[Interview Girondins4Ever] Paul Reulet (Granville) : “Bordeaux est un club qui retrouvera sa place rapidement, je l’espère pour leurs supporters”

    Photo US Granville

    Avant la rencontre retour entre le club des Girondins de Bordeaux et celui de l’US Granville, comptant pour la 29ème journée du championnat de National 2, nous nous sommes entretenus avec Paul Reulet, gardien et capitaine de cette équipe. Il est au club depuis Juillet 2020, lui qui a été formé et qui a joué au Stade Malherbe Caen. Un échange très sympathique où nous avons pu évoquer plein de sujets divers et variés. Sa formation, son arrivée à Granville, l’évolution et le niveau actuel de ce championnat de National 2, mais aussi le match aller avec la victoire bordelaise 2-1, le match à venir, le Matmut, les Girondins, Andy Carroll, les enjeux, son avenir… 

    Vous êtes arrivé à l’US Granville à l’été 2020, après avoir passé une grande partie du temps à Caen, votre club formateur. Comment votre venue s’est-elle faite ?

    Je sortais d’une année de chômage donc le but était surtout de rejouer au foot. Puis il y a eu l’opportunité d’aller à Granville, qui était aussi à proximité de Caen donc les deux m’allaient bien en fait. Les deux ont fait que ça m’a permis de me relancer aussi et de continuer à jouer au foot.

    Est-ce que quitter Caen a été difficile pour vous ?

    Difficile, forcément parce que quand on passe tout ce temps là-bas, quand on a fait toutes ses classes à Malherbe, c’est un peu compliqué. En plus c’était l’année où on descendait de Ligue 1 à Ligue 2. Après, c’est une page qui se tournait. Sur le coup c’était un peu compliqué mais après on repart vite sur autre chose.

    Aujourd’hui le club caennais est relégué en National et cela ne semble pas bien se passer entre les supporters et la direction, notamment l’actionnaire qui n’est autre que Kylian Mbappé. Vous suivez ça de près ?

    Oui, je suis forcément ce qui peut se passer là-bas. Après, le club a des supporters quand même assez importants donc ils méritent aussi d’avoir une équipe qui joue au plus haut niveau, un peu comme Bordeaux malheureusement. Quand les résultats ne suivent pas et que ça descend… Est-ce que ce n’est pas un mal pour un bien ? De revenir, de restructurer le club et repartir de l’avant. Si dans deux ou trois ans ils sont en Ligue 2 et qu’ils jouent le haut de tableau… Il faut aussi prendre ça avec du recul et se dire que ça permet peut-être aussi au club de repartir sur des bases solides, avec des joueurs motivés et qui auront envie de s’arracher pour le club. Reculer pour mieux sauter, tout le monde sait que ça peut faire du bien aussi au club. Malheureusement, de descendre, d’être rétrogradé, ça fait des emplois en moins pour des gens qui bossent dans l’ombre de ces clubs-là. Mais je pense que ça peut permettre aussi de bien restructurer le club et de repartir de l’avant.  

    En cinq saisons au club de Granville, quelles évolutions avez-vous pu constater au club et dans le championnat ?

    L’évolution, si on ne doit parler que de nous, on a quand même fait une meilleure deuxième partie de saison que ce qu’on a pu faire. On était quand même à neuf points à la trêve après le match contre Bordeaux d’ailleurs, ce qui était très, très faible quand même. Puis on a su redresser la barre, on a su revenir sur nos concurrents directs, ce qui nous permet d’avoir une fin de championnat où on a quelque chose à jouer heureusement. Pour ce qui est du championnat de N2, de toute façon on s’est rendu compte aussi cette année, par rapport à ce qu’on avait pu connaître avant, que le championnat de N2 a quand même bien, bien, bien évolué. Je pense que c’est ce qu’ils voulaient aussi quand ils ont réduit le nombre de groupes. On est plus que trois au lieu de quatre donc je pense qu’ils voulaient aussi une antichambre du National avec un niveau beaucoup plus élevé, ce qu’ils ont réussi. Le championnat de N2, pour la quatrième division française, commence à avoir quand même un sacré niveau, je trouve.     

    Vous avez vu des changements sur le niveau du championnat cette saison par rapport à la précédente ?

    Oui, oui, je pense que le championnat a quand même bien, bien évolué. Quand on voit des équipes comme Locminé, etc qui montent de N3… On aurait pu penser qu’ils allaient avoir un championnat plus compliqué et au final ils ont fait un très bon championnat. J’ai l’impression que toutes les équipes se valent un peu même si Saint-Brieuc a fait une deuxième partie de saison exceptionnelle. Franchement c’est remarquable, avec en plus un parcours en Coupe de France. Allier les deux est encore plus fort du coup. Le championnat de N2 est maintenant assez relevé.

