InterviewG4E. Pierre Bouby : « Bordeaux est un club assez réputé, qui a une certaine histoire, une histoire qu’il faut faire perdurer »

    Passé par le Nîmes Olympique de 2012 à 2014, Pierre Bouby est actuellement consultant pour La Chaine L’Equipe depuis sa retraite de joueur professionnel, prise en 2019. Auteur d’une carrière plus qu’honnête, c’est grâce à son humour décalé et sa bonne humeur qu’il se fit connaitre par le « grand public », au point de faire plusieurs apparitions dans l’émission Les Grosses Têtes, animée par Laurent Ruquier. Et il ne fit pas tâche, loin de là, devenant aussi la même année consultant sur La Chaîne L’Equipe, en parallèle d’être toujours footballeur professionnel à Orléans. Ce ton, cette soudaineté dans son discours, contrebalancent souvent avec le sérieux des journalistes présents à ses côtés, amenant ainsi une plus-value aux émissions. Humour, analyse, et aucune langue de bois, tels pourraient être les termes pour qualifier Pierre Bouby. Une première impression qui s’est confirmée au bout du fil (cette expression de vieux cons, vas-y insulte-nous) et qui collait à l’image que l’on avait de lui. Dans cet entretien, vous découvrirez l’avis de l’ancien milieu de terrain sur les Girondins de Bordeaux, et la rencontre de dimanche face au NO, avec beaucoup plus de sérieux que sur les réseaux sociaux. Et franchement, c’est bien aussi. Interview.

     

    Quelle image tu as des Girondins de Bordeaux ?

    Bordeaux, les années Chaban Delmas, ça me parle. C’étaient les années 90, avec l’époque de Duga, ou encore Ulrich Ramé… C’est cette époque qui me parle, avec Johan Micoud aussi. Bordeaux est un club historique du championnat français, par lequel de nombreux joueurs de grande qualité sont passés. Forcément, c’est un club assez réputé, qui a une certaine histoire, une histoire qu’il faut faire perdurer. Pour moi, Bordeaux fait partie du Top 6 français.

     

    Est-ce que tu penses que ces dernières années, le club a changé de standing, et si oui, pour quelles raisons ?

    Les années M6 avec Nicolas de Tavernost étaient bonnes. J’aimais bien l’image que l’équipe dégageait. Après, c’est vrai qu’on est rentré dans un monde de foot un peu compliqué. J’écoutais l’autre jour une interview de Jean-Marc Furlan qui est passé sur Winamax, où il explique que le fait d’avoir un autre système économique, comme celui de Bordeaux actuellement, fait perdre l’identité club. Après, les leviers sont nombreux, comme le changement d’écusson avec le Bordeaux avant le Girondins. Il y a plein de choses qui font que le foot français, et même mondial, perd un peu ses racines, et va se diriger vers du profit, sans pour autant être sûr que ça marche… Le trading de joueurs, c’est bien sur certains points, mais il y a aussi des limites. Forcément, la fronde des supporters, et pas qu’à Bordeaux, à Saint-Etienne, Nantes même si c’est encore différent… Il y a un truc qui est en train de se créer dans le championnat français, où je pense qu’il ne faudrait pas qu’on aille.

     

    Alors qu’il y a très peu de clubs qui arrivent à vivre de ce trading, de cette stratégie commerciale… Il faudrait plus au contraire essayer de régionaliser, créer une vraie identité locale, qui créerait une adhésion des supporters…

