InterviewG4E. Michaël Ciani : “Steve (Shamal) a gagné 15 jours”

L’ancien défenseur central des Girondins de Bordeaux, Michaël Ciani, après avoir été consultant, a choisi de continuer dans le monde du football, en étant entraineur. Après une première expérience réussie à Houilles en R1, le voici, pour quelques semaines, dans le staff de l’équipe de l’UNFP. Une manière de garder le contact avec ce métier, et de continuer à se perfectionner. Il put ainsi croiser et coacher le nouvel attaquant bordelais, Steve Shamal, dont il va nous parler. Il garde également un œil attentif à la situation du Club au Scapulaire, qu’il pourrait aider si l’on pense à lui. Entretien.
On sait que ce n’est pas évident pour un footballeur pro de faire la démarche d’être à l’UNFP. Comment as-tu senti Steve Shamal dans l’état d’esprit ?
« Ce n’est jamais évident pour un footballeur d’aller à l’UNFP, oui, mais j’ai envie de dire que c’est l’égo qui parle. Il n’y a rien de mieux que de s’entrainer en groupe. Il n’y a rien de mieux que d’avoir une vraie préparation, avec un groupe de qualité, avec des infrastructures de qualité, un staff de qualité. Les joueurs qui sont là l’ont compris, et Steve l’a compris. Cela le met dans les meilleures dispositions justement pour rejoindre un club. Il n’aura pas de retard. On a commencé une à deux semaines avant la reprise des autres clubs, donc en termes de préparation il est opérationnel. Et ça, je trouve que c’est la meilleure solution pour un footballeur. Autant c’est difficile et contraignant de se dire en tant que joueur qu’on n’a pas de club et qu’aller à l’UNFP c’est montrer aux yeux des gens qu’on n’a pas de contrat, mais en même temps c’est la meilleure solution pour être compétitif. Les joueurs qui sont là l’ont bien compris.
Dans les qualités footballistiques, toi qui es coach, que penses-tu de son profil ?
J’ai trouvé, au niveau de ses qualités, que Steve était un joueur percutant, qui aime aller vers l’avant. Il a beaucoup de dynamisme. Il est assez technique, il se permet de dribbler dans les zones critiques pour l’adversaire. Après, je ne l’ai connu que quinze jours, ce n’est pas un joueur que j’ai entrainé pendant des mois ou des années. J’ai peu de choses à dire sur lui mais de ce que j’ai vu – et j’en ai déjà parlé avec lui individuellement – j’aimais beaucoup son style de jeu. Après, effectivement, sur ce que j’ai vu, il y a des points à améliorer, et il les connait très bien. C’est dans sa réaction, sa réactivité à la perte de balle. Ce sont des choses qu’il va pouvoir peaufiner à Bordeaux auprès de Bruno Irles, qui fait du bon boulot.
Comme tu le disais, il a aussi gagné quinze jours de physique avec une préparation qui est digne d’un club pro à l’UNFP…
Il a gagné quinze jours de physique. Pour être prêt, ça il l’est. La vie de groupe, il l’a reprise avant les autres. C’est sûr qu’il est conditionné pour reprendre, et il ne sera pas en retard. Au contraire, il sera même en avance sur les autres.

Que penses-tu des anciens joueurs justement qui reviennent dans leur club pour aider, et encore plus aux Girondins quand le club n’est plus professionnel ?
C’est bien que les joueurs reviennent dans leur club. C’est vrai que le club n’est plus professionnel, mais cela reste Bordeaux… Sur un plan personnel, les Girondins de Bordeaux restent un géant français. Il y a toujours le nom qui résonne malgré toutes les déceptions, et avoir des joueurs qui reviennent au club, cela prouve leur amour pour le club aussi. Je pense que le rôle des anciens joueurs, en tout cas ceux qui portent le club dans leur cœur, c’est de l’aider justement à le relever, en montrant qu’on est toujours solidaires.
L’année dernière, Driss Trichard est également arrivé de l’UNFP… Est-ce qu’il y aurait d’autres joueurs à l’UNFP dont les Girondins pourraient avoir besoin ?
Bien sûr qu’il y a d’autres joueurs qui ont le profil pour jouer aux Girondins ! Moi, je conseillerais effectivement différents joueurs qui sont à l’UNFP cet été. Après, il y a des prétentions aussi. Il y a des joueurs qui espèrent retrouver des clubs de Ligue 1, Ligue 2, National, l’étranger peut-être. Autant, c’est vrai qu’il y a un projet intéressant, celui de remettre le club bordelais au meilleur niveau, sur plusieurs années, autant il y a certains joueurs qui ont plus ou moins d’expérience, et qui veulent autre chose. Mais oui, il y a des profils intéressants pour aider Bordeaux.