    Photo US Granville

     

    Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que les Girondins de Bordeaux allaient être dans votre groupe de N2 ?

    Déjà, de base, on devait avoir Niort donc ça restait quand même une belle équipe du championnat de France de Ligue 2 et qui a quand même été longtemps dans ce championnat. Après, quand on apprend qu’on allait avoir les Girondins de Bordeaux, ça fait forcément bizarre. Ça fait mal aussi pour les avoir connus pendant des années en première division, les avoir vus Champions de France il y a 15 ans à peine. Ça fait bizarre mais c’est comme ça. C’est le foot et les règles qui vont avec. Malheureusement il y a des choses à respecter. S’ils sont là c’est qu’il y a des choses qui n’ont pas forcément été faites dans les règles malheureusement. Mais c’est un club qui, je pense, retrouvera sa place rapidement, je l’espère pour leurs supporters. Si vous avez mangé votre pain noir depuis quelques années ? Je me doute. On suit ça de loin parce qu’on voit ça de loin, mais je me doute.      

    Au match aller Bordeaux est venu s’imposer 2-1, avec trois buts inscrits en fin de rencontre. Que vous a-t-il manqué pour espérer une meilleure issue ?

    Déjà on prend deux buts sur deux coups de pied arrêtés. C’était aussi une époque où on n’était pas forcément très solides et très bons dans ce domaine-là. Sinon, dans le jeu on avait répondu présents dans l’ensemble. On avait su s’adapter aussi au style de jeu qu’avait Bordeaux à cette époque-là, des ballons sur Carroll, qui est très, très bon là-dedans. Maintenant, ce qui nous avait manqué pour moi c’est un peu plus de constance sur les coups de pied arrêtés, qui était quand même une des forces de Bordeaux. Puis vous savez, d’un match à l’autre ça se joue sur des détails. 

    Quel effet ça fait de se confronter à un joueur de la trempe d’Andy Carroll ?

    C’est sûr qu’on avait l’habitude de le voir à la télé sur Canal, sur les matchs de Premier League (rires) donc forcément, c’est assez rigolo de tomber contre un joueur de ce niveau-là en N2. Après, pour le coup on essaye de faire tout de suite abstraction, ça reste un joueur comme les autres. Ça reste certes d’un niveau assez exceptionnel quand même mais on essaye de switcher, de se dire que pour moi en tant que gardien, qu’il ne m’en mette pas. Malheureusement il m’en a mis un (sourire). On essaye de vite switcher là-dessus et faire en sorte que ça se passe au mieux pour notre équipe.

    Vous allez découvrir le Matmut Atlantique lors de ce match retour. Est-ce qu’on ressent l’excitation monter dans le groupe à l’approche de cette rencontre ?

    Alors j’ai eu la chance d’y aller déjà deux fois, donc je connais un peu le stade. En tant que joueur ou spectateur ? En tant que joueur, j’ai été la doublure de Vercoutre pendant deux ans donc j’ai connu le stade quand il était tout neuf d’ailleurs. Il venait juste de sortir de terre. Il y a forcément des matchs sympas à jouer, surtout en N2 parce qu’on n’a pas forcément la chance de faire des matchs de cette trempe-là. Il y a beaucoup de joueurs qui vont découvrir ce stade et l’engouement qu’il peut y avoir autour d’une équipe comme Bordeaux. Ça va être sympa à vivre.  

    Photo US Granville

     

    Quel est votre rôle en tant que capitaine avant un match dit de gala ?

    Il n’y a pas vraiment de leadership, de capitaine etc… C’est à celui qui a envie de parler, le groupe l’écoute. Le capitaine, il en faut un sur le terrain on va dire, mais il y a plusieurs personnes qui aiment prendre la parole au sein de l’équipe et qui drivent toute cette équipe. Donc il n’y a pas vraiment de mots ou quoi, c’est aussi mettre en confiance les joueurs, ne pas forcément se prendre la tête parce qu’on joue dans un grand stade de foot, qui est du niveau de la Ligue 1. Il n’y a pas vraiment de discours particulier. C’est surtout prendre du plaisir et atteindre notre objectif de fin de saison.     

    Granville se bat pour le maintien à deux journées de la fin, alors que la saison dernière vous étiez dans le haut du classement. Est-ce qu’on arrive à se remobiliser quand ce n’est pas forcément l’objectif qui était peut-être espéré en début de saison ?

