[Avant Bordeaux-Nice] Dans la tête de Jean-Louis Gasset…

    (Photo by Sebastien Bozon/Icon Sport)

    L’opinion publique et les médias sont souvent versatiles

    Agréablement surpris par l’état d’esprit et la nouvelle solidité de l’équipe girondine pour les débuts de Jean-Louis Gasset et Ghislain Printant, il a suffi d’une défaite à Lens (match “lamentable” il est vrai) pour distiller sur la toile et dans les journaux le doute sur les qualités de ce groupe.
    Après le match de Marseille (3-1) l’année dernière, tout le projet avait été remis en cause et tous les défauts avaient pris le pas sur les promesses de l’été.

    Jean-Louis Gasset et Ghislain Printant doivent faire réagir le groupe… et vite

    Deux matchs à domicile contre Nice et Dijon pour remettre les têtes à l’endroit, se servir de tous les ingrédients (technique, physique, cohésion) qui ont manqué dans cette dernière rencontre pour piquer chaque joueur, son égo afin de comprendre que l’ambition doit être assumée sur le terrain et non dans les discours.

    Jean-Louis Gasset a été le premier à reconnaître ses erreurs, sûrement pour protéger son groupe, bientôt suivi par plusieurs joueurs. Place aux actes !

    Jean-Louis Gasset et les choix clairs

    Bien entendu, les joueurs sont les premiers responsables de la débâcle de samedi. Mais pour être complètement honnête, notre inquiétude avait déjà commencé à l’énoncé des équipes 1h avant le coup d’envoi.

    Notre entraîneur va devoir faire des choix sur ses hommes, sa tactique (même si elle peut être évolutive) et ainsi nous proposer une continuité indispensable pour la complémentarité, la confiance et la création d’une identité de jeu afin que le groupe progresse.
    Depuis plusieurs années, trop de principes de jeu, de schémas, de turnover à l’intérieur du 11 girondin nous ont empêchés de connaître la vraie valeur de ce groupe.

    Jean-Louis Gasset doit définir clairement :

    – La tactique
    En finir, bannir ce 3-5-2 définitivement pas adapté à la lenteur de Loris Benito, aux problèmes physiques récurrents de Youssouf Sabaly ou aux difficultés offensives d’Enock Kwateng.
    Et que dire des faux pistons, Rémi Oudin en plein doute à l’instar de Samuel Kalu l’année dernière. On pourrait rajouter François Kamano à cette liste et le problème des centraux mal à l’aise dans la défense à 3 (Edson Mexer, Pablo).
    Effectivement cette tactique fonctionne dans d’autres clubs en France mais lorsque l’on voit le volume de jeu et la vélocité de Léo Dubois ou Maxwel Cornet à Lyon et Arnaud Souquet à Montpellier dans leur rôle de piston, on comprend l’intérêt et les caractéristiques des joueurs idoines à ce schéma.

    – L’épine dorsale
    Dans les grandes saisons des Girondins, les 2 derniers titres par exemple, l’épine dorsale (gardien de but, défenseurs centraux, milieu défensif(s), meneur de jeu et attaquant(s)) était parfaitement définie.

    Ainsi lors du premier passage de Jean-Louis Gasset et Laurent Blanc, l’année du titre en 2009, elle était constitué par Ulrich Ramé, Marc Planus et Souleymane Diawara, Alou Diarra, Yoann Gourcuff et Marouane Chamakh.

    En 1999, sous la houlette d’Elie Baup, Ulrich Ramé (déjà lui), Nisa Saveljic et Hervé Alicarte, Michel Pavon, Johan Micoud (et Ali Benarbia), Lilian Laslandes et Sylvain Wiltord.

    Même si ces joueurs étaient indiscutables (par rapport à une plus grande homogénéité de notre groupe actuel), une épine dorsale qui enchaîne les rencontres permettrait une meilleure stabilité à tous les niveaux de notre jeu.
    Sans parler de la donnée économique avec une meilleure visibilité, des meilleures statistiques entrainant une hausse de leurs valeurs marchandes.

    Benoit Costil est le numéro 1, pas de débat. En défense centrale, Laurent Koscielny et Pablo sont les titulaires de par leur expérience et leurs qualités (en cas de départ de ce dernier Paul Baysse pourrait endosser ce rôle), Otávio est indéboulonnable et devant les clés du jeu reviennent à Yacine Adli. Pour gagner en constance, en maturité, il faut lui octroyer cette confiance indispensable et lui permettre d’accumuler des rencontres sans avoir l’impression de jouer avec la pression de se retrouver sur le banc à chaque match plus terne. Il suffit de voir la gestion du cas Adil Aouchiche par Claude Puel à Saint-Etienne pour comprendre que l’accélération de l’apprentissage passe d’abord par le terrain. Devant, même constat pour Josh Maja.
    Il a souvent marqué depuis son arrivée pour se retrouver le match suivant et parfois pendant plusieurs matchs sur le banc. Un buteur a besoin de la confiance de son entraîneur pour s’exprimer au mieux et ne pas perdre ses repères de buteur. De plus, pour ces deux joueurs, les automatismes avec le reste de l’équipe ne viendront pas s’ils jouent par intermittence. Enfin, en complètement de cette épine dorsale, Nicolas De Préville, par son activité, sa percussion et parfois pour ses coups de pieds arrêtés, a une longueur d’avance dans une position offensive excentrée (à droite et à gauche).

