Le communiqué des joueurs centrafricains, dont cédric Yambéré

Il y a quelques heures, nous vous rapportions une mutinerie des joueurs centrafricains, avec notamment une altercation entre le capitaine des Girondins de Bordeaux, Cédric Yambéré, et son sélectionneur. Les joueurs centrafricains ont ainsi fait grève, pour une histoire de primes. Le défenseur central bordelais a publié hier soir un communiqué pour expliquer le pourquoi du comment. Le voici.
LE COMBAT DE TOUT UN PEUPLE
C’est avec un profond regret que nous, joueurs de la sélection nationale centrafricaine, prenons la parole aujourd’hui pour dénoncer une situation devenue intenable.
Depuis plusieurs mois, nous faisons face à des ingérences répétées et à des promesses non tenues concernant les primes de match qui nous sont dues. Malgré nos efforts constants pour hisser haut les couleurs de notre pays, les engagements pris par le Président de la Fédération et le Ministre des Sports n’ont pas été respectés.
Ce n’est pas la première fois. Déjà lors du match contre le Ghana et le stage au Sri Lanka, un scénario similaire s’était produit: les primes de match avaient été promises puis non versées. À cela s’ajoute le fait que les joueurs blessés n’ont même pas perçu la totalité de leurs primes de présence du fait qu’ils se soient blessés en sélection. Aucune prise en charge médicale sérieuse n’a été mise en place : pas de rendez-vous pour une IRM ou une échographie, pas de matériel de soin adapté, ni d’assistance suffisante. Ce manque de respect, de considération et de moyens affecte non seulement notre santé, mais aussi notre performance et notre engagement.
Notre dernière victoire, loin d’apporter l’élan espéré, a été une nouvelle désillusion. Elle représente la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Nous avons toujours fait preuve de professionnalisme, de patience et de loyauté envers notre nation, malgré des conditions qui ne sont pas dignes d’une sélection nationale (aucun match à domicile depuis plus de 4 ans…). Mais aujourd’hui, il est temps de faire entendre nos voix et de dénoncer les dysfonctionnements profonds qui freinent l’évolution de notre football.
Nous saluons le travail du nouveau staff technique, qui commence à porter ses fruits, notamment à travers les récents résultats. Mais sans un minimum de respect des engagements, même les meilleurs efforts sont vains.
C’est pourquoi, après concertation et d’un commun accord entre tous les joueurs de la diaspora, nous avons décidé de ne pas prendre part au prochain match, et ce malgré les menaces et pressions pesant sur notre avenir en sélection.
Cette décision n’a rien à voir avec l’influence d’un petit groupe, comme certains voudraient le faire croire. Elle a été prise collectivement, avec lucidité, responsabilité et dans l’unité complète de l’ensemble des joueurs concernés.
Nous tenons à préciser que nous n’avons été informés qu’à notre arrivée au stage qu’il n’y aurait pas de prime de match, mais uniquement une prime de regroupement. Il nous a été dit qu’en cas de victoire, une prime pourrait éventuellement être envisagée… Mais là encore, aucun engagement concret, aucune garantie, rien n’a été respecté.
Aujourd’hui, cette action n’est pas un acte de guerre. Ce n’est pas une opposition brutale. C’est un cri d’alerte. Une manière de dire stop à ce manque de considération, calmement mais fermement. Pour que les choses changent, pour que le respect devienne la base de notre fonctionnement, et pour que notre football ait enfin les moyens de progresser.
Notre objectif reste clair: une qualification historique à la CAN. Nous voulons rendre fier le peuple centrafricain, et pour cela, nous avons besoin d’un environnement sain, respectueux et structuré.
Nous restons unis, solidaires, et profondément engagés pour notre pays. Ce combat est celui de tout un peuple, pour l’avenir du football centrafricain.
Vive la Centrafrique”
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