[InterviewG4E] Patrick Olive (Saumur) : “Je ne change absolument pas d’avis, sur la durée Bordeaux sera là”

Avant la rencontre entre les Girondins de Bordeaux et celui de l’Olympique Saumur, comptant pour la 4ème journée du championnat de National 2, nous nous sommes entretenus avec Patrick Olive, entraîneur de cette équipe. Un nouvel échange fluide avec une personne qui entame une deuxième saison de National 2 en tant qu’entraîneur principal de cette équipe. Nous avons évoqué avec lui le repêchage du club, son bilan, les objectifs, son groupe, l’ancien bordelais Nathan Benmoussa, son début de saison et le match à venir…
Vous avez eu le bonheur d’apprendre votre repêchage en National 2 cette saison.
Je suis très heureux d’être à nouveau dans ce championnat de National 2, comme tous les joueurs et tout le club. Ce n’est que du plaisir. Si c’est une fierté de laisser cette équipe de Saumur à ce niveau ? Sur ce plan-là je suis assez exigeant et j’ai encore en travers de la gorge qu’on soit descendus sportivement, même si je suis très heureux de participer de nouveau à ce championnat. C’est une chance pour le club, c’est une chance pour nous tous, les joueurs, moi. Il y a de supers matchs, de supers adversaires, mais malgré tout on est descendus sportivement donc je ne me satisfais pas que le club fasse sa quatrième saison en N2. Aujourd’hui c’est l’objectif, et on a une grande détermination pour ça, c’est d’y rester sportivement pour faire une cinquième saison.
La saison dernière était votre première en tant qu’entraîneur principal de Saumur. Quel bilan tirez-vous de cette saison ?
Tous les matchs sont très serrés, les adversaires sont bons, ils sont bien préparés, il y a des bons staffs et donc ça se joue souvent à très peu de choses. Les dynamiques de confiance sont hyper importantes, que ce soit pour monter ou pour descendre. Donc il y a eu des moments clés où on n’a pas su faire tourner à notre avantage malgré des bonnes prestations. Du coup ça vous met dans la difficulté et ça se joue souvent à pas grand-chose. Après le match aux Girondins d’ailleurs la saison dernière (victoire de Saumur 1-0), il n’y a plus eu une seule victoire même si on y a cru jusqu’à la dernière journée. On a l’humilité de savoir que ce championnat est très exigeant, très difficile, que rien n’est jamais gagné. Même dans un match quand vous gagnez, et ça s’est passé sur le début de saison contre des équipes où vous menez à cinq minutes de la fin, puis que vous perdez, tout est possible… Il faut vraiment batailler et être très concentrés à chaque match. Le bilan qu’on en tire c’est ça, c’est qu’émotionnellement et dans notre investissement on doit être, très, très, très réguliers parce que ça ne tient qu’à très peu de choses.
Cette saison vos dirigeants vous ont fixé des objectifs précis ou c’est encore trop tôt ?
Ce serait très difficile pour Saumur de se fixer autre chose qu’un maintien. Ça fait deux ans que le club est repêché après une descente sportive donc il n’y a aucune pression sur ce plan-là. La pression est que le groupe progresse, ça vit bien, on arrive à promouvoir des jeunes. Ils veulent voir des gens qui se battent sur le terrain, qui sont généreux. Il n’y a aucune pression d’objectifs fixés sur ce plan-là. Après, nous, que ce soit les joueurs, moi, on ne souhaite pas revivre (la saison dernière)… C’est tellement désagréable de perdre des matchs et descendre, qu’on ne souhaite pas revivre ça, donc on va s’arracher pour que ça ne soit pas le cas.

Vous avez désigné en début de saison Bordeaux parmi les favoris. C’est toujours le cas selon vous ?
Oui forcément, de par l’historique des Girondins. Après, je ne connais pas suffisamment l’équipe et les joueurs de cette année. Mais quand on regarde les pedigrées, ce sont des joueurs qui ont joué sur des niveaux professionnels en France ou à l’étranger. Avec l’engouement qu’il y a, le public, c’est un club qui est incomparable en National 2 donc quoi qu’il en soit, de toute façon ils sont favoris. Le début de saison est un lancement, ça va se régler, ça va monter en puissance. Je ne change absolument pas d’avis, sur la durée Bordeaux sera là.
Vous avez vu partir votre meilleur buteur et meilleur talent de la poule Wail Bouhoutt, mais aussi Vincent Manceau qui a stoppé sa carrière et le gardien Hugo Cointard vers Créteil. Il était compliqué de conserver ces éléments ?