     

    Epine dorsale 2020-2021 ?

     

    Reims et Angers, match référence

    Deux matchs, à Reims et à Angers peuvent être utilisés comme base de travail pour composer la tactique la plus à même de mettre en valeur notre effectif.
    Certains diront que le match contre Reims était un simple match amical. Mais pendant 90 minutes, on a vu collectivement ce qu’on attendait depuis la prise de fonction de Paulo Sousa.
    Une défense à 4, comme face à Angers mais surtout un triangle à 3 (Otavio-Mehdi Zerkane et Ruben Pardo) qui nous avait donné une assise défensive et technique vraiment intéressante. De plus, ce trio permet plus de liberté aux deux excentrés et une position plus haute sur le terrain. Et comme il n’y a jamais de hasard, on avait vu un bon Rémi Oudin par exemple.
    Contre Angers, le 4-3-2-1 avait confirmé la solidité ressentie lors du dernier match de Paulo Sousa à Reims, l’explosivité en contre de Nicolas de Préville et le but de renard de Josh Maja avaient fait la différence. Moins de contrôle du ballon et plus d’explosivité. Et si l’alliage de ces deux formules était une des clés des succès futurs de notre équipe ?
    Une équipe avec 4 défenseurs et une évolution avec un triangle (Otavio- Toma Basic (même si le joueur semble avoir la tête ailleurs, Jean-Louis Gasset n’a pas pas beaucoup de choix à ce poste) – Yacine Adli) contre Nice (absence de Mehdi Zerkane et blessure de Ruben Pardo) permettant aux excentrés de constituer le premier rideau défensif (plus haut sur le terrain, de percuter et d’alterner plus librement à droite et à gauche). Nous verrons plus bas qui pourraient tenir ces rôles.
    Ce 4-3-2-1 pouvant se modifier en 4-2-3-1 ou 4-4-2 pendant le match, en position offensive ou défensive (voir ci-dessous).

    Rémi Oudin, Hwang Ui-Jo et Loris Benito… passages sur le banc

    Ces trois joueurs éprouvent les mêmes difficultés à convaincre depuis le début de saison. Aucune différence balle aux pieds pour Hwang Ui-Jo, difficultés offensives et défensives dans une défense à 3 ou 4 pour Loris Benito et Rémi Oudin semble complètement perdu dans cette position entre défense et attaque. Devenir remplaçant n’est pas forcément une punition mais une remise en question obligatoire pour ces joueurs qui peuvent et doivent apporter plus. La stabilisation tactique, si elle a lieu, pourrait leur permettre de réintégrer au mieux l’équipe type. A eux de rentrer pour 15, 20 ou 30 minutes avec les “crocs” et dans de meilleures dispositions pour retrouver leur place.

    Quels joueurs pour percutés ?

    Devant l’incapacité actuelle de Rémi Oudin et Hwang Ui-Jo à déstabiliser et à déborder sur les côtés, Nicolas De Préville et Samuel Kalu, en alternance sur les côtés droit et gauche, aidés par la qualité de passes de Ruben Pardo et Yacine Adli, sont les seuls à pouvoir créer du danger (ne parlons pas encore de panique !) dans les défenses adverses. Par contre, ils ont parfois tendance à trop porter le ballon, ils doivent jouer plus simple, plus vertical et ne pas oublier de centrer !
    Pratiquement aucun centre depuis la reprise que ce soit de nos arrières ou de nos ailiers.
    Varier entre “rentrer dans la boîte”, les dédoublements et les centres”… jouer plus simple comme l’a exprimé Jean-Louis Gasset au coup de sifflet final samedi soir.

    Le dernier chantier… arrière droit, arrière gauche

    Youssouf Sabaly court beaucoup mais pour quel résultat, combien de centres de qualité ? Combien de passes décisives ? (1 passe décisive l’année dernière). Le joueur semblait fatigué contre Lens, peut-être le moment de lancer Enock Kwateng, toujours solide quand on veut bien lui donner sa chance. A gauche, on prend l’eau de partout. Renforcer le milieu à 3 aura sûrement comme vertu d’écoper un peu les nombreux trous visibles lors des deux dernières rencontres.
    Peut-être faut-il aller plus loin ?
    Ismaël Sow, encensé en réserve, ronge son frein, plus de 10 ans après avoir lancé un certain Benoit Trémoulinas avec Laurent Blanc, il est peut-être temps de le lancer dans le grand bain et faire un appel d’air (regardons l’exemple stéphanois) à la jeune génération aux dents longues (Sekou Mara, Gabriel Lemoine, Logan Delaurier-Chaubet…).

    Jean-Louis Gasset nous surprendra t-il et réussira t-il à relancer la machine ou comme ses prédécesseurs ou la bonne entame de championnat ne sera bientôt qu’un lointain souvenir ou un rêve d’été ?

    Le schéma proposée contre Nice et ses évolutions possibles :

     

     

    4-3-2-1
    4-4-2
    4-1-2-3
    En position défensive