Gernot Rohr : « Aimé Jacquet avait l’habitude de me demander ce genre de travail. Je savais me sacrifier, et j’avais une rigueur d’un défenseur germanique… »

    Sur France Bleu GirondeGernot Rohr s’est remémoré la demi-finale de Coupe d’Europe à laquelle il a participé avec les Girondins de Bordeaux en 1945, face à la Juventus. Il revint sur le match retour du 24 avril 85 (2-0).

    « On est partis de de Belin-Beliet, pour 45 minutes de route, avec un silence total dans le bus. Il y avait de la concentration, de la motivation, et on voulait tous faire l’exploit. Il y a eu ensuite cette entrée sur le terrain, on rentrait à l’époque par le Virage Sud, et on sortait derrière le but. Il y avait un monde, une ambiance extraordinaire. Ensuite, Aimé Jacquet m’avait demandé de faire un marquage individuel sur Platini, et de le faire le mieux possible. Le match aller perdu 3-0, avec quand même un arbitrage en notre défaveur, qui nous avait désavantagé. On avait alors une grosse envie de gagner ce match retour, et de faire pourquoi pas l’exploit, même si ça pouvait être difficile ».

    Ce marquage en individuel sur Michel Platini, c’était un peu une spécialité de Gernot Rohr.

    « Aimé Jacquet avait l’habitude de me demander ce genre de travail et pour ce job je m’étais préparé en regardant quelques vidéos de mon adversaire, même si tout le monde le connaissait déjà… Il ne fallait pas le laisser prendre le ballon, et le serrer au marquage. A l’époque, c’était assez répandu de faire un marquage individuel, contre un adversaire très fort, alors qu’aujourd’hui ça ne se fait plus du tout. J’avais fait ça sur plein de joueurs… Je savais me sacrifier pour un groupe, et j’avais une rigueur d’un défenseur germanique… C’est pour cela qu’Aimé Jacquet m’a demandé de faire ce travail. A l’aller, on ne l’avait pas fait, et Platini était à l’origine au moins de deux buts. Au retour, on l’a fait, et ça allait beaucoup mieux pour nous… […] René (Girard) était content de ne pas avoir à faire ce marquage, parce que lui aussi a déjà fait ce genre de travail, et comme ils étaient copains en Equipe de France… Mais Platini était habitué à ce traitement en Italie. On a essayé de respecter les limites, mais quand même de montrer notre mécontentement par rapport au match aller, où on s’était fait un peu avoir par l’arbitre […] Je n’ai jamais blessé personne. J’ai une réputation de joueur dur, mais quand même en respectant le fair-play. Je n’ai été expulsé qu’une seule fois dans ma carrière de 17 années de professionnalisme. On doit se battre tout en respectant les lois du jeu et les limites que l’on doit se donner soi-même ».

    Retranscription Girondins4Ever

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