Communiqué des Ultramarines sur la situation des Girondins de Bordeaux !

    . (Photo by Manuel Blondeau/Icon Sport) – Photo by Icon Sport

    Face à la situation très compliquée des Girondins de Bordeaux, le groupe de supporters des Ultramarines vient de sortir un communiqué, après celui des Marine et Blanc Ile de France en début de journée.

    Peuple des Girondins de Bordeaux, il faut que l’on se parle.

    28/07/2024

    Notre club vit ses heures les plus sombres et il s’est passé tant de choses avant que notre FCGB ne soit dans sa déchéance actuelle qu’il nous fallait vous écrire. Pour donner un contexte global mais surtout pour tenter de comprendre ensemble comment nous en sommes arrivés là, pour que l’histoire nous serve de leçon.

    Pour analyser la situation de notre club, il faut remonter dans le temps. Alors on ne va pas revenir jusqu’à la tête de Wendel le 7 avril 2010 mais il faut se pencher sur tout ce qui en découle. Au sortir du titre de 2009, notre club n’a pas su garder son standing et a dégringolé petit à petit sur l’échelle du football français. Alors oui, il y a eu une coupe de France, des qualifications européennes mais au final assez peu comparé aux heures de gloire qu’ont connues les supporters des Girondins.

    Puis arrive 2018, où après 19 ans d’actionnariat majoritaire, M6 décide de vendre le club, en ayant assez de combler chaque année une dette déjà bien présente. Bien que Nicolas de Tavernost se soit engagé à ne pas vendre au plus offrant, plusieurs fonds d’investissement américains décident de poser 100 millions sur la table. Qui peut croire aujourd’hui qu’il s’agissait du juste prix? Absolument personne mais là n’est pas le sujet. Le loup vient d’entrer dans la bergerie.

    Nous avons alerté dès le premier jour, au travers de l’opération “Hands Off FCGB” de la dangerosité potentielle de ces nouveaux dirigeants mais surtout de l’instabilité qui peut résulter d’une telle gouvernance. Nous n’avons pas toujours été compris d’une partie du grand public qui semblait ravie de voir M6 passer la main. Après avoir rencontré la nouvelle équipe dirigeante, nous avons décidé, comme nous l’avions fait avec avec leurs prédécesseurs, d’adopter une attitude constructive et de laisser une chance à ces nouveaux investisseurs. Rapidement, nos alertes se sont avérées justifiées puisqu’un an plus tard, King Street se sépare de GACP. Plusieurs cadavres sortent alors du placard et le FCGB se retrouve avec un actionnaire qui n’a pas vocation à s’installer de manière pérenne. Accompagné à cela, il nomme à la direction du club Frédéric Longuépée. Après avoir tenté de travailler avec lui, il nous est rapidement apparu comme déconnecté de la réalité du club. Ses attaques frontales envers les supporters girondins, que ce soit au travers de la billetterie ou du respect des libertés, vont nous obliger à nous positionner clairement contre ce personnage. Il va même jusqu’à changer le logo historique de notre club, en le renommant Bordeaux Girondins. Une hérésie et une infamie qui vont nous pousser à entreprendre de multiples actions afin de demander son départ. Malgré cette lutte de plusieurs années, nous n’obtiendrons rien des actionnaires.

    Yon Ecenarro

    En juin 2021, nouveau coup de tonnerre. King Street, actionnaire majoritaire et propriétaire du club, ne souhaite plus continuer de financer les Girondins de Bordeaux et place le club en situation de redressement judiciaire. La situation est extrêmement grave puisque si aucun repreneur ne se présente, le club sera placé en liquidation judiciaire, sera rétrogradé en N3 et perdra tout. Arrive alors Gérard Lopez.

    Dans le marasme dans lequel se trouve le club à cette époque, il est le seul à pouvoir à cet instant maintenir le club en Ligue 1. Face à lui, des dossiers préfèrent attendre la liquidation pour racheter les Girondins de Bordeaux à moindre coût, d’autres un départ en Ligue 2 ou plus bas. Son dossier présente alors des garanties satisfaisantes pour le Tribunal de Commerce qui lui accorde le droit de devenir actionnaire majoritaire du FCGB.

