Réaction de la sécurité ajaccienne, enquête, discipline, bilan humain… Les dernières informations après Ajaccio-Bordeaux

    (Photo by Anthony Bibard/FEP/Icon Sport)

    France 3 Corse du Sud et France Bleu RCFM, ont fait un point complet sur les événements qui ont eu lieu hier soir dans les tribunes lors de la rencontre entre Ajaccio et les Girondins de Bordeaux. Pour rappel, alors qu’il existait un arrêté préfectoral, déclenché bien trop tardivement par la Préfecture, 63 supporters bordelais ont réussi sans difficulté à rentrer dans le stade François Coty, afin d’encourager leur équipe. Le Procureur de la République d’Ajaccio, présent au stade, a vu cela comme “une provocation”. La réalité (cf le communiqué des Ultramarines en bas de page) est assurément toute autre.

    Comment sont-ils rentrés ?

    Aucun barrage et aucune barrière de sécurité n’ont été forcés. Les supporters des Girondins ont profité que le stade n’était pas plein pour rentrer par petits groupes, et sans signe distinctif les classifiant comme supporters du FCGB. Ils se sont assis en tribune et ont attendu la 10ème minute pour se regrouper en bas de cette même tribune, et commencer à encourager leur équipe. Alors que les ports et aéroports étaient très surveillés, les supporters des Girondins – ayant payé déplacement, hôtel, places, etc, il faut le rappeler – étaient probablement déjà en Corse. Un membre de la sécurité d’Ajaccio explique :

    “Il a suffi à une partie d’entre eux d’atterrir à Figari et de louer des voitures pour venir s’introduire dans le stade, tels des touristes. Il n’y a qu’une seule route pour accéder au stade. Je ne comprends pas comment les renseignements territoriaux venus de Gironde n’ont pas pu empêcher ces introductions. La catastrophe, et même le drame, ont été évités”.

    C’est leur exfiltration et leur mise en sécurité qui a permis que le match puisse reprendre.

    Le premier adjoint au maire d’Ajaccio réagit

    Le premier adjoint à la mairie d’Ajaccio, Alexandre Farina, a commenté ce qui s’était passé hier soir. “Comment malgré un arrêté préfectoral leur interdisant l’accès au stade, 63 ultras bordelais ont pu arriver à Ajaccio et jusqu’au stade de Timizzolu, y rentrer et s’installer dans une tribune familiale ajaccienne ? C’est encore la faute de l’Orsi Ribelli ? (ironique). C’est une situation inadmissible et intolérable qui nécessitera des réponses claires !”. 

    Ouverture d’une enquête

    Le parquet d’Ajaccio a confirmé aujourd’hui l’ouverture d’une enquête sous le chef de violences aggravées au sein d’une enceinte sportive, qui a été confiée à la sûreté départementale d’Ajaccio. D’ailleurs, le procureur de la République d’Ajaccio, Nicolas Septe, a précisé attendre “d’éventuels dépôts de plainte”. Il faut dire que les images étaient catastrophiques hier, faisant penser à une lapidation publique des supporters des Girondins, se mettant en “formation tortue” pour essuyer le moins de coups possibles des ajacciens. Des projectiles en tout genre également, avec plusieurs canapés, des sièges, une échelle, un poteau…

    Comme le précise RMC, le dossier va être mis en instruction dès mercredi par la commission de discipline de la LFP et Bordeaux risque une fermeture de ses parcages visiteurs pour ses rencontres à l’extérieur.

    Le bilan humain

    Car franchement, c’est tout de même le plus important. Si un drame a été évité, plusieurs médias y vont de leurs chiffres, toujours dramatiques. On parle évidemment de nombreux blessés légers, mais également de huit supporters bordelais blessés, ainsi que cinq stadiers de l’ACA, et même le responsable de la sécurité de l’équipe girondine, qui a tenté de s’interposer. Quatre personnes auraient été évacuées en urgence relative vers le centre hospitalier d’Ajaccio. Enfin, comme il en est coutume, d’autres personnes ont refusé des soins ou le transport médical.

    Le communiqué des Ultramarines

    “En nous rassemblant au stade d’Ajaccio, nous n’avions qu’une volonté : accompagner nos joueurs dans cette rencontre. En France, supporter une équipe de football ne doit pas être un délit.

    Il y a d’abord eu cet arrêté insensé, pondu quarante-huit heures avant la rencontre… Tandis que certains supporters étaient déjà en route ou même arrivés sur place, d’autres s’apprêtaient à partir après avoir engagé de lourds frais.

    Mis sur le fait accompli, nous avions le choix: céder à la peur ou assumer fièrement notre soutien à nos couleurs comme nous l’avions fait par le passé lors de déplacements interdits (Strasbourg, Sochaux…) ou hostiles avec une sécurité minimale (Turquie, Grèce, Kazakhstan…)

    Après avoir accédé tardivement au stade, nous nous sommes rassemblés le plus loin possible du kop ajaccien, comme nous l’avons fait en diverses occasions dans ce genre de contexte. Notre volonté était claire : assister au match et supporter notre équipe, sans créer de vagues.

    Dès lors, nous avons subi les assauts incessants de supporters corses, essuyé des jets de projectiles nourris ayant provoqué des blessures légères. Un déferlement qui a provoqué l’interruption du match ainsi que notre exclusion du stade.

    Nous n’avons agressé ni insulté personne: nous avons pris des coups pour ce que nous sommes : supporters des Girondins, et pour avoir chanté un instant à la gloire de notre club légendaire.

    À travers cette communication, nous n’entendons pas pleurnicher mais plutôt assumer pleinement nos actes et leur donner une dimension politique. Car notre combat va bien plus loin que la passion de notre club.

    Nous ne sommes ni irresponsables comme l’ont été les instances avec cet arrêté absurde et tardif, ni lâches comme ces supporters ajacciens qui, au lieu de se montrer solidaires de ce combat commun, ont tiré une balle dans le pied au mouvement ultra.

    Par ailleurs, nous avons amèrement pris note du communiqué du club, celui-là même que nous étions venus supporter à grands coûts et pour lequel nous avons pris des coups, qui s’est empressé de nous livrer à la vindicte populaire.

    Quant aux supporters qui s’offusquent davantage de la présence d’ultras auprès de l’équipe que de leur prise à partie, nous les laissons à leurs tergiversations et à leur raisonnement simpliste dans lequel l’agressé finit par être responsable de sa propre agression.

    Pour finir, rappelons une évidence: les fermetures de parcages visiteurs mettent en danger les supporters adverses, et aucun arrêté n’empêchera la passion de supporters prêts à tant de sacrifices pour encourager leur équipe”.