Que penses-tu de la situation actuelle des Girondins, qui sont désormais en National 2…
Oui, la situation des Girondins est très compliquée (il soupire). On ne peut pas se réjouir de la situation de Bordeaux. Après, voilà, il y a un genou à terre, et il va falloir se relever. C’est dommage qu’ils n’aient pas pu enchainer une montée directement la saison dernière. C’est ce qui aurait montré la bonne dynamique, la bonne réaction de Bordeaux dans ce genre de situation. Il ne faut pas arrêter, il faut continuer à bosser, à mieux bosser, c’est important. Il ne faut pas refaire les mêmes erreurs, et donc bien se construire, bien s’entourer. Je souhaite le meilleur à ce club, forcément.
Quelles sont les raisons selon toi de cette chute ?
Je ne peux pas vraiment me prononcer sur ça… J’ai des a priori, j’ai entendu des choses, mais je ne peux pas me prononcer, je ne suis pas dans les petits papiers. Je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants. C’est juste que c’est désolant pour les amoureux du club, mais même pour les amoureux du football et du football français. Il ne faudra pas refaire les mêmes erreurs. Il faut essayer, dans ces cas-là, de mieux tomber pour mieux remonter. Ce n’est jamais évident. Depuis mon départ en 2012, il y a eu pas mal de changements, et ce sont les changements, je pense, qui font mal au club. Il faut garder l’identité. Quand je suis arrivé, c’était un club familial, qui s’est petit à petit déformé avec le temps j’ai envie de dire, avec d’autres visages qui ne représentaient pas forcément le projet du club et le club en lui-même. C’est un peu ce que j’ai à dire, mais je ne peux pas dire exactement pourquoi le club a autant chuté.
On dit que les grands clubs ne meurent jamais, est-ce ton avis ?
Oui, le club restera en vie. Tant qu’on ne change pas de nom, les Girondins de Bordeaux resteront les Girondins de Bordeaux. Encore une fois, l’objectif est de remonter au meilleur niveau. C’est tellement un club qui a une histoire, qui résonne dans le championnat de France depuis des années, qu’on ne peut pas l’oublier du jour au lendemain. C’est les Girondins de Bordeaux quoi (sourire), il n’y a rien à rajouter.
Te concernant, est-ce que tu as déjà proposé tes services pour aider le club, ou entrainer ?
Non, je n’ai pas réellement proposé mes services, mais encore une fois, cela passe par aussi le fait qu’il y a eu beaucoup de changements. Il y a beaucoup de personnes que je connaissais au club qui ne sont plus là. C’est une question de contacts aussi. Mais oui, je serais ravi de pouvoir intégrer, et d’aider surtout le club qui m’a tant donné. Pour moi, ce serait un plaisir.
Tu étais à Houilles (R1) et désormais, comme pour les joueurs, tu exerces à l’UNFP… Est-ce une expérience intéressante ?
J’étais à Houilles, en R1, que j’ai réussi à faire monter pour la première fois de leur vie dans cette division. On aurait pu les faire monter en National 3, avec pas mal de facilités la saison dernière. Et les choses se sont mal passées avec le club, donc il y a eu quelques difficultés. Aujourd’hui, je suis avec l’UNFP parce que j’ai eu une demande faite par les responsables. J’ai accepté volontiers parce que je suis lié à l’UNFP depuis que je suis joueur. Je fais partie du club des internationaux français aussi, donc voilà. Je pense que c’était une bonne opportunité pour moi, pour montrer aussi ce que je faisais, que je suis là. Il faut aussi que je me reconnecte à un projet professionnel, donc pourquoi pas me donner des chances de pouvoir me montrer, et d’avoir une proposition.
Où en es-tu justement en ce qui concerne tes diplômes, et quelles sont tes ambitions à court et plus long terme ?
Je passe mes diplômes. J’ai passé le BEF il y a trois ans. Mon objectif c’est aussi de compléter tous ces diplômes, de passer tous les examens, et de coacher au meilleur niveau, de connaitre autant de réussite que j’ai pu en avoir en étant joueur, en tant qu’entraineur. Ça, c’est mon objectif. Je pense avoir les épaules assez fortes pour pouvoir supporter ça. Je suis prêt à travailler pour y arriver, je pense avoir le tempérament pour le faire. C’est un métier que j’ai découvert il y a quelques années et dans lequel je me reconnais bien, dans lequel je prends énormément de plaisir. Donc l’objectif est petit à petit de gravir les échelons, essayer de grappiller quelques divisions à chaque fois, pour arriver là-haut. Mais en prenant le temps qu’il faudra ».