    Les Girondins sont à ce moment là “sauvés” et peuvent continuer de jouer au plus haut niveau du football français. Comme nous l’avons toujours fait avec les précédentes directions, nous nous mettons autour de la table avec Gérard Lopez et son équipe. Après avoir vu des signaux positifs, nous décidons une nouvelle fois d’adopter une attitude constructive et de laisser la nouvelle équipe travailler. Mais le ver est déjà dans le fruit et sur le terrain les résultats sont catastrophiques. Cette équipe faite de bric et de broc ne met pas un pied devant l’autre et les défaites s’enchaînent à tel point que la lutte pour le maintien devient le seul objectif de l’équipe professionnelle.

    En interne des clans viennent diviser le vestiaire et des comportements inacceptables de certains joueurs rendent la situation intenable. A l’issue de la saison 2021-2022, nous terminons dernier et notre club descend en Ligue 2, 30 ans après son dernier passage au niveau inférieur. Tout au long de la saison nous avons tout tenté pour soutenir nos joueurs coûte que coûte. Nous les avons rencontrés plusieurs fois, nous avons essayé différentes méthodes mais rien n’y a fait. Nous faisons part de nos inquiétudes à la direction du club et nous relevons des erreurs de management. La sonnette d’alarme est tirée après la défaite historique contre Marseille en janvier 2022. Mais nous n’observons aucun changement.

    (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport) – Photo by Icon Sport

    À l’été 2022, la relégation sportive plonge une nouvelle fois le FCGB dans une situation dangereuse puisque la DNCG rétrograde le club en National à titre conservatoire. C’est au prix de négociations financières avec King Street et GACP que Lopez arrive à trouver un financement pour que l’équipe puisse évoluer en Ligue 2. Le 27 juillet 2022, le CNOSF et le Comité Exécutif de la FFF décident de maintenir les Girondins en Ligue 2, soit 3 jours avant le début du championnat.

    Malgré ce marasme extra-sportif, contre toute attente, les résultats sportifs sont bons et l’équipe joue les premiers rôles en L2, avec notamment un bon mélange de cadres expérimentés et de jeunes issus du centre de formation. Le stade est de nouveau garni, le Virage Sud chante avec ferveur et les supporters se déplacent massivement dans tous le pays pour retrouver la Ligue 1. Mais malheureusement, suite à une accumulation de petits points laissés en route, la montée nous échappe pour 1 point. Le coup est dur parce qu’une montée aurait sauvé bien des choses.

    À l’aube de la saison 2023-2024, le club vit sa première intersaison paisible depuis bien longtemps puisque Gérard Lopez décide d’investir 40 millions d’€ et de recruter massivement pour construire une équipe capable de remonter en Ligue 1. Une grande majorité des supporters se remet à y croire mais nous nous rendons rapidement compte que la mayonnaise ne prend pas sur le terrain. Les difficultés d’intégration des nouveaux, ajoutées à des cadres émoussés ou blessés, empêchent l’équipe d’enchaîner les victoires et les supporters vont de désillusions en désillusions. Au niveau de la gestion du club, plusieurs problèmes récurrents sont relevés à commencer par la présence insuffisante du Président Lopez pour donner le cap. La remarque avait déjà été faite lors de l’exercice précédent mais les résultats sportifs semblaient nous contredire. Lors de cette saison, le manque de leadership, d’un capitaine dans la tempête, saute aux yeux de tous et notre club est déjà à la dérive. Nous avons à de nombreuses reprises demandé la nomination d’un Président Délégué, la construction d’un projet sportif clair et ambitieux mais nous avons eu face à nous un personnage qui n’en a fait qu’à sa tête.

    (Photo by Dave Winter/FEP/Icon Sport)

    En tribune, plusieurs banderoles sont sorties tout au long de la saison. Dès le mois d’octobre contre Grenoble, rappelant les joueurs et la direction à leur devoir. Elles pointent également le problème d’un entraîneur dépassé et d’un recrutement qui ne prend pas. Lors du match suivant contre Laval, la démission de David Guion est officiellement demandée et le silence de la direction est une nouvelle fois dénoncé. Le mois suivant, pour la réception d’Annecy, le Virage Sud déclenche une grève d’encouragements en pointant du doigt à la fois les joueurs, le président actionnaire et le directeur sportif. Le respect et le soutien se méritent et la situation actuelle à tous les niveaux du club n’était pas digne de notre soutien. L’hiver est plus calme en externe bien qu’en interne le groupe continue sans relâche de placer ses revendications, dans l’intérêt du FCGB.