    Bien sûr. Les valeurs d’un club restent dans le local. Elles doivent rester dans le local, s’inspirer d’un circuit court, pour qu’il y ait une osmose, que tout le monde s’y reconnaisse. Tout le monde ne fait pas du Porto. Pour faire du trading, il faut des gens de confiance, et des gens compétents. Quand tu vois Lille qui fait du trading – et encore, c’est un autre sujet maintenant – déjà tu t’endettes, et en plus tu bloques ta formation qui est ton gagne-pain pour la majorité des clubs. La formation française est réputée dans le monde entier, et nous, on galvaude ça, c’est ce qui fait chier ! On a la meilleure formation mondiale, on sort des joueurs qui vont jouer dans tous les pays, qui partent aussi de plus en plus tôt parce que justement, ils n’ont pas forcément leur chance. Alors, si tu commences à faire du trading. Le parfait exemple pour moi, c’est Leonardo Balerdi. Tu recrutes un mec pour 10M€, qui est certainement un bon joueur, mais tu as le petit Lucas Perrin qui est un bon joueur aussi… Faire un investissement de 10M€ sur un gamin comme Luis Henrique, je trouve ça à la limite plus intelligent parce que tu vas le former, tu sais que tu vas le garder quatre ans, et peut-être qu’à la fin il y aura une plus-value, et sûrement même. Il y a un temps d’adaptation pour les brésiliens, mais il y a une marge de progression, il y a plein de choses à prendre en compte. Mais pour moi, le trading, c’est un système économique que ne perdurera pas. Tu es obligé de retomber dans la formation. Toulouse est descendu en Ligue 2, ils ont deux joueurs, Koné et Adli, ce sont des perles. On fait ce genre de produit en France. Et Bordeaux est l’une des écoles de formation française qui forme très bien. Depuis dix ans, les Girondins de Bordeaux, ça végète, c’est le ventre mou, et ça a créé un manque d’ambition. Tu allais à Bordeaux pour passer une étape dans le championnat français, alors que ça devrait être une étape pour finaliser ton championnat français, vers l’étranger. Un mec comme Jean-Louis Gasset ne peut faire que du bien à ce genre de club, parce que tu retournes à de vraies valeurs, à quelque chose de français, avec une éthique, un discours. Le truc, c’est d’essayer de créer une dynamique et un esprit de groupe, avec des joueurs qui ne vont rester que deux ans, voire un an. C’est un vrai défi. Ce qui est difficile aussi c’est que tu es dans un monde qui devient de plus en plus cher. Les gens locaux qui mettaient de l’argent dans le club, et qui souhaitaient devenir Président… Ça devient de plus en plus compliqué de rivaliser avec les autres clubs qui ont cet avantage d’avoir des milliardaires qui mettent de l’oseille. Tu peux en vouloir aux actionnaires d’avoir vendu à un fonds d’investissement, mais en même temps tu te dis que si le club veut progresser, c’est peut-être aussi une étape à franchir pour avoir de bonnes choses à retenir de ce monde-là aussi. Tu ne peux pas faire tout l’un ou tout l’autre, c’est bien aussi de faire des coups sur des joueurs, tenter des choses. Mais tu ne peux pas faire que ça, c’est trop compliqué.

     

    Nicolas de Tavernost, qui a été silencieux depuis le rachat, a expliqué à Sud Ouest qu’il ne regrettait pas la vente du club, même s’il s’était probablement trompé sur l’acquéreur. Est-ce qu’il a une responsabilité à ce niveau-là ?

    Non, tu ne peux pas lui en vouloir. Tu connais le lien qu’a Nicolas de Tavernost avec le club aussi… C’était un mec passionné et qui aimait les Girondins de Bordeaux… C’est parfois un pari. Parfois, tu vends, et l’offre que tu as reçue… Le mec qui t’a acheté le club fait ce qu’il veut dans tous les cas… Tu ne peux pas en vouloir au vendeur. Après, oui, l’acquéreur s’est bien rendu compte que d’organiser et diriger un club de foot, ce n’est pas diriger une start-up.

     

    Le club a connu de nombreux soucis depuis le rachat. Yacine Adli, après le match nul face à Marseille, expliquait que les nombreux conflits internes, et externes, n’aidaient pas à créer une osmose au sein du club, du groupe. Est-ce que tu penses que c’est réellement impactant, ou est-ce que c’est un peu une excuse ?

