Henri Philippe : “Le centre de formation, la difficulté c’est qu’il faut avoir des pépites et les pépites, il faut qu’elles aient joué sinon on ne va pas en tirer beaucoup d’argent”

    (Photo by Daniel Derajinski/Icon Sport)

    Sur France Bleu Gironde, dans l’émission 100% Girondins, Henri Philippe, associé d’Accuracy, société de conseil en finance d’entreprise et auteur de « créer de la valeur dans le football : Comment évaluer les clubs et leurs actifs » aux Editions RB éditeurs, s’est expliqué sur l’actionnaire minoritaire.

    Une entreprise du football, c’est finalement pour un actionnaire minoritaire, comme une entreprise classique. Il y a trois cercles que l’on retrouve dans toutes les entreprises. Le premier c’est le plus simple quand on pense une entreprise. Une entreprise, j’ai envie d’investir dedans. Pourquoi ? Parce qu’elle va me rapporter de l’argent, des profits. Une entreprise vaut, pour la plupart des financiers, de l’argent. Pourquoi ? Parce qu’elle va rapporter des profits dans le futur. Ce cercle-là, pour les entreprises traditionnelles classiques, c’est le plus important, c’est ça qui constitue l’essentiel de la valeur. Dans le cas des Girondins le souci, et ce n’est pas propre aux Girondins, c’est vrai pour la plupart des clubs de football, leurs profits sont faibles, nuls voire négatifs si on regarde avant transferts. Ce cercle-là finalement, ne pèse pas très lourd, il est même presque négligeable. […] Les transferts, une fois que j’ai transféré tous mes joueurs, je n’ai plus d’équipe donc il faut que j’en rachète d’autres, C’est une solution de court terme. Le centre de formation, la difficulté c’est qu’il faut avoir des pépites et les pépites, il faut qu’elles aient joué sinon on ne va pas en tirer beaucoup d’argent. C’est aussi une solution qui peut marcher mais dans le cas de clubs qui fonctionnent bien, qui sont déjà actifs et qui ont la faculté de faire jouer leurs jeunes joueurs des centres de formation dans leur équipe A ou dans leur équipe B. Mais c’est difficile de gagner beaucoup d’argent comme ça. Heureusement il y a un deuxième cercle, c’est que parfois, moi en tant qu’investisseur, je peux me dire ‘J’ai envie d’acheter un club de football parce que dans mon activité, ça me permettra par exemple d’inviter mes clients aux matchs, ça me permettra de faire du marketing, des séminaires chez les Girondins ou dans un autre club. Donc il y a ce qu’on appelle en finance, des synergies entre l’activité du club de football et mon activité professionnelle dans mon entreprise. Ces synergies-là peuvent expliquer parfois qu’en finance c’est magique, un plus un ça ne fait pas deux, ça fait trois. […] Puis il y a un troisième cercle c’est que parfois, il arrive qu’on achète des entreprises, non pas parce qu’elles rapportent de l’argent dans mon entreprise ou par des synergies, mais pour des raisons extra-financières. Prenons l’exemple d’un club parisien détenu par un investisseur qui est un pays du Moyen Orient qui s’achète, en investissant massivement dans l’économie du football et du sport en général, une place sur l’espace médiatique international, une existence. Mais ça peut être aussi, et à Bordeaux on sait ça très bien, certaines personnes qui veulent devenir propriétaire d’un club de football pour le plaisir. En économie on dit, pour des raisons hédonistes. Ca aussi c’est légitime, pour des raisons extra-financières.”

    Retranscription Girondins4Ever

    Du lundi au vendredi, sur France Bleu Gironde, retrouvez l’émission 100% Girondins, animée et présentée par Dominique Bourdot à partir de 18h30. Vous pouvez retrouver le podcast de l’émission quelques minutes après la fin de celle-ci : ICI.