Compliqué ? Ce sont trois cas vraiment différents. Vincent mettait un terme à sa carrière. Hugo a eu une proposition difficile à refuser avec un gros projet sur Créteil, donc c’était difficile pour lui malgré son attachement au club et à la région parce que c’est un vendéen. Sa copine est sur Paris, il y avait tout un ensemble de choses qui fait que c’était difficile qu’il puisse continuer avec nous. Puis Wail c’était une fin de cycle. Il a connu plein de belles choses avec Saumur, il arrivait à la fin d’un parcours. Il voyait que de son point de vue, le club avait du mal à franchir ce cap à ce niveau. Puis il avait envie de se remotiver, de découvrir un autre contexte, etc. Il n’y a pas eu vraiment de grosses négociations pour les forcer à rester, ça s’est fait absolument naturellement et dans un bon état d’esprit.
En revanche, vous avez tout de même gardé un effectif plutôt stable malgré la saison. Est-ce que ça peut jouer en votre faveur au niveau de la cohésion et des automatismes dans cette première partie de championnat ?
Je ne sais pas si ça peut jouer en notre faveur parce qu’on a su très tard qu’on serait en N2. On a repris une semaine à deux semaines après les autres, on a eu des contraintes de recrutement, on a perdu des joueurs. Si ça doit nous aider c’est plus dans cet esprit un peu revanchard de se dire qu’on est descendus sportivement et qu’on souhaite se servir de cette expérience-là pour être plus consistants. Donc c’est plus dans cet état-là, où on a peut-être une rage de vaincre qui est au-dessus. Après il faut que ça perdure, ça ne peut pas être que sur quelques matchs. Il faut que ça dur sur la saison.
Vous avez recruté le milieu Nathan Benmoussa, qui évoluait avec la réserve des Girondins. Comment cela s’est fait et pouvez-vous nous le présenter puisque nous ne l’avons jamais vu avec notre groupe N2 la saison dernière ?
C’est quelqu’un qui est très polyvalent. C’est lui qui m’a sollicité, savoir si on cherchait des joueurs, donc je l’avais mis en attente au départ parce qu’on n’était pas autorisés à avoir des joueurs mutés. Puis je l’ai pris à l’essai pendant une semaine, il a eu une très, très bonne démarche, j’ai senti quelqu’un de poli, de travailleur, avec un état d’esprit qui pourrait correspondre chez nous. Donc je voulais le voir, j’avais besoin de joueurs de couloirs, je lui ai donné sa chance sur une semaine où il a fait deux matchs, toutes les séances d’entraînements, de matchs. Il a été plutôt moteur positif sur les séances, très dynamique, très travailleur. Son état d’esprit m’a vraiment plu, il y a eu confirmation sur les deux matchs qu’on a joués. Puis le fait d’être polyvalent, on manquait de joueurs de couloirs la saison dernière. Le fait qu’il puisse jouer à droite, à gauche, offensif ou défensif, c’était une vraie plus-value. Donc dès qu’on a eu l’autorisation d’avoir des joueurs mutés, on a finalisé avec lui. Je me suis renseigné sur lui à partir du moment où il cherchait un club en National 2. J’ai eu des bons échos, ça s’est fait comme ça.
Votre groupe est-il au complet à ce jour ou alors allez-vous chercher encore un ou plusieurs éléments ?
Il va être au complet je l’espère. J’attends l’officialisation d’un joueur offensif qui a signé mais bon, je préfère être prudent. J’attends qu’on ait la licence sous les yeux car il y a eu des mauvaises surprises pour d’autres clubs pas loin de chez nous. Donc dès que ce joueur aura signé on sera au complet. Si c’est bien d’avoir son effectif au complet au début du championnat ? Ouais, alors c’est bien de l’avoir au début du championnat, mais sur la préparation on a quasiment eu une voire deux arrivées par semaine. Donc ce n’est pas évident non plus de partir sans trop savoir sur quoi on va pouvoir compter. L’engagement des jeunes m’a conforté dans le fait que même s’il ne devait pas y avoir d’arrivées, tout le monde était prêt à se battre sur la saison. Donc c’est plutôt positif et aujourd’hui on a une vraie concurrence à tous les postes.
Bordeaux a changé 90% de son effectif. Semble-t-il plus fort, plus cohérent que la saison dernière ?
Je ne sais pas si ce sera plus cohérent parce que je ne connais pas assez les joueurs derrière et au milieu. Mais c’est sûr qu’avec l’armada offensive qu’on entrevoit, c’est sûr que ça peut faire des étincelles. Matthieu Villette nous a fait beaucoup de mal avec La Roche la saison dernière, pareil pour Ludéric Etonde avec Les Herbiers. Donc juste ces deux-là en N2 dans notre poule, c’est du haut niveau. Si on rajoute les Openda, Shamal, Mannaï qui arrive puis Soufiane Bahassa, ça fait quand même du costaud devant. Après, à Bruno Irles d’harmoniser tout ça pour qu’ils soient efficaces.
Après deux défaites face à Bayonne (0-1) puis aux Herbiers (1-0), vous avez battu Avranches 2-0, un des outsiders. Diriez-vous que votre saison est enfin lancée ?
Par rapport aux points et aux buts marqués, effectivement ça a été lancé là puisqu’on a débloqué les compteurs buts et points. Après, on a vraiment fait de bonnes prestations contre Bayonne et Les Herbiers qui n’ont pas été payées. Donc le tout était que ça puisse basculer pour donner confiance parce que c’est toujours mieux que de perdre, surtout quand on fait des matchs cohérents. Ça n’a pas été payé sur les deux premiers matchs, ça a payé là. Mais bon on a trois matchs, on a quand même deux défaites donc il faut bien garder les pieds sur terre, l’humilité qu’il faut. On sait que c’est dur, on a l’expérience pour ça donc…
Vous venez donc au Stade Atlantique pour affronter les Girondins ce samedi. Ce sera encore une belle affiche pour vos joueurs…
Ouais, ouais… Sur les quatre premières journées, Bayonne est un promu ambitieux, puis on avait Les Herbiers, Avranches et derrière Bordeaux. Donc pour moi, trois des quatre favoris. C’est sûr que les quatre premiers matchs, c’était un peu délicat. Ce n’est pas pour autant que les autres matchs qui arriveront… On va recevoir Châteaubriant derrière, on sait que ça va être très difficile mais c’est peut-être plus notre championnat d’ailleurs Châteaubriant dans deux semaines, que Bordeaux ce week-end. Mais bon on va avec plaisir au Stade Atlantique.
La saison dernière vous étiez venu vous imposer 1-0 sur un but d’Abdel Nour Bouhenni. Qu’est-ce qui avait permis ce succès en Gironde ?
Je pense que nos joueurs cadres s’étaient mis au niveau de l’évènement. On avait cette expérience-là qui nous avait permis de bien gérer ce match-là. Par contre derrière ça a fait flop quoi, donc au final je ne sais pas si c’était une bonne idée de gagner à Bordeaux la saison dernière. Une saison, ce n’est pas juste deux matchs, il faut être réguliers, il faut être efficaces.
Les Girondins ont lancé eux aussi leur saison le week-end dernier en disposant de Châteaubriant 3-1. La rencontre s’annonce donc disputée entre deux équipes qui vont vouloir confirmer ?
Je l’espère en tout cas, ça voudrait dire qu’on va faire une bonne prestation. Après, Bordeaux sur tous les plans c’est normalement supérieur, et si c’est disputé ce sera bon signe pour nous.
Un facteur risque cependant de freiner la bonne tenue de cette rencontre, c’est la pelouse qui est toujours dans un état compliqué… Cela peut-il vous handicaper par rapport à votre style de jeu ?
Ça va handicaper les deux équipes. Je crois que les premiers handicapés ce sont les Girondins dans leur stade. Après, pour nous c’est évident que comme tous les bons footballeurs on préfère jouer sur de bonnes pelouses. Il faut s’adapter, que ce soit une équipe ou l’autre il faut s’adapter aux circonstances. C’est aussi une qualité. Donc je préfèrerais qu’on joue sur un bon terrain mais si ce n’est pas le cas, on fera comme on peut.
Quelles seront les clés du match ?
Je pense déjà qu’il va y avoir une bataille tactique pour comprendre comment joue l’autre. Que ce soit Bordeaux ou nous, on a changé, et de système, et d’organisation sur ces premiers matchs. Donc déjà, savoir comment va jouer l’adversaire. Je pense que ça va être un petit round d’observation et de réglages, même si je sais que Bordeaux va vouloir débuter fort. S’adapter aussi à ce que va proposer l’adversaire. On sera un peu dans l’inconnue l’un et l’autre je pense. Donc une fois que ça va être passé, il y aura peut-être un rapport de force qui aura été d’un côté plutôt que de l’autre sur le début de match. Comment ce premier quart d’heure va être géré par les deux équipes. Le deuxième facteur c’est l’expérience parce que contrairement à l’an passé on a beaucoup de jeunes joueurs donc ils vont découvrir une ambiance de 10 000 personnes. Ils vont découvrir un grand stade. L’année dernière ça avait été parfaitement géré émotionnellement, cette année ça sera peut-être le cas, en tout cas il y a un point d’interrogation. Donc ce sera d’être bien concentrés sur le foot et sur ce qu’il y a à faire de notre part. Mais je m’attends à un gros début de Bordeaux qui va forcément mettre la pression. Ce sera comment passer déjà ce premier quart d’heure puis on verra la suite après.