    Le problème avec le championnat de N2 c’est que les groupes changent énormément d’une année à l’autre. Les joueurs – et tant mieux pour eux parce que c’est bien aussi – vont dans des clubs avec de plus grosses ambitions, ou à l’étage supérieur. Donc forcément, d’une année à une autre, un groupe change tellement qu’avoir une même dynamique sur deux ans c’est compliqué, à moins de garder une ossature comme ont pu le faire Saint-Malo ou Saint-Brieuc. Garder une ossature de cinq ou six joueurs qui fait que l’équipe se connaît et ça permet aussi aux autres de s’intégrer plus vite et de faire en sorte que ça tourne plus vite et plus tôt dans le championnat pour vite prendre des points. L’effectif a énormément changé d’une année à l’autre, et encore plus pendant la saison. D’une année à une autre en N2, c’est compliqué à moins de vraiment garder une ossature, pour avoir une même dynamique d’une saison à l’autre.

    Vous vous entraînez à quel rythme par semaine ?

    On s’entraîne tous les jours, tous les matins. On a quand même un rythme comme si on était entre guillemets, un club normal. On s’entraîne tous les matins, tous les jours. On a, je pense, le rythme normal d’un club de foot. En tout cas, par rapport à ce que je faisais à Caen, c’est-à-dire un entraînement par jour. Des fois c’était doublé les mardis, mais on a un rythme normal. Si j’ai une activité à côté ? Je ne suis que sur le foot, après j’ai des affaires personnelles à côté, en plus du foot. Mais mon principal métier est footballeur. J’ai créé ma boutique de vente de chaussures (PR2 Sneakers, ndlr) et j’ai aussi investi sur Caen dans l’immobilier. J’ai ma boutique en ligne et des boutiques éphémères de vente de baskets. Si ça prend du temps ? Oui aussi (sourire). Il faut allier les deux mais ça va, on a quand même un métier qui nous permet d’avoir beaucoup de temps. On ne va pas se plaindre.         

    A titre personnel vous en êtes à 5 talents reçus par les coachs adverses cette saison, autant que vos coéquipiers Kenny Herbin et Yves Djédjé. Est-ce que ce sont des distinctions auxquelles on pense ?

    Non franchement je vous avoue que pour moi ce n’est pas très, très important. Je ne sais pas si ça a une valeur, tant mieux, mais le plus important c’est surtout que l’équipe tourne et qu’on se maintienne en N2. Si je finis la saison à cinq ou à plus, franchement ce n’est pas quelque chose qui changera grand-chose pour moi. C’est surtout le groupe qui est le plus important je pense. Si Kenny Herbin ou Yves Djédjé finissent à 7 peu importe, ça m’ira très bien et si on se maintient en plus, ce sera parfait. Des distinctions comme ça, surtout que c’est au bon vouloir de l’entraîneur aussi donc bon… C’est toujours bien d’en avoir c’est sûr, mais ce n’est pas quelque chose auquel je fais forcément attention.    

    Photo US Granville

    Etes-vous prêt à repartir pour une sixième saison ou est-ce qu’on a envie de voir autre chose quand on a passé cinq ans dans le même club ?

    Je suis en train de me poser beaucoup de questions, de savoir si je vais continuer ou pas le foot en plus. Donc je vous avoue que pour l’instant je suis dans une optique de partir de Granville. On se posera les questions une fois que le championnat sera terminé. On posera le pour et le contre et on verra tout ça à ce moment-là. Pour l’instant il y a plus important que ma position personnelle. Il y a le club à sauver avant.  

    Bordeaux repartira en National 2 la saison prochaine sauf catastrophe. Est-ce que quand on est joueur on se dit que ça va peut-être enlever les chances de monter car Bordeaux risque de s’armer en conséquence ?

    Forcément, quand on est une grosse cylindrée comme les Girondins de Bordeaux, on se dit que ça réduit forcément pas mal les chances de monter pour les équipes qui sont dans le haut. Après, une saison est tellement longue et il y a tellement de matchs compliqués. En plus de ça aussi, quand Bordeaux se déplace ça remplit les stades donc je pense que les clubs aussi sont contents d’avoir une équipe comme Bordeaux. Quand on joue à Locminé ou même à Granville, quand on a fait plus de 3 000 personnes pour la venue de Bordeaux… Ça ramène de l’argent au club, ça fait beaucoup de choses. Donc au niveau du classement, ça réduit forcément les chances de monter mais je pense que les clubs sont aussi contents d’avoir ce type d’équipe, d’aller jouer au Matmut parce que c’est un stade de Ligue 1. Il faut peser le pour et le contre. Les équipes sont satisfaites aussi d’avoir une équipe de ce calibre-là. Ils vont mettre des moyens l’année prochaine je pense pour être une équipe qui va jouer au moins le top 3, voire le top 2 sûr. Ce club mérite aussi d’être plus haut, mérite de retrouver l’élite parce que c’est un club très important du football français.   

    Un Grand Merci à Paul Reulet pour sa disponibilité et pour cet entretien.