Sébastien Louis : “Partir en semaine, prendre des jours de congés, se faire attaquer et voir juste cinq minutes du match, cela demande quand même une sacrée dose d’amour pour les Girondins”

    (Photo by Anthony Bibard/FEP/Icon Sport)

    Sur France Bleu Gironde, dans l’émission 100% GirondinsSébastien Louis, historien et sociologue, spécialiste du supportérisme et des mouvements ultras, auteur du livre « Ultras, les autres protagonistes du football », a décri ce qu’était un supporter Ultra, dans les grandes lignes évidemment, avec en toile de fond le match face à Ajaccio.

    « Un Ultra est avant tout un amoureux, un amoureux de son club, un amoureux du blason. Par amour, il y a des dépassements que l’on voit – comme le saison dernière pour Bordeaux-Rodez – mais là, l’Ultra, par cet amour pour son club, est capable de tout. Ce qui compte pour un Ultra, c’est le calendrier de son club. Il va organiser sa vie par rapport au calendrier de son club, et les déplacements. C’est le plus important parce que chacun peut avoir des dépassements. Un Ultra est aussi quelqu’un qui est un syndicaliste, donc son rôle est de défendre un football populaire. On le sait à Bordeaux, les Ultramarines ont été en première ligne pour défendre le club qui était en train de couler à cause de la gestion catastrophique des anciens propriétaires. En allant à Ajaccio, ils sont également dans ce rôle de contestataire. Les pouvoir publics refusent tout simplement d’assurer une mission qui est très simple, c’est-à-dire d’assurer la sécurité de gens. Le problème c’est tout simplement que si ce parcage avait été autorisé, si on avait mis autour d’une table les responsables des deux groupes bordelais, bien évidemment que ces débordements très graves n‘auraient pas eu lieu ».

    Les deux groupes bordelais que sont les Ultramarines et la North Gate, supporters d’un même club, mais qui ont des différends sur plusieurs sujets.

    « Cet amour fait que chacun a une interprétation très particulière. Vous pouvez prendre un couple, les deux auront une interprétation différente de la manière dont ils voient leur partenaire. C’est la même chose. Les groupes ultras ont tout simplement une interprétation très particulière, pour des fois des raisons qui paraissent limite ridicules, mais tout simplement qui est dû à leur engagement qui est gratuit et passionné. Ils sont prêts à tout pour leur club. Il faut savoir que la plupart des gens qui se sont déplacés à Ajaccio ont dépensé un minimum de 200-250€. Partir en semaine, prendre des jours de congés, se faire attaquer et voir juste cinq minutes du match, cela demande quand même une sacrée dose d’amour pour les Girondins de Bordeaux ».

    Cela peut aussi paradoxalement créer une scission entre le Club et ses supporters, à l’image du communiqué vite publié pendant la rencontre.

    « Je trouve que c’est un communiqué qui est assez malheureux, parce qu’il aurait été intéressant de se renseigner, de savoir qu’il y a quand même eu deux blessés du côté des Ultramarines. On a vu des jets de projectiles qui étaient quand même assez graves. Et en plus, on a inversé les choses, en mettant tout ça sur le dos des bordelais alors que comme à Strasbourg, comme à Sochaux, ça s’est extrêmement bien passé… Les Ultramarines, depuis plusieurs années, revendiquent une politique d’ouverture des parcages. Ils se sont rendus à Sochaux la saison passée, ça s’est extrêmement bien passé. Ils se sont rendus à Strasbourg, ils se sont entendus avec les Ultra Boys 90 qui sont pourtant rivaux, pour faire un contre-parcage et qu’il n’y ait pas de problème dans le stade : et ça s’est extrêmement bien passé. Les supporters corses n’ont pas voulu jouer le jeu du collectif, c’est-à-dire revendiquer une ouverture pour les supporters adverses, et se sont mis dans un état d’esprit très chauvin en attaquant les supporters bordelais ».

    Retranscription Girondins4Ever

    Du lundi au vendredi, sur France Bleu Gironde, retrouvez l’émission 100% Girondins, animée et présentée par Dominique Bourdot à partir de 18h30. Vous pouvez retrouver le podcast de l’émission quelques minutes après la fin de celle-ci : ICI.