Alain Roche : “Je prends ses pompes, je commence à mettre le cirage, et là il me met ses mains devant et me dit ‘non, arrête, c’était pour rigoler’”

    Dans Le Podcast des Légendes, l’ancien défenseur central des Girondins de Bordeaux, Alain Roche, s’est souvenu de comment étaient les joueurs bordelais lors de sa première semaine d’entrainement en pro.

    « Les joueurs ont été très bienveillants, oui. J’ai une anecdote. A une certaine époque, et ce n’est plus le cas en Angleterre, mais par exemple un jeune joueur du centre de formation était attitré à un joueur professionnel. Et le jeune joueur s’occupait de ses chaussures, c’est-à-dire lui laver, lui cirer, etc… A Bordeaux, ça ne se faisait pas, mais la première fois que je rentre dans le vestiaire, on me dit de m’asseoir à côté de Battiston. J’étais très impressionné… Battiston me dit bonjour… Il prend ses chaussures, il me les jette, et me dit ‘vas-y gamin, cire mes chaussures’. Bon… Ça s’est fait ailleurs, ça peut se faire ailleurs aussi, donc je me suis dit que… Je prends les pompes, je commence à les cirer… A l’époque, on n’avait pas des gens qui nous portaient les sacs. On avait notre sac, nos crampons qu’on changeait, nos petits ronds de cirage avec la petite brosse, et la brosse à lustrer… Je prends ses pompes, je commence à mettre le cirage, et là il me met ses mains devant et me dit ‘non, arrête, c’était pour rigoler’. Donc déjà, voilà… c’était un petit bizutage. Après, si j’avais dit non, peut-être qu’ils auraient été moins bienveillants avec moi, mais en tout cas ça a été un signe aussi… La bienveillance était là, et il y avait peu de jeunes qui sont sortis du centre de formation à cette époque-là hormis Alain Giresse. J’étais le seul qui pouvait postuler à sortir… Ils ont été très gentils, mais aussi parce que je me suis mis à disposition, à l’écoute… Je n’en faisais pas qu’à ma tête, j’étais là pour apprendre… Ils se sont occupés merveilleusement bien de moi, ils ont été très protecteurs aussi, dont René Girard qui m’a vraiment considéré comme son fils, et m’a accompagné. Ça a été dur pour moi, il a été extrêmement dur avec moi, mais je pouvais partir à la guerre avec René, je savais qu’il allait toujours y avoir quelqu’un derrière moi qui allait m’aider, me soutenir… j’ai eu pas mal de soucis sur le terrain avec certains joueurs comme Luis Fernandez ou d’autres, mais René était tout le temps là pour m’accompagner et m’aider ».

    Retranscription Girondins4Ever