    C’est la clé, en fait. J’ai fait trois montées, et à un moment donné si tu as ton comptable qui te dit ‘lui, je ne l’aime pas, j’espère qu’il va dégager’ parce qu’un jour il ne lui a pas dit bonjour, rien que ça, ça crée des conflits. Ça crée des merdes, des doutes, des défiances. Le meilleur exemple à suivre, c’est ce qu’a fait Montpellier quand ils ont été Champions. C’était une bande de potes – alors, peut-être qu’ils faisaient des barbeucs toutes les semaines ensemble – et quand tu as ça, tu peux avoir des blessures, tout ce que tu veux, tu auras toujours quelqu’un qui sera là pour t’aider. Je ne dis pas qu’il faut que ce soit les Bisounours, mais à un moment donné, la clé c’est l’objectif commun. Et pour Yacine Adli, ça m’étonne que ce soit un gamin de 20 ans qui soit obligé de le dire. Quand je suis monté avec Evian à l’époque, on a fait des saisons où on était premiers avec dix points d’avance. Les mardis et mercredis soirs, on regardait la Ligue des Champions avec pizzas et bières, on était 15 dans un appart… Et ça, ça se crée, et c’est compliqué à créer. Il y a dans les groupes des mecs qui insufflent ça et qui fédèrent, parfois tu n’as même pas besoin de coach. Quand on s’est maintenus et qu’on a fini 8èmes à Orléans avec Olle-Nicolle, on changeait de système en cours de match, il ne le voyait même pas. Après, il faut de l’autogestion, de la cohésion, des mecs qui portent leurs couilles, et qui fassent comprendre à tout le monde qu’il y a un intérêt commun. Le groupe, c’est ce qui fait la différence. Si tu as un peu de talent en moins, c’est ce qui fait la diff’.

     

    Tu disais à son arrivée qu’Hatem Ben Arfa était comme un gosse qui n’avait pas eu son 4h, quelqu’un qui a besoin de câlins, d’être libre, pour pouvoir jouer son football. Ca a bien fonctionné, mais depuis début janvier, il n’est plus décisif. Qu’est-ce qu’on devrait faire actuellement avec Hatem Ben Arfa ? Au niveau des chiffres, il y a une stat’ également qui dit que sans Hatem Ben Arfa, Bordeaux glane plus de points…

    Vous ne marquez plus parce qu’Hatem est moins bien. Mais est-ce que tu préfères regarder un match avec ou sans Hatem Ben Arfa ? Après, les joueurs sont faits de cycles. C’est un moment où il est moins bien, et je ne suis pas sûr que de changer de management avec lui soit une bonne idée. Je suis convaincu qu’il va retrouver son niveau, et il a déjà donné beaucoup plus que ce qu’on attendait de lui à son arrivée. J’ai vu le match contre Marseille, on sent qu’il est dans une période de doute, parce que justement il essaye de faire le Zorro, ce qu’il avait arrêté de faire pendant un moment, et c’est là qu’il était performant. C’était aussi son ancien club, il avait peut-être envie de prouver… Mais je reste convaincu que Jean-Louis Gasset reste le meilleur manageur pour pouvoir le driver. Il faut justement ne pas le juger sur ses performances un peu moindres, parce qu’il a amené un nouveau souffle aux Girondins, et du jeu quoi ! C’était inespéré déjà qu’il soit à ce niveau lorsque Bordeaux l’a pris. Profitons, profitez, et s’il revient bien dans quelques matches, tant mieux. Cela faisait un an qu’il n’avait pas joué, il allait forcément avoir un coup de mou.

     

    Et puis, il est là pour sublimer le reste de l’effectif, et ça n’empêche pas non plus le reste de l’équipe de prendre des responsabilités.

    Ah ça, c’est sûr. J’aime beaucoup le petit Yacine Adli, qui a complètement progressé depuis le début de saison. Il était en dents de scie avant, et là il devient, à un poste un peu différent en plus, en 6… Je pense qu’il a franchi quelques paliers, ça va être intéressant de le garder. Le discours qu’il a tenu après Marseille prouve que c’est un leader, ce sont les leaders qui font ça. Dès qu’il aura pris deux-trois années de bouteille, c’est le mec qui est capable de dire dans le vestiaire ‘allez, on fait une réunion, ça ne va pas’ et dire ‘vous cassez les couilles, on ne peut pas jouer comme ça’. Il porte ses couilles, c’est dans son ADN, tu ne l’inventes pas. Quand il est rentré dans le vestiaire après sa conférence de presse, ou quand ses coéquipiers l’ont vue, il n’y a personne qui est allé le voir pour lui dire ‘oh, tu as craqué ou quoi ?’. Tout le monde était d’accord avec lui. Et il n’a que 20 ans, c’est exactement la parole qu’il aurait dû avoir à ce moment-là. Ça aurait d’ailleurs bien que ce soit Laurent Koscielny ou un autre qui le fasse.

     

    Récemment, justement, dans L’Equipe notamment, il a été dit que Laurent Koscielny était plus un leader de terrain, et qu’il intervenait peu dans le vestiaire, mais principalement en conférence de presse ou dans les médias pour faire passes ses messages. 

