L’entraîneur de Boulazac, futur adversaire
des Girondins de Bordeaux en Coupe de France, victime d’insultes
racistes au tour précédant
@Dordogne Libre photo Rémi Philippon
Les Girondins de Bordeaux vont croiser le club
de l’ES Boulazac pour le compte du 6ème tour de la
Coupe de France. Les périgourdins évoluent en Régional 1, et auront
le plaisir de jouer un club mythique, celui du FCGB.
Les bordelais ont passé l’obstacle du Tulle Foot
Corrèze au tour précédant, club de Régional 2. La
rencontre fut serrée et c’est Guillaume Odru qui a
délivré les siens sur un coup-franc direct à la 78ème (0-1). Pour
les boulazacois, ils ont dû se défaire du club de Neuvic
(Dordogne). Mais la fin de rencontre fut compliquée puisque leur
entraîneur Rachid Kerkri, ancien joueur notamment
passé par Trélissac, fut victime de propos
racistes à son encontre, ce qui l’a affecté. Il a tenu à témoigner
de ce moment dont on aimerait qu’il ne se produise plus…
Nous lui apportons bien évidemment tout notre soutien et nous
lui disons à très vite pour ce match qui doit rester une fête du
football.
“Je m’appelle Rachid
KERKRI. J’ai 46 ans,
Français d’origine
marocaine . J’en suis très
fier…et oui
Le football fait partie
de ma vie depuis toujours. C’est un sport qui rassemble, qui unit
et qui fait tomber les barrières.
Dimanche dernier à Neuvic, lors d’une journée
festive et organisée avec passion par le club local, à la fin du
match j’ai été victime d’insultes racistes qui m’ont profondément
marqué :
« Retourne dans ton pays. »
Et après coup « retourne dans ton pays… à Boulazac
» pour essayer de se rattraper.
Ces mots m’ont fait mal. J’ai été choqué, triste et
très déçu même si d’autres pensent le contraire. Dans un moment qui
devait rester sportif et respectueux, je me suis retrouvé face à de
la haine et l’ignorance. Et plus tard dans la soirée pour couronner
le tout j’ai reçu des insultes sur Messenger alors que j’étais en
famille. Pendant quelques minutes j’étais complètement déconnecté
des miens sans savoir si c’était une blague ou bien la
réalité.
Je ne vais pas mentir, tout ça m’a touché.
Mais aujourd’hui je ne veux pas baisser les bras.
Je refuse de laisser la bêtise et la haine gagner.
Je suis avant tout un éducateur, un passionné de
football.
Mon rôle, c’est de transmettre des valeurs : le
respect, la solidarité et la persévérance.
Ces insultes ne me feront pas reculer.
Elles me donnent au contraire encore plus de
motivation pour défendre un football propre, juste et humain.
Un rapport a été envoyé à la Ligue, et je remercie
les témoins de cette scène d’avoir pris le temps de témoigner,
contrairement à d’autres qui ont minimiser voir ignorer ces
insultes ou en cherchant même à me faire passer pour une personne
qui se victimise.
Je laisse les instances compétentes faire leur
travail.
Par ailleurs tout le monde m’a conseillé de porter
plainte mais je ne le ferai pas.
Pas parce que j’oublie ou que j’accepte, mais parce
que je veux montrer le côté humain des choses.
Je veux que cette personne qui est un adulte
responsable comprenne son erreur, qu’il prenne conscience de ses
actes et qu’il en tire une leçon.
En tant qu’éducateur, je pense qu’il faut parfois
montrer l’exemple et pardonner plutôt que d’enfoncer
quelqu’un.
Alors à mon petit niveau de Petit d’éducateur
j’aimerais que cette histoire soit un message pour ne pas laisser
la haine devenir quelque chose de banal:
« la bêtise existera toujours, mais la dignité et
la détermination seront toujours plus forte. »
Je tiens également à remercier toutes les personnes
qui m’ont soutenu que ce soit mon club, mon président, la mairie de
Boulazac, la famille, les amis, les dirigeants du club et tous ceux
qui ont témoigné leur soutien par les réseaux sociaux ou
messages