Ilias Hassani : « Battiston, il ne servait à rien. Tactiquement faible… Je pense que le choc qu’il a pris au Mondial en demi-finale, ça lui est resté »

Pour The Process, l’ancien défenseur des Girondins de Bordeaux, Ilias Hassani, s’est exprimé sur Patrick Battiston. S’il a évidemment été le directeur du centre de formation, Patrick Battiston a aussi été l’entraineur de l’équipe réserve. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Ilias Hassani n’en garde pas un très bon souvenir.
« Battiston… On est là pour dire les vérités. En fait, à Bordeaux, ce qu’il faut savoir, c’est qu’en réserve il y avait Batttiston comme premier coach, Sébastien Bannier qui était à Ajaccio et qui a signé à Bordeaux juste avant moi en tant qu’adjoint – d’ailleurs il a poussé pour que Bordeaux me signe – et ensuite tu avais Marius Trésor. Marius Trésor était plus proche des joueurs, un mec en or. Sébastien était plus coach adjoint. Et Battiston, il ne servait à rien. Clairement. Il ne servait à rien. Tactiquement faible, il ne parle que de son passé, l’Equipe de France… Et c’est tout à son honneur, parce qu’il a une vraie carrière. Mais je pense que le choc qu’il a pris au Mondial en demi-finale, ça lui est resté (rires). Je m’explique pourquoi je dis que ça lui est resté… Je me souviens, j’arrive en novembre, et je vais le voir dans son bureau. Je lui dis ‘écoutez coach, j’aimerais avoir votre aval par rapport aux vacances. Je sais qu’on reprend le 1er janvier, mais j’aimerais bien partir en vacances parce que je voulais faire ma demande de mariage à ma femme. Est-ce que je pourrais avoir un jour de plus, reprendre le 2 ?’. Il me dit oui, pas de souci, il n’y a pas de problème, ce n’est qu’un jour, en plus ‘les premiers jours on ne fait rien’, il me dit. Je le remercie. Ça se passe. En décembre, je pars en vacances, et je reviens le 2. A Bordeaux, quand tu arrives au vestiaire, tu passes devant le bureau des coaches, ils voient qui est en retard, etc… Je passe devant son bureau, je vais lui dire bonjour, et à ce moment-là il y a tout le monde. Il y a lui, Sébastien Bannier, et le coach des U19. D’ailleurs, Sébastien était là au moment où j’avais posé la question pour les vacances, donc il était témoin. Bref, je rentre dans le bureau, je serre la main. Il me dit ‘tu étais où hier ?’. Je lui rappelle qu’on s’était mis d’accord pour que j’aie un jour de plus, etc, et le coach adjoint était témoin. Le coach adjoint, il ne dit rien, et je vois qu’il baisse les yeux… Il s’enfonce dans son siège, en mode ‘ne me mets pas dedans’ (rires). Battiston me dit ‘je ne t’ai jamais donné mon aval pour un jour de plus’. La première réaction que j’ai eue quand il m’a dit ça, c’était : ‘mais, c’est une blague ?’. Il me demande s’il a l’air de rigoler, et me soutient qu’il n’a jamais dit ça. Il ajoute ‘tu me fais passer pour un menteur, ça m’énerve, va t’habiller’. Je suis un peu sanguin, mais je ne dis rien. On va à l’entrainement, et au bout de cinq minutes, il me dit ‘tu prends tes affaires, tu dégages au vestiaire, je ne veux plus te voir’. Cinq minutes, sans aucune raison. Je rentre au vestiaire, je prends ma douche, énervé… Je me dis qu’en fait je cherche à avoir des réponses mais que ça ne sert à rien car sur le moment c’est chaud… Je rentre chez moi et une semaine après je reçois un courrier. Je vois logo des Girondins… J’ouvre la lettre, c’était un avertissement pour absence à l’entrainement, 30% du salaire en moins… Je vais le voir parce qu’il fallait lui faire signer la feuille et lui rendre. Je lui demande une explication, et il me dit ‘mais en fait, tu n’as toujours pas compris que je ne t’avais pas laissé un jour de plus’. Du coup, il est resté sur son mensonge… »
Et apparemment, ça ne s’est pas produit qu’une seule fois selon l’ancien réserviste bordelais.
« Bref, je n’ai rien dit, l’année passe, je l’appelle en mars. Je lui dis que j’ai un problème de voiture, que j’aurai cinq minutes de retard pour la vidéo, car j’habitais à Bordeaux et la vidéo était au Haillan. Il me dit ‘pas de problème, prends ton temps’. Je prends un taxi, j’arrive à la vidéo, avec deux minutes de retard. Je rentre dans la salle, je m’assoie. Il me dit ‘tu sors, je n’accepte pas les retardataires’. Je me demande ce qu’il a contre moi… C’est personnel. Je n’ai jamais compris pourquoi. Je sors, je rentre chez moi, encore une lettre (rires) : avertissement et 30% encore en moins sur le salaire. Du coup, je vais le voir, il me dit qu’il n’a pas de souci avec moi, et il commence à dire ‘ma femme est algérienne aussi’. Mais je ne l’avais jamais amené sur ce terrain-là (rires). Quand quelqu’un commence à parler comme ça, c’est qu’il a quelque chose contre toi, mais il ne veut pas l’avouer. J’avais compris. A partir de ce moment-là, il ne me faisait plus jouer. Il me prenait sur le banc, il m’amenait jusqu’à Romorantin, j’étais sur le banc et je ne jouais pas. A l’entrainement, plus tard, je me fais le ménisque. Je me blesse, je me fais opérer… Avant ça, je leur dis qu’il faut que je fasse des examens, que je sais que mon genou a un truc bizarre… Ils n’ont pas voulu me faire d’examens. Rien. J’ai dû forcer… C’est comme ça qu’ils ont vu que j’avais un problème au ménisque et qu’ils m’ont opéré. Je n’ai pas eu un seul message ou un seul appel du coach. Rien du tout. Et quand on se croisait dans les couloirs, ce n’était pas un bonjour, pas un regard, pas une demande sur mon genou, rien… Je n’existais plus du tout. J’ai fait ma rééducation… Enfin, si on appelle ça une rééducation, parce que c’était catastrophique à Bordeaux… Les soins là-bas, ça n’avait rien à voir avec Toulouse. Tout était vieux, etc, bref… Je ne rejoue pas jusqu’à la fin de la saison. Mon agent m’appelle et me dit ‘j’ai des essais en Italie, etc…’. Mais j’avais encore des points sur le genou… Bref, en gros, j’avais un coach qui me mentais, un agent qui se foutait de ma gueule… ».
Et Ilias alla, en fin de saison, au rendez-vous que chaque joueur a pour son avenir, lui qui arrivait en fin de contrat.
« Il y a la réunion de fin d’année, pour savoir si tu es gardé ou pas (rires). Elle a duré dix secondes. Je rentre dans le bureau, je serre la main à tout le monde. Je m’assoie. Ils me disent ‘on veut te garder encore un an amateur’. Dans ma tête je me dis que c’est une blague… Dès qu’ils me disent ça, je me lève, je leur serre la main ‘non merci, bonne saison à vous l’année prochaine’. Dix secondes. Les gens étaient choqués, je me souviens, parce qu’on faisait tous la queue dehors… Depuis ce jour, je n’ai plus jamais entendu parler de lui, je ne l’ai plus jamais revu ».