Marius Trésor : “La chance que j’ai eue, c’est d’avoir la plage de Sainte-Anne, où j’ai vraiment pu physiquement me transformer un peu”

    Pour l’excellent Podcast des Légendes, l’ancien défenseur central des Girondins de Bordeaux, Marius Trésor est revenu sur ses débuts dans le football en Guadeloupe.

    « J’étais très souvent sur la plage de Saint-Anne, et le terrain où jouait la Juventus de Sainte-Anne, était situé à cinquante de mètres de la maison de ma maman. Donc j’étais très souvent sur le terrain. Et en plus, j’adorais le sport collectif parce qu’à un certain moment, j’aurais pu faire de l’athlétisme, mais courir tout seul, ça n’a m’a pas plu. Donc je me suis dirigé vers le football, entouré de mes amis et c’est comme ça que l’aventure a débuté ».

    Il évoqua ainsi son enfance, et le départ de l’île pour Ajaccio.

    « A cette époque-là, on n’avait pas beaucoup d’argent pour acheter un ballon, donc les premiers ballons que j’ai connus, c’était du papier qu’on mouillait. On mettait beaucoup de papier, avec de la ficelle, et on arrivait à faire un ballon. La plupart du temps, on jouait sur la rue, et quand on voyait arriver une voiture on s’arrêtait, et dès qu’elle était passée on recommençait. En plus, la chance que j’ai eue, c’est d’avoir la plage de Sainte-Anne, où j’ai vraiment pu physiquement me transformer un peu. Comme je dis très souvent aux gens quand on parle de ma carrière, la chance que j’ai eue en arrivant en Métropole, c’est d’atterrir sur une île, la Corse, et les gens ne m’ont pas accueilli comme un étranger, mais comme un ilien, comme eux. Ça m’a beaucoup facilité la tâche. C’est vrai que je ne pensais pas devenir footballeur professionnel. Au départ, je venais de quitter l’école en seconde, j’avais le BEPC qui permettait de suivre un stage pour être moniteur d’éducation physique. Je me dirigeais vers ça. J’ai quitté la Guadeloupe le 16 septembre 1969, et je devais commencer début décembre. Mais comme mes parents n’étaient pas riches, il me fallait un paquetage avec beaucoup de choses. J’ai alors demandé à mon club de me trouver un petit travail pour que je puisse aider ma mère. Ils n’ont jamais fait le pas, donc je leur ai montré la lettre d’Ajaccio, et s’ils ne faisaient rien je partais en Corse. A cette époque-là, j’avais un ami qui avait un transport en commun, et pour aller à Pointe-à-Pitre, je me mettais derrière pour obliger les gens à passer vers lui pour payer. Il partait de Saint-François, il me prenait à Sainte-Anne, et on se dirigeait vers Pointe-à-Pitre. Il était 7h du matin en Guadeloupe, midi en France, et j’entends ‘le jeune guadeloupéen Marius Trésor est arrivé aujourd’hui en Corse’. Tous les gens qui étaient dans le bus se sont retournés, et ils se sont dit que je devais avoir un sosie. Finalement, ce qui s’est passé, c’est qu’un dirigeant m’avait envoyé un billet simple, et une semaine après la personne qui m’avait mis en contact avec Ajaccio m’a appelé pour m’assassiner, en me disant ‘tu avais dit oui’. Mais je n’ai jamais reçu de billet… Il a appelé Ajaccio, et ils m’ont envoyé un billet avec accusé de réception, et au lieu de partir le 15 août, je suis parti un mois après le 16 septembre ».

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