Interview. Luc Davaillon (Poitiers) : « C’est toujours un peu particulier de voir des équipes qui sont sanctionnées sur le plan administratif et financier, plutôt que sur le plan sportif »

    L’entraineur du Stade Poitevin – prochain adversaire des Girondins de Bordeaux – Luc Davaillon, nous a accordé de son temps avant le match de ce samedi en ligne de mire, comptant pour la troisième journée de National 2. La saison dernière, et pour sa première saison à Poitiers, Luc Davaillon a réussi à faire monter son équipe en National 2. Après 14 ans à Guéret (Nouvelle Aquitaine), celui qui y a occupé de multiples fonctions, a réussi son baptême du feu. Il livre aujourd’hui sa vision sur la situation cocasse et incertaine du Club au Scapulaire, tout en essayant d’en faire abstraction pour l’échéance de samedi. Entretien.

    « Comment se passe votre début de saison ?

    On a fait un bon match lors de la première journée à l’extérieur, puisqu’on a ramené la victoire de Dinan (0-2). Et samedi soir, on a un petit goût d’amertume parce qu’on a fait une belle performance face à une équipe qui est attendue pour jouer la montée, Bourges Foot. On a fait aussi une rencontre très solide et malheureusement, on a été punis à la 89ème minute sur une faute de positionnement, qui fait qu’on perdu le match 2-1. Mais sur l’ensemble du match, un match nul aurait été mérité pour les deux équipes, et malheureusement on a dû concéder la défaite. On avait réussi à faire un bon résultat à l’extérieur, donc on abordait ce match avec beaucoup d’envie et de plaisir, tout simplement. Cela faisait très longtemps qu’il n’y avait pas eu de match de National 2 à Poitiers, donc du coup c’était beaucoup de plaisir. Il y avait du monde dans la tribune, une belle équipe en face : on n’avait pas de pression particulière. Malheureusement, ça n’a pas tourné pour nous samedi soir.

    Votre souhait en fin de saison dernière était de garder votre effectif, ça a visiblement été le cas.

    Oui, bien sûr, c’était quelque chose d’important pour moi d’avoir une stabilité dans l’effectif. Même si on a de bonnes performances comme l’année passée, l’objectif était de réussir à conserver un maximum de joueurs pour gagner du temps en termes de projet de jeu et d’esprit d’équipe.

    Vous avez quand deux ‘bordelais’ qui sont arrivés, Kenny Mavuba et Michaël Nilor. Que pouvez-vous nous dire sur eux ?

    Déjà, Kenny apporte un plus, parce qu’il a été titulaire les deux premiers matches. Il apporte vraiment quelque chose au milieu de terrain, donc on est très contents de ses performances. Après, Michaël, c’est un petit peu différent puisqu’il est arrivé tardivement. On a perdu notre avant-centre de l’an passé sur blessure durant les matches amicaux, donc on a voulu retrouver un nouvel avant-centre. L’opportunité s’est faite avec Michaël car notre Président le connait très bien. Michaël a eu une saison compliquée l’année passée, donc il n’est pas arrivé forcément très en forme. On est persuadés qu’il va nous amener quelque chose et que ça va être un maillon fort de notre animation offensive, mais pour l’instant il n’est pas encore complètement en forme, donc on l’utilise avec parcimonie.

    Vous aviez, comme nous, l’incertitude de savoir quel serait votre adversaire à la troisième journée… Ce sont les Girondins de Bordeaux. Qu’est-ce que cela vous évoque de les voir en National 2 ?

    Alors, ce que ça m’évoque, quand on aime le sport, et notamment le foot, c’est que c’est toujours un peu particulier de voir des équipes qui sont sanctionnées sur le plan administratif et financier, plutôt que sur le plan sportif. Ça, c’est toujours quelque chose de dommageable et qu’on n’aime pas voir quand on est des amoureux du sport, tout simplement, parce que pour nous le sport cela se passe sur le terrain. En tout cas, pour moi, c’est le cas. C’est toujours un peu regrettable mais enfin bon, le fait est que c’est le cas. Je trouve ça malgré tout plus sain que Bordeaux soit traité comme les autres. Ce sont les règlements, et donc Bordeaux est aujourd’hui en National 2. Je ne suis pas spécialement focus sur le fait de jouer les Girondins de Bordeaux. Ce qui était important pour moi, c’était déjà de savoir s’il y aurait un match à la troisième journée, et de savoir comment on allait l’aborder.

    La manière dont vous allez l’aborder, c’est aussi une grande question, car il y a beaucoup d’incertitudes…

    On a toute la semaine pour travailler sur notre match. On va aussi faire un petit retour sur notre match de la semaine passée contre Bourges, et puis essayer de régler deux ou trois choses qui nous permettraient d’être encore plus solides.

    Les licences concernant Bordeaux arrivent, et les noms commencent à sortir, même si on a deux équipes à recomposer donc on ne sait pas exactement qui sera aligné. On imagine que cela doit être un souci aussi pour vous…

    C’est d’ailleurs pour ça que je pense que la plus grosse des bêtises à faire, serait de se focaliser sur le fait de savoir quelle équipe jouera contre nous samedi… Je sais juste qu’on doit se concentrer sur nous, parce qu’on n’a aucune idée d’où, de quels joueurs joueront, de quels joueurs joueront en National 3 ou 2… Bien sûr qu’on regardera, on va bien sûr regarder un petit peu comment se passe la semaine du côté de Bordeaux, mais malgré tout je pense qu’on doit vraiment se focaliser sur notre préparation, et la performance que l’on devra livrer. La seule incertitude maintenant, c’est le terrain, puisque je ne sais pas encore où on jouera. Mais une fois qu’on saura là où l’on joue, on sera prêts pour venir à Bordeaux samedi.

    Sans faire attention au nom, on sait que Bordeaux n’aura pas eu de préparation physique et collective, donc est-ce que vous allez tout de même jouer sur ça avec du physique, un pressing fort…

    Bien sûr. Vous le dites vous-mêmes, ce sont des choses qui paraissent évidentes. Bien sûr qu’on va essayer de mettre beaucoup de rythme. Mais le fait est que de parler des faiblesses de Bordeaux dans notre préparation de match, à mon avis, ça peut être contreproductif. Quelle que soit l’équipe qui va être alignée samedi, ce sera de bons joueurs de foot, des joueurs capables d’évoluer à ce niveau-là, qui sont capables de marquer des buts et de bien défendre. Je pense que de croire qu’on aura une équipe affaiblie contre nous samedi, ça peut nous empêcher de bien nous préparer. On ne sera pas du tout dans cette optique-là.

    Et, comme vous l’avez dit, il y a encore la possibilité de jouer soit au Matmut Atlantique, soit à Sainte-Germaine samedi. Est-ce que cela change quelque chose pour vous ?

    Oui, après, j’ai envie de vous dire que ce qu’il y a autour du terrain, ça nous importe peu. Que ce soit un grand stade ou un petit stade, les dimensions du terrain sont presque les mêmes. Je pense que le terrain du stade Sainte-Germaine est un grand terrain aussi, en termes de superficie… C’est tout ce qui nous importe. En tout cas, si on joue au Matmut, on jouera sur une bonne pelouse, c’est vraiment le plus important. Après, tout ce qui se passe en tribunes, ce qui entoure le match, ce n’est vraiment pas quelque chose qui nous importe. Ce n’est pas ce qui fait courir plus vite ou moins vite (rires).

    Pour terminer, quel est l’objectif pour Poitiers cette saison pour son retour en National 2, se maintenir ?

    Oui. Après, comme je l’ai dit à la presse la semaine précédente, on ne veut pas non plus se mettre dans la peau du promu, d’une victime ou quoi que ce soit… On veut surtout faire le meilleur championnat possible, continuer d’amener le club sur la bonne dynamique qu’il était l’an passé… On est en train structurer en termes de formation toutes nos structures du club. Et puis, on sait très bien que le fait de faire des bons résultats avec l’équipe première, permet de valider un petit peu tout ce qui se passe en dessous. On veut garder surtout cette dynamique. Donc bien sûr que le maintien en National 2 est quelque chose de primordial pour nous, pour réussir à valider notre projet et de continuer à progresser. On est plutôt dans cette dynamique-là plutôt que de dire ‘on joue le maintien, le maintien, le maintien’. Toutes les équipes veulent se maintenir avant tout. On a vu l’an passé qu’il y avait des équipes en National 2, qui pouvaient jouer la montée à 7-8 journées de la fin, et elles se sont retrouvées à jouer le maintien à deux journées de la fin… Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut être prêts à toute éventualité, mais sans se dire qu’on est plus faibles que les autres, et que ce sera une saison difficile. On n’est pas du tout dans cette optique-là. C’est vraiment notre cheval de bataille. On se prépare pour jouer et pour gagner des matches, pas pour ne pas les perdre et se maintenir ».