    Mais au printemps, les résultats catastrophiques poussent l’équipe à jouer le maintien en Ligue 2. La coupe est pleine et nous décidons de mener une grève d’animation reconductible pour les 3 derniers matchs de la saison derrière le slogan: “Nous ne soutenons pas un club qui nous abandonne!”. Nous sommes abandonnés par des joueurs qui ne sont pas dignes du maillot qu’ils portent sur le dos et par une direction qui est restée trop longtemps sourde à nos revendications et qui n’a rien fait pour redresser la barre.

    Si l’essentiel est assuré avec le maintien sportif du club, il apparaît alors plus que nécessaire qu’un changement de stratégie radical soit mené. Ce nouvel échec sportif plonge le club dans une nouvelle phase d’incertitude financière et le couperet tombe lors du passage de la DNCG. Faute de garanties financières le club est une nouvelle fois rétrogradé en National à titre conservatoire et pour la première fois Gérard Lopez annonce qu’il ne souhaite pas investir de nouveau pour améliorer la situation du club. La suite n’est qu’un enchaînement de déconvenues, de faux espoirs et de déchéance. La perte du statut professionnel du club est l’humiliation de trop.

    L’institution FCGB vit depuis trop longtemps au-dessus de ses moyens, avec une masse salariale délirante, un nombre de salariés trop élevé et une dette structurelle qui ne fait que s’accroître chaque année. La gabegie financière entamée depuis 2018 a poussé le club dans le précipice et nous a menés là où nous en sommes actuellement. Il faut plus de 80 millions pour se sauver, et un homme seul, aussi riche soit-il, ne peut accepter de perdre 40 millions par an.

    Il faut donc désormais tirer le bilan de ces 3 années passées sous la présidence et l’actionnariat de Gérard Lopez. En 2021, il a été le seul à vouloir prendre la barre d’un bateau déjà à la dérive. On peut lui imputer une responsabilité dans la descente en Ligue 2 mais cela ne serait pas juste tant le club était déjà rongé par le mal. Dans ce sens, on peut aussi lui imputer la bonne première saison en Ligue 2 mais le club a manqué de leadership dans les moments cruciaux. Quant à cette saison, tel un joueur de poker, il a voulu faire “tapis”. Le recrutement n’a pas fonctionné, les choix stratégiques se sont révélés inefficaces et les conclusions, consternantes.

    Nous n’avons pas d’autre choix que de dresser un évident constat d’échec. Dès lors, il paraît évident que le futur de notre club, si incertain soit-il, doit s’écrire sans Gérard Lopez. Toutefois, il nous est impossible d’exiger le départ d’un propriétaire sans solution de secours. Le club lui appartient et en l’état nous n’avons aucun moyen de le faire partir. De plus, notre expérience passée contre King Street ou GACP nous a appris à être pragmatiques. Nous n’avons que peu de poids face à ces géants de la Finance. La décision reviendra au tribunal de commerce qui doit se prononcer dans les prochains jours. Bien entendu, personne n’est au-dessus de la justice et le groupe saura prendre acte de la décision finale.

    Il existe une possibilité bien réelle que le tribunal décide que Gérard Lopez soit une nouvelle fois le mieux placé pour diriger le club. Eu égard aux trop nombreuses erreurs de gestion de ces 3 dernières années, ce scénario n’est pas viable pour le futur du FCGB. Si tel est le cas, il devra alors tout mettre en œuvre pour vendre le club au plus vite, sans le liquider, afin que nous puissions tourner la page et nous reconstruire.

    UB87

    Seule chose certaine aujourd’hui, les Girondins de Bordeaux évolueront au plus bas niveau de leur grande Histoire. Nous, Ultramarines, ne lâcherons le club sous aucun prétexte. Nous serons toujours derrière nos couleurs, partout et toujours, peu importe la division comme nous le faisons depuis 37 ans. Nous apporterons toute notre aide et notre contribution dans la reconstruction afin de permettre au club de retrouver sa place au plus vite en remplissant notre rôle de supporters fidèles.