    Je ne pense pas que ce soit un faux-leader. Capitaine à Arsenal, il faut y aller quand même. Il a une certaine aura et son expérience, sa carrière qui jouent pour lui. Il ne doit pas parler beaucoup mais quand il parle, on doit l’écouter quand même. J’ai été capitaine à Metz, à Orléans, à Nîmes, Auxerre aussi un peu. Tu sais, tu le fais avec ton cœur, ça. Quand tu as des choses à dire, tu n’es jamais aussi pertinent et compétent que quand tu le penses vraiment, quand c’est vraiment ce que tu ressens. C’est un rôle assez compliqué. Mais je pense que c’est aussi un bon relai avec Jean-Louis Gasset. Ils doivent parler en off du groupe, trouver les bons leviers pour dynamiser un peu tout ça. Ce n’est pas un rôle qui est simple.

     

    Est-ce qu’il y a d’autres joueurs qui te plaisent dans l’effectif bordelais ?

    J’aime bien Toma Basic, le gaucher. J’aime bien cette technique croate. Il me fait un peu penser à Jaroslav Plasil, ce genre de joueur un peu fin techniquement, qui sent le foot un peu plus que les autres, mais que les autres ne comprennent pas tout de suite, en fait. Je pense que c’est un joueur qui a vraiment un gros potentiel. Il a un pied gauche de fou, et il a besoin de prendre confiance en lui, puis que les autres lui donnent cette confiance. Il ne tente pas tout ce qu’il devrait tenter, il est à 50% de son potentiel.

     

    Depuis l’arrivée d’Hatem Ben Arfa, on dirait qu’il prend moins de responsabilités…

    Cela fait partie de sa progression, il faut qu’il fasse évoluer son jeu. Peut-être que c’est un temps d’adaptation, même s’il a 24 ans. C’est une étape de sa carrière. Mais je pense qu’il doit plaire à pas mal de clubs, c’est un joueur intéressant. Après, Hatem, c’est vrai qu’il te fout un merdier… Il va à droite, à gauche, tu ne fais qu’équilibrer… C’est compliqué de jouer avec un joueur comme ça. Mais l’objectif d’un effectif comme celui-là, c’est d’essayer de le mettre dans les meilleures conditions car il est capable de te changer un match. Toma Basic pourrait lui dire de lui laisser les coups de pied arrêtés, il pourrait prendre cette responsabilité, pour être un peu plus influent. C’est à lui d’aller voir Hatem pour lui dire qu’il s’en occupe. J’ai tiré les coups francs toute ma carrière, je peux te dire que s’il y en a un qui voulait tirer, je lui laissais, même si j’étais le joueur prédisposé à ça. Mais à un moment donné, il faut savoir s’imposer aussi, si tu dis oui à tout ce qu’on te dit… C’est peut-être un manque de caractère encore. Dans une équipe comme Lyon ou Lille, je pense qu’il peut sortir de grandes choses. Parce que ça joue fin, ça joue technique, travaillé, il y a des schémas préférentiels. Il ne faut pas oublier qu’il joue à côté d’un gamin de 20 ans (Yacine Adli, ndlr), et d’un 10 qui part dans tous les sens (Hatem Ben Arfa, ndlr). Donc c’est compliqué de trouver sa place.

     

    Otávio s’est blessé et Jean Michaël Seri. Quel est ton avis sur ce joueur ?

    C’est une bonne recrue, je pense. Je l’avais un peu perdu de vue. Mais je me souviens d’un mec qui était un peu comme Nampalys Mendy ou N’Golo Kanté, des types besogneux et qui ne sont pas maladroits avec le ballon. Techniquement, c’est propre. Vu sa situation contractuelle et avec Fulham, il y a peut-être un coup à faire, en tout cas j’aime beaucoup ce joueur. Il peut t’apporter cette stabilité, et permettre à un joueur comme Basic, ou Adli, d’un peu plus se projeter. Il est intelligent dans son placement, c’est un bon pompier quand même. C’est un joueur que tu peux utiliser pour repartir de derrière aussi, car il est capable techniquement de te sortir d’une impasse, d’un jeu resserré. Dans les petits espaces il est plutôt adroit, et il a un beau jeu long. J’aime bien, je pense que c’est une bonne pioche. En plus, il jouait avec Hatem à Nice, et ça se passait super bien. Ils se connaissent, il y a peut-être quelque chose à tirer de ça.

