Marius Trésor : “Cet enfoiré n’en a rien à foutre de sa victime. J’ai envie de tout casser”

    Dans L’Equipe, et quarante ans plus tard, Marius Trésor est revenu sur sa préparation concernant la demi-finale de coupe du monde jouée par les Bleus face à l’Allemagne, à Séville., le 8 juillet 1982 (3-3, puis défaite 4-5 aux tirs au but).

    “En fin de matinée, on se fait un petit poker avec Tigana, Lopez, le grand Larios et d’autres. Certains jouent aux dés. On ne change pas nos habitudes Après le repas, je m’allonge avec mes mots fléchés. Je tue le temps comme je peux. C’est phénoménal de se retrouver en demi-finales mais, le match en tant que tel, je n’y pense pas. Je reste cool. Je ne vais pas me faire dessus parce que ce sont les Allemands. À la collation, je bois mon chocolat chaud avec des tartines de confiture. Je me régale”.

    Puis le match commence, et les joueurs se libèrent, lui aussi.

    “L’arbitre siffle. Une grande partie des peurs s’estompe. Je me concentre pour réussir ma première intervention. Voir «France» sur le tableau d’affichage à ce niveau, on n’a pas l’habitude. Le stade est une vraie caisse de résonance. Je joue bas baissés. Pour éviter les crampes, aussi en hommage à Omar Sivori, l’attaquant de la Juve dont j’avais des photos, enfant en Guadeloupe. Comme ils ne sont pas obligatoires, Manu ne porte pas non plus de protège-tibias”.

    Puis le défenseur central se souvient évidemment du fait marquant de cette rencontre, “l’attentat” su Patrick Battiston.

    “Patