Alain Roche raconte son départ de Bordeaux : “Claude Bez me dit que c’est pour Marseille… J’ai encore moins envie de partir”

Dans Le Podcast des Légendes, l’ancien défenseur central des Girondins de Bordeaux, Alain Roche, s’est souvenu de son départ “forcé” du Club au Scapulaire, pour l’Olympique de Marseille.

« On sait à ce moment-là, à travers les journaux, que le club est en grande difficulté financière, qu’il y a des affaires sur les comptes détournés des Girondins de Bordeaux. Mais on ne pense pas, quand on est joueur, que le club est dans cet état-là. J’en prends conscience le jour où je suis convoqué par Claude Bez dans son bureau. J’avais déjà mis mes crampons pour aller m’entrainer, et Didier Couecou me dit qu’il faut que j’aille voir le Président. Je me posais la question de ce que j’avais fait, je n’avais pas l’impression d’avoir fait quelque chose de mal… Quand le Président te convoquait, tu te disais que ça allait chauffer. Il me dit ‘voilà, écoute, Alain, il faut que tu partes. Le club est en difficulté, on n’a pas beaucoup de joueurs qui sont monnayables. Il faut que tu partes avec Jean-Tigana, et j’ai un club pour toi’. Je n’avais pas prévu de partir, j’étais même en pourparlers pour prolonger… Il me dit que je fais partie de ces joueurs qui peuvent rapporter de l’argent, sinon le club va plonger en deuxième division… J’insiste en lui disant que je n’ai pas envie de partir. Il me dit que c’est pour Marseille… J’ai encore moins envie de partir pour Marseille… A l’époque, la guerre était entre les Girondins et Marseille. Bez et Tapie se détestaient sauf pour faire les deals… Quand l’argent entre en jeu, on s’entend toujours… Donc il me dit qu’il faut que je parte. Je lui réponds que je n’ai pas envie de partir, et donc que je reste. Il me rétorque alors ‘on se reparle demain’. Le lendemain, je suis convoqué une nouvelle fois avant l’entrainement. Et là, il me dit ‘écoute, je te passe quelqu’un’. Il me passe Tapie. Je suis un peu surpris qu’il veuille me parler… Il me dit ‘Bordeaux est en difficulté, ils veulent te vendre, je te veux absolument, on a été Champions de France l’année dernière, l’équipe tu la connais, on va faire venir d’autres grands joueurs comme Amoros’. Je lui dis que ça ne me dit rien du tout. Il me demande combien je gagne. Je lui dis. Il me dit ‘voilà ce que je te propose’. Bon, on va réfléchir quand même (rires)… Entre la proposition sportive sans savoir l’avenir des Girondins, et la proposition financière… Je lui dis que je lui donne une réponse rapidement. A l’époque, il n’y avait pas de portable, il fallait téléphoner sur les fixes. Je descends au vestiaire, je discute avec Jean Tigana qui lui aussi avait été sollicité par Marseille. Il me dit que c’est un challenge important, donc qu’il va partir à Marseille… On a fait une réunion de famille avec les parents, on a un peu discuté, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à prendre un agent aussi. On s’est dit que c’était peut-être le moment de partir aussi, de se challenger, de se remettre en question. Moi, j’étais le joueur issu du club, protégé par la presse, le public… Je pouvais faire un mauvais match, on ne me disait jamais rien. J’étais un peu le chouchou oui, comme Giresse, qui était d’ailleurs parti à Marseille l’année d’avant »

Puis il dut prendre la décision.

« Je me suis dit qu’on allait tenter l’aventure, ne sachant pas où allaient les Girondins. Il y avait une ambition sportive aussi, de toujours continuer à gagner. Je suis parti à Marseille et ça a été un changement radical de chez radical ».

Retranscription Girondins4Ever