     

    Ce week-end Bordeaux se déplace à Nîmes. Lors de ton passage dans ce club, Renaud Ripart jouait déjà et était ton coéquipier. Est-ce qu’il le joueur qui incarne le mieux ce club, et même d’ailleurs l’esprit club ?

    C’est difficile de faire plus nîmois que Renaud Ripart. En fait, le type a le cœur nîmois, il fait les ferias comme personne, c’est un vrai soldat. Il a de la maladresse, tu peux dire tout ce que tu veux, mais putain, qu’il est généreux dans ce qu’il fait ! Il peut jouer arrière droit, la fois suivante défenseur central, puis ailier gauche, dans les buts, en 6… Tu le mets n’importe où, tu sais que le mec va rendre son maillot trempé. C’est un mec qui vient un peu de nulle part, qui a tenté le foot. Il n’était pas forcément axé dessus. Il est arrivé comme ça sur la pointe des pieds. Il est tellement généreux… Il n’a pas forcément travaillé dans le foot, il est à l’écoute, il apprend, et il est d’une puissance… Il n’est pas épais, mais en un contre un, pour lui prendre le ballon, c’est un calvaire.

     

    Les nîmois n’ont pas été battus à domicile face à Bordeaux depuis 28 ans. Bordeaux est même seul club de Ligue 1 à ne s’être jamais imposé au stade des Costières. Comment vois-tu cette rencontre ?

    Les Costières, pour Nîmes… Le gros inconvénient de Nîmes cette saison, c’est qu’il n’y a pas de supporters. C’est très intéressant, ça, pour Bordeaux. Mais c’est un peu difficile à cerner Nîmes cette saison. Ils font des matches très cohérents, et parfois ils te font n’importe quoi. C’est Nîmes. Le fait qu’ils ne soient pas poussés par leurs supporters est un gros point noir pour eux, mais ce n’est jamais simple d’aller là-bas. J’espère qu’ils vont se maintenir. Après, Bordeaux, cela fait cinq matches qu’ils n’ont pas gagné, ça commence à faire beaucoup. Je n’ai d’ailleurs pas compris, face à Marseille, pourquoi Jean-Louis Gasset n’est pas passé à trois derrière. Ou alors changer le système, mais arrêter d’attendre ! Je ne comprends même pas que les joueurs n’aient pas eu cette présence d’esprit de dire ‘vas-y, je vais devant, balancez, on voit ce qui se passe !’. Tu n’allais pas te faire contrer par Germain tout seul en pointe, et les marseillais n’allaient pas sortir… Au pire des cas, tu prends un contre magnifiquement joué, et voilà. Mais tu sentais que Marseille n’était pas bien… Tu mets un ou deux joueurs de plus dans la surface, ce n’est pas pareil !

     

    Tu sais ce que c’est ? C’est cette fameuse invincibilité qui fait que les joueurs n’ont pas fait plus, de peur de la perdre…

    Elle est où ton émotion quand tu fais du foot ?! Les chiffres, moi, ça me fait rire… On s’en bat les couilles des chiffres. Quand j’étais à Orléans, j’étais passé défenseur central, au bout de 3-4 défaites d’affilée. Le coach nous fait une causerie en nous demandant de repartir de derrière… Au début du match, on s’est tous regardé, et on s’est dit ‘il va se faire ***** avec son jeu au sol ! Je ne vais mettre que des frappes devant, allez courir là-bas, je ne vais jouer que dans leur camp, je ne veux pas prendre de but’. Tu balances devant, même si ce n’est pas beau, et tu fais un pressing haut, et tu joues là-bas. Ne t’inquiètes pas qu’elle ne va pas sortir de la même manière l’équipe adverse… On a fait 6 victoires d’affilée, comme par hasard. Et ensuite, tu te mets en confiance, là tu peux repartir de derrière. Il y a un timing pour tout. C’est pour te dire que les joueurs, c’est à eux de prendre les initiatives aussi. C’est notre boulot, en tant que joueurs de foot… L’invincibilité, ce n’est pas ça qui va te faire jouer, ou pas, la Ligue Europa, ou ne pas te faire descendre ».

     

    Un grand merci à Pierre pour sa sympathie, son analyse et sa disponibilité.

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