu une polémique, comme quoi Bordeaux avait été victime d’un complot avec Gérard Lopez, etc… Encore une fois, ce n’est pas Gérard Lopez qui est le seul responsable de cette situation. Déjà, ça n’allait pas bien avec M6, puis le rachat de Bordeaux a été abominable, et n’aurait jamais dû être validé par la DNCG. Lopez a hérité d’une situation scabreuse, donc on ne peut pas l’enfoncer là-dessus. On voit quand même les pertes : 53 millions d’euros. Et encore, grâce aux transferts, car sans c’était 73 millions d’euros. Ce qui est très flippant, c’est la situation nette, -59 millions d’euros. Il y a deux clubs en Ligue 1 qui ont une situation nette négative : Bordeaux et Lille. Bizarrement, ils ont un point en commun. Jusqu’à quand ça va durer ? Parce qu’à un moment donné, il va falloir rajouter de l’argent cash ».
Puis Romain Molina fit allusion au communiqué du club qui expliquait qu’il y aurait un excédent financier à venir à la fin de la saison actuelle.
« Le Club se félicite, dit que tout va bien. Mais s’il n’y a pas de montée en Ligue 1, attention… Et c’est absolument terrible parce que les fans vivent une saison, je pense, palpitante en Ligue 2. Bravo à eux d’ailleurs pour leur fidélité, que ce soit à domicile comme en déplacement. Mais bon, j’ai quand même un peu peur financièrement parce qu’à un moment donné, il va falloir les repayer quand même. Et on ne peut pas avoir autant de pertes… Et cette année, on va voir combien le club va perdre, même si c’est vrai que ça a assaini sur certains points. Je ne vais pas tailler sur le chiffre surprenant des ‘autres charges’, 53 millions, ce qui est quand même colossal. C’est plus que les recettes du club. Souvent, ‘autres charges’, c’est l’opacité, on ne sait pas ce qu’il y a dedans. Là, pour Bordeaux, c’est notamment les résiliations de contrat, comme Koscielny etc. C’est pour ça que le chiffre est aussi élevé, il ne faut pas toujours voir des choses négatives. Néanmoins, le bilan de Bordeaux est très préoccupant ».
Puis, il fit un rapprochement avec le LOSC, expliquant de manière globale ce qui se passaient dans les clubs français.
« C’est très préoccupant aussi, puisqu’ils perdent 37 millions avant transferts, et finalement ils font un bénéfice de 22 millions d’euros. On remarque qu’ils ont amélioré leur situation nette, mais si c’est encore à -41M€. Mais Lille va du bon côté. Sauf que vous allez vous dire que Bordeaux avant transferts c’est 73M€, Lille -37M€, Monaco -145M€ avant transferts, etc etc… Quand tu vois ces chiffres, cela donne le vertige. En France, on ne fait pas un club pour être le meilleur, on fait un club pour vendre tes meilleurs joueurs. Economiquement, tu es obligé car le train de vie des clubs, et notamment les masses salariales, sont disproportionnées par rapport au budget total […] Tous les clubs sont en déficit structurel. C’est le modèle des clubs, le trading poussé à outrance ».