    Puisqu’il faut tirer des leçons de cette catastrophe, notre association doit aussi apprendre de ce qu’il s’est passé ces dernières années. Tout au long de l’ère Lopez nous avons eu l’impression d’être entendus mais jamais écoutés par la Direction. Nous avons toujours agi avec le cœur, avec passion, dans l’intérêt suprême du Football Club des Girondins de Bordeaux, en essayant d’être le plus constructifs possible. Il est facile de dire qu’il aurait fallu faire d’une manière ou d’une autre. Personne ne détient la vérité. Nous avons pris des décisions en nos âmes et consciences, en pensant bien faire, de manière désintéressée, sans influences. Nous ne regrettons rien car la réalité est que nous n’avons jamais vraiment eu le choix. Des erreurs de communication ont pu être faites mais elles nous ont permis d’apprendre. Après tout, qui sommes-nous pour ne pas en commettre? Si la colère est logique, trouver des boucs émissaires faciles et bénévoles est malhonnête au vu du nombre de coupables réels et identifiés qui ont de près ou de loin mené le FCGB au bord du précipice depuis 10 ans. Nous devons tous ensemble, à tous les niveaux, tirer les enseignements de la descente aux enfers de notre club.

    Dans cette épreuve, nous avons bien évidemment une pensée pour tous les supporters blessés au plus profond de leur cœur mais également une pensée pour les employés du club, pour notre équipe féminine, pour tous les jeunes et entraîneurs du centre de formation et de l’Académie des Girondins qui se retrouvent eux aussi pris au piège.

    UB87

    Nous avons fait le choix de revenir en détail dans ce communiqué sur nos différentes prises de position, car nous devons ces explications à nos adhérents, mais aussi à tout le peuple marine et blanc. Nous sommes toutes et tous supporters des Girondins, que nous soyons ultras ou non, du Virage Sud ou d’une autre tribune, et même si nous ne pouvons pas nous rendre régulièrement au stade. Nous sommes la grande famille des Girondins et sommes toutes et tous meurtris en ce moment. Et si les Ultramarines sont les interlocuteurs privilégiés du club, c’est en raison de l’ancienneté du groupe, de son intégrité et de la relation de confiance qui s’est tissée depuis très longtemps avec le FCGB, dans le cadre d’échanges qui se sont toujours voulus constructifs. C’est une responsabilité pour notre groupe, que nous assumons avec pour seul et unique objectif, défendre l’intérêt et les valeurs du FCGB. C’est donc en responsabilité que nous avons laissé Gérard Lopez travailler lorsqu’il a repris le club sur les cendres de King Street. Car son projet était celui qui défendait les intérêts du FCGB, le seul évitant à l’époque la liquidation du club. Et si nous avons conservé notre confiance à l’égard de Gérard Lopez, c’est que jusqu’à ces derniers jours, il a toujours assumé son rôle d’actionnaire, en atteste l’an dernier son apport de capitaux pour passer la DNCG sans encombre et effectuer un mercato estival sans restriction pour tenter de faire remonter notre club en L1. Tel est le projet que nous avons accompagné, qui à notre grand désarroi n’a pas eu la réussite escomptée.

    Nous nous rendons compte que si le club sombre aujourd’hui, ce n’est pas à défaut d’avoir investi de l’argent, mais d’avoir compris que l’argent seul ne suffit pas dans le foot. Et si Gérard Lopez a été un financier correct, sa gestion est un échec. C’est un piètre manager qui n’a pas su, malgré nos alertes répétées, nommer un homme fort au Haillan en capacité de structurer le club.

    Nous mesurons combien il est difficile de faire consensus, ou combien il est plus facile de verser dans la colère ou la critique, notamment quand les résultats ne sont pas au rendez-vous. Nous nous y sommes refusés la saison dernière, préférant monter au créneau pour pointer du doigt les améliorations à apporter dans une approche constructive. Ce jeudi 25 juillet, c’est aussi en responsabilité que nous avons dénoncé un projet dans lequel nous ne nous reconnaissons plus. Renoncer au statut professionnel se traduit à nos yeux par un abandon du centre de formation et du centre d’entraînement du Haillan. Se priver de ces atouts ruine nos espoirs de reconstruction du club à travers un véritable projet sportif et non uniquement financier, qui puisse s’appuyer sur la formation et l’identité locale. Nous considérons que ce projet ne défend plus les intérêts du FCGB.

    Comme le dit ce chant qui a si souvent résonné au Virage Sud ces dernières années, “Bordeaux sera toujours une étoile qui brillera, on lâchera pas” ! Nous appartenons tous à la même famille, celle des Marines et Blancs. Et comme dans toutes les familles, il y a des désaccords mais l’heure est au rassemblement de tous ceux qui portent le maillot au scapulaire dans le cœur.

    ULTRAMARINES BORDEAUX 1987