Abdoulaye Touré : « Je me dis que je vais lui envoyer un message, pour ne pas le frustrer. Au final je me dis que non, qu’il y aura d’autres occasions pour prendre une photo… Et… »

    (Photo by Romain Lafabregue/Icon Sport)

    Dans Ouest France et le podcast « Sans Contrôle » dédié à Emiliano Sala, Abdoulaye Touré, son ancien coéquipier au FC Nantes, s’est remémoré son retour à Nantes en décembre 2018, et le moment où l’attaquant est venu leur dire au-revoir à Nantes, avant de partir pour ce qui sera son dernier voyage…

    « Vient le moment où il nous annonce qu’il doit partir, et qu’il aimerait prendre quelques clichés avec nous, histoire de marquer le coup et d’immortaliser le moment dans la salle d’échauffement. Il m’appelle et me dit de venir à côté de lui. Je ne sais pas si vous vous rappelez de cette photo, mais moi, il me prend par l’épaule, et ça m’a un peu surpris. Je pense qu’à ce moment-là, il m’a montré qu’on avait quand même un lien fort lui et moi. Après la photo, il me redemande de prendre une photo de nous deux. Il part à ses occupations, moi aussi, je discute avec quelques joueurs. J’ai oublié sa demande, je rentre tranquillement chez moi, et j’arrive presque à la porte de chez moi, ça me fait tilt… Je me dis ‘oh, j’ai oublié de prendre cette photo’, et je me dis que je vais lui envoyer un message pour dire que j’ai oublié, pour ne pas le frustrer. Au final je me dis que non, il y aura d’autres occasions pour prendre une photo… Et… ».

    Puis il apprend la mauvaise nouvelle le lendemain par Nicolas Pallois, et les agents de l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux.

    « Le lendemain, je prends mon petit déjeuner, et à ce moment-là, je pense que personne n’est au courant à part Nico Pallois. A un moment Nico vient derrière moi et me glisse tout doucement dans l’oreille ‘Abdou, ne fais pas de gestes brusques, Emi est parti hier, je l’ai déposé à l’aéroport, il a pris son avion, et depuis hier on n’a pas de nouvelles. Son avion a disparu’. Automatiquement je lâche mes couverts, donc ça fait du bruit, tous les regards se braquent sur moi. Je sors appeler l’agent d’Emi, qui me confirme que l’avion a disparu, qu’ils n’ont pas de nouvelles, et qu’il faut que je le garde pour moi’. A peine raccroché, je pense qu’en moins d’une minute, toute la France était au courant, parce qu’il y a eu des notifications ».

    Puis vient d’heure de réaliser ce qui s’est passé, et l’heure du deuil…

    « Ce n’était pas des moments que tu peux oublier, ce n’est pas possible. Pendant deux-trois jours, je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’il était parti. J’étais dans un vide total… Je prenais ma voiture, je faisais le tour du périph, je réfléchissais, je tournais, pendant des heures… Il ne fallait pas que je reste seul, j’allais chez ma mère pour essayer de me changer les idées, mais à chaque fois que j’esquissais un sourire, sa tête me revenait directement, et mes proches voyaient que je n’étais pas moi-même et que j’étais ailleurs. J’étais une autre personne, et le mot abattu est trop faible ».

    Retranscription Girondins4Ever

    (Photo by Eddy Lemaistre/Icon Sport)