Julien Faubert : « C’est la première et la dernière fois de ma carrière où le trajet de derrière le but au banc, je ne m’en souviens plus »
Pour Histoires de Foot, l’ancien joueur des Girondins de Bordeaux, Julien Faubert, a raconté ses premiers pas en Gironde, lui qui arrivait de l’AS Cannes.
« Les joueurs que j’avais vus à la télé, que j’ai admirés, qui m’ont fait vibrer, j’étais à côté d’eux… Darcheville, Jemmali, Jurietti, Ramé, Planus, Feindouno… Des joueurs qui étaient pour moi hors-normes. J’attaque comme ça et je me dis ‘vas-y, tu as quoi à perdre’. Je fais la préparation qui se passe très bien, je joue sans filtre. Je n’ai aucune pression, je me lâche, ça se passe bien. Tout le monde avait idée que j’allais partir avec l’équipe réserve, et le premier match de championnat on joue l’OM au Vélodrome, et je suis dans l’équipe. Je suis dans le banc, mais dans le groupe. Je n’avais jamais eu la possibilité de voyager, donc de faire d’autres stades que celui du Havre. Je me retrouve au Vélodrome, un dimanche soir, un stade plein, assis sur un banc… Là, je me dis ‘le petit garçon du quartier est là où il a toujours rêvé d’être’. Le match se passe pas trop mal, on fait 1-1, et à la 86ème, je suis en train de m’échauffer, et le coach m’appelle… C’est la première et la dernière fois de ma carrière où le trajet de derrière le but au banc, je ne m’en souviens plus. Je ne peux te dire ce que j’ai ressenti, je ne peux pas te parler des supporters, du stade, de ce que j’avais dans le ventre… Je ne m’en souviens plus. J’ai couru, je suppose que je me suis changé, je suis rentré, mais… Je ne me souviens pas de mon entrée sur le terrain. Je me souviens du but qu’on prend parce qu’on perd 2-1, mais tout le reste je ne m’en souviens plus, et je ne peux pas l’expliquer. Parce que j’étais ailleurs ».
Puis, très rapidement, cela s’enchaine.
« On a le deuxième match, qui est à domicile contre Rennes. Je suis sur le banc et je ne rentre pas. Et le troisième match, je suis titulaire, à Bastia. Là aussi, et c’est pour ça que je pense que je suis quand même né sous une bonne étoile… Le coach vient me voir à l’hôtel et me dit ‘mon petit, tu es prêt ?’. Mon cœur commence à battre… ‘Bah demain, tu vas commencer’. Au bout de trois matches, je suis titulaire, à Bastia… Je commence le match, au bout de dix minutes, je tente quelque chose d’un peu osé, je perds le ballon, et je vois le joueur bastiais partir vers le but : 1-0. A cause de moi, on perd 1-0. On arrive à la mi-temps, le coach vient me voir et me dit crument : ‘petit, tu as 10 minutes pour te réveiller. C’est soit là, soit jamais. Si tu ne te réveilles pas, ça va être très compliqué’. Dans ma tête, je réfléchis, et je jouais avec le frein à main, j’avais peur, j’étais angoissé, stressé… Et je me dis que j’en ai rêvé toute ma vie et que là, je ne le vis pas vraiment. En seconde, je me lâche complètement, je déborde, je centre, passe décisive, et but. J’ai un ballon dans la profondeur, je pars à fond… Le gardien me casse presque la jambe, je fais un crochet et je marque. A partir de là, j’ai été titulaire toute ma carrière à Bordeaux ».
Et comme prévu, il devient un titulaire dans l’équipe bordelaise. Résultat, un contrat plus longue durée l’attend, comme prévu avec Jean-Louis Triaud à son arrivée.
« Après les six premiers mois, j’ai mon agent qui m’appelle et me dit ‘bon, j’arrive. Ce que j’ai dit est arrivé, maintenant on va parler contrat’. Et donc au bout de six mois on me propose un contrat de trois ans, un bon contrat, et mon aventure bordelaise commence là ».