Pierre Espanol : “Des gens qui arrivent du fin fond du Portugal se permettent de dire qu’à Bordeaux c’est le Club Med… J’ai trouvé ça honteux…”

    (Photo by Pierre Costabadie/Icon Sport)

    Pour Radio Campus Bordeaux, Pierre Espanol, ancien formateur aux Girondins de Bordeaux, a réagi à la désignation du Club au Scapulaire il y a quelques années comme le Club Med, mots notamment sortis par Paulo Sousa.

    « Non. C’est faux. C’est un peu marrant ça… Quand il y a eu le changement de direction à Bordeaux, je m’en rappelle, c’était Monsieur Jean-Louis Triaud qui est parti – et je pense que c’est le moment où tout a changé à Bordeaux, j’ai énormément d’estime pour ce monsieur – c’est là qu’on a changé un petit peu. Il y a un entraineur portugais qui est arrivé, qui s’appelait Paulo Sousa, et qui a dit dans la presse – d’ailleurs je ne le connaissais pas, je ne l’ai croisé qu’une fois – ‘je vais changer les mentalités, je vais changer l’état d’esprit, je vais mettre l’état d’esprit de la gagne en place’. Je me disais que ce n’était pas possible de dire quelque chose comme ça… Moi, quand je suis arrivé aux Girondins de Bordeaux en 2008, Club Med ou pas, ils ont été Champions de France, ils ont gagné des Coupes de la Ligue, Coupe de France… ça n’a jamais été le Club Med. Ce n’était pas du tout respectueux. Surtout qu’il avait dit, en plus, qu’on allait reprendre les choses parce que le travail n’était pas bon…

    Il ne manque pas de souligner que malgré le “travail qui n’était tellement pas bon”, deux joueurs sont sortis du center et brillent aujourd’hui en Liga:

    Le travail n’était tellement pas bon que les deux premiers joueurs qu’il a vendus, ils jouent aujourd’hui à Barcelone et au Real de Madrid. Ce genre de commentaire, on pourrait s’abstenir de le faire… Si tous les Clubs Med forment des joueurs comme ça, je souhaite à tous les clubs d’être des Clubs Med, et avec six tridents… Autant, la formation, c’est un dur métier. Quand vous prenez un gamin qui rentre aujourd’hui en préformation, il peut passer sept ans dans votre club, et qu’on lui dise qu’il n’a pas le niveau pour être en équipe professionnelle, et qu’il va donc devoir aller ailleurs… ça, ce n’est pas facile de le dire à un gamin. Donc déjà, ça, ce n’est pas le Club Med. Et puis, quand vous arrivez à sortir des joueurs comme Jules (Koundé) et Aurélien (Tchouaméni), pour ne citer qu’eux… Il y a Zaydou (Youssouf) qui est de la même génération et qui est un très bon joueur, même s’il n’a pas la même destinée aujourd’hui. Aujourd’hui, il y a Yoann Barbet et Vital Nsimba en équipe première… Il y a Jonathan Gradit qui joue à Lens. Vous prenez ces trois joueurs, qui en plus d’être des bons joueurs et qui ont été formés à Bordeaux… Je disais souvent à Matthieu Chalmé ‘comment des gens qui arrivent du fin fond du Portugal se permettent de dire qu’à Bordeaux c’est le Club Med… ».

    Bordeaux a toujours réussi à sortir des joueurs de sa formation.

    « A Bordeaux, pendant des générations, il y a des joueurs qui sont sortis du centre de formation, qui ont été bons. Il y a des joueurs qui ont joué en équipe première à Bordeaux pendant longtemps, avec un des plus grands joueurs français Alain Giresse… Je trouve que cette appellation, et cette facilité qu’ont eu les gens, avec aucun discernement, de dire qu’à Bordeaux… Et je peux en parler, je ne suis pas bordelais, je suis toulousain. J’ai trouvé ça honteux… J’ai côtoyé Jean-Luc (Dogon), Jean-Jacques (Gresser), Marius (Trésor), Philippe (Lucas) qui était joueur à Bordeaux, qui a joué longtemps à Bordeaux, qui a été un très bon éducateur à Bordeaux, qui a était très rigide dans son travail, qui préparait bien ses séances, ses équipes… Dire que le Club Med, non, je trouve que c’est très facile, très léger ».

    Retranscription Girondins4Ever

    (Photo by Pierre Costabadie/Icon Sport)