René Girard : “Le mollet ouvert, et une béquille à la cuisse droite… Je ne pouvais plus marcher, j’avais des points au mollet… Mais personne n’aurait pu m’empêcher de jouer ce match retour”

    Dans l’excellent Podcast des Légendes, l’ancien milieu de terrain des Girondins de Bordeaux, René Girard, revint sur une anecdote lors du match aller de la Coupe des Clubs Champions face à la Juventus (défaite 3-0 des bordelais), où Antonio Cabrini l’avait gravement blessé. C’est d’ailleurs Dominique Dropsy qui lui fit remarquer, car le principal intéressé ne s’en était pas rendu compte.

    « Juste avant, il y a une action de jeu, et Jeannot Tigana vient vers moi, on fait un écran-relai, le passe et va, et Cabrini arrive défensivement, et il emporte tout. Moi, je protège Jeannot, Cabrini arrive comme une bombe, il m’attrape au niveau du mollet – pourtant, on avait les protèges tibias – et avec son crampon, il m’ouvre carrément le mollet. On continue à jouer, puis, sur un ballon qui ressort – et à l’époque on pouvait jouer avec le gardien – je donne le ballon à Dominique Dropsy, qui me dit ‘putain, René, il y a un truc qui ne va pas, le ballon est tout rouge’… J’avais effectivement un mollet qui était complètement ouvert. Le mollet ouvert, et une béquille à la cuisse droite… J’avais pris Cabrini de plein. Jeannot était en pleine bourre, mais moi, j’étais coupé en quatre (rires). Je ne m’en étais pas rendu compte non, je courais… Tu sais, des fois, tu prends des coups, tu ne vois pas toujours que tu es ouvert… Quand on me l’a dit après, j’ai baissé la chaussette, et voilà… Je prends une béquille aussi assez importante, et je ne pouvais plus marcher. J’étais complètement cassé. On ne le signalait pas trop, mais les italiens, dans ce domaine, ils étaient costauds là-dessus… Quinze jours après, on jouait le match retour… Je suis arrivé à la maison, je ne pouvais plus marcher, j’avais une dizaine de points au mollet… Mon objectif c’était de jouer ce match. Personne n’aurait pu m’empêcher de jouer ce match. J’ai fait le match retour, et pendant quinze jours ça a été la béquille, le mollet… On a fait ce qu’il fallait pour que je puisse jouer. J’ai vu faire le match entièrement. Je n’en tire aucune gloriole, mais cela fait partie des anecdotes où tu te demandes comment ça a pu se faire… ».

    Parce que oui, aujourd’hui, ce genre de chose ne serait pas possible…

    « Aujourd’hui, oui, peut-être que les joueurs prennent plus soin d’eux… En tout cas, cette blessure, je ne m’en étais pas rendu compte… Tu es tellement pris dans le truc. C’est comme ça. Ça ne s’explique pas. Ce sont des moments chauds ».

    Retranscription Girondins4Ever