Jean-François Brocard : “Jusque-là, l’actionnaire, de manière complètement miraculeuse parfois, a réussi à maintenir le club sur des rails corrects, mais on peut se demander jusqu’à quand”

    Sur France Bleu Gironde, dans l’émission 100% GirondinsJean-François Brocard, économiste du sport et enseignant-chercheur au centre du droit et d’économie du sport de Limoges (CDES), a donné son ressenti sur le report du passage des Girondins de Bordeaux devant la DNCG, qui avaient expliqué il y a deux semaines être “en retard sur son plan d’affaires à mi-saison”. Qu’est-ce que cela signifie ?

    « L’été dernier, le Club a dû montrer encore une fois aux membres de cette commission, comment le club allait faire face à l’ensemble de ses charges cette année, de manière à ce que cette commission soit rassurée sur le fait que les salaires allaient être payés, que le club allait pouvoir se déplacer, que le club allait pouvoir participer à la compétition comme un club lambda. Dans le cadre des mauvais résultats sportifs (de Bordeaux), j’imagine que ça met en difficulté le club parce qu’un certain nombre de revenus, de produits qui avaient été provisionnés, ne sont pas là. Il y a des joueurs qui auraient pu aussi potentiellement être vendus cet hiver s’ils avaient fait un très bon début de saison, ce qui n’est pas le cas. Il y avait peut-être aussi des partenaires qui n’ont pas été convaincus, une billetterie qui est moins élevée que prévue, qu’on avait envisagé que le Président veuille ouvrir le capital à d’autres actionnaires et donc la situation actuelle du club fait moins rêver que l’été dernier…Il y a un certain nombre de prévisions de rentrées d’argent, pour le dire clairement, qui sont moins probables aujourd’hui qu’elles ne l’étaient l’été dernier… Comme il y avait des formes de promesses qui avaient été faites par le club envers la DNCG, aujourd’hui les promesses n’ont pas été tenues. On s’oriente donc vers des discussions un peu compliquées, certainement, effectivement »

    La situation sportive est donc bien prise en compte en ce qui concerne notre club, à la moitié de l’exercice.

    « Si lors de l’été vous prévoyez que votre club va se maintenir et qu’il n’y aura pas forcément d’adéquation entre les résultats sportifs et le projet de rentrée d’argent que vous faites, ce n’est pas un problème… Si vous prévisionnez de finir 12èmes… Rodez n’a jamais promis à la DNCG qu’ils allaient monter, et que donc grâce à cette montée sportive, ils attireraient des actionnaires, etc… On peut penser que Gérard Lopez, avec l’effectif qu’il avait construit cet été, a envisagé très fortement le fait de monter. On ne peut pas vendre à la DNCG qu’on va monter, mais on peut leur vendre que grâce à de bons résultats sportifs, le business sera plus florissant. Encore une fois, c’est un cercle vertueux des plus-values sur cession, de plus de billetterie, de plus de partenariats, des partenaires locaux qui suivent, etc… Là, on sait en plus que cette année, ils ont des charges certainement nouvelles avec les charges de la location du stade qui ont été repoussées… Si cette année cela se rajoute, on peut comprendre que le club soit en difficulté. Jusque-là, l’actionnaire, de manière complètement miraculeuse parfois, a réussi à maintenir le club sur des rails corrects, mais on peut se demander jusqu’à quand ».

    Retranscription Girondins4Ever

    Du lundi au vendredi, sur France Bleu Gironde, retrouvez l’émission 100% Girondins, animée et présentée par Dominique Bourdot à partir de 18h30. Vous pouvez retrouver le podcast de l’émission quelques minutes après la fin de celle-ci : ICI.