Laslandes : « J’allais partager avec le public »

     Joie Lilian Laslandes joueur Bordeaux

     

    Que se passe t-il dans la tête d’un attaquant ? France Football a interrogé plusieurs joueurs sur la question, qui évoluent ou ont évolué à ce poste. Lilian Laslandes notamment. « Pour que l’exercice se rapproche le plus possible des conditions réelles, à l’entrainement je me mettais en tête que je jouais devant un public et que c’était le dernier ballon du match. Ce n’est pas juste une formule, je me mettais vraiment dans cet état d’esprit. Comme ça, en match, dans la concentration, la gestion nerveuse, j’avais encore plus de repères […] Si dans un match j’avais été en échec dans une situation précise, je recréais les conditions identiques à l’entrainement suivant pour ‘reprogrammer’ le geste au niveau mécanique et, sur le plan mental, enlever la mauvaise sensation de cette situation pour en remettre une positive ».

     

    Serial buteur en Ligue 1, l’ancien attaquant bordelais se rappelle cette communion avec le public de Lescure. « Quand je marquais, j’exultais et j’allais partager avec le public. Cette explosion commune était extraordinaire, c’était le premier plaisir de mes buts. Je me souviens encore de certains spectateurs dans les tribunes au moment d’aller célébrer. C’est assez dingue. Ensuite, j’allais partager avec les coéquipiers. Sauf quand c’était un caviar et que je n’avais plus qu’à pousser au fond : là je faisais le modeste et j’allais d’abord remercier le passeur ».

     

    Lilian évoque enfin la position d’un attaquant après un match, et notamment une défaite. Son caractère, son ressenti, ses émotions ; des situations parfois contradictoires avec l’équipe. « En cas de défaite où on a marqué, la déception l’emporte mais il y a une sensation égoïste d’avoir fait votre travail. Ce petit plaisir, évidemment, on ne l’affiche pas face aux partenaires car il y aurait un décalage, une incompréhension qui peut poser problème. Mais cette satisfaction toute personnelle existe, il ne faut pas le nier. En revanche, le sentiment de culpabilité, lui, est beaucoup plus durable si on a raté le ballon de la gagne. C’est important de le dire dans le vestiaire, que tes coéquipiers sachent que tu es conscient de ton raté. Parce que c’est toi qui récolte les lauriers quand ça rigole, parfois même à leur détriment. Donc, assumer, c’est aussi assumer l’échec en première ligne, pas seulement les moments de gloire ».

     

    Retranscription Girondins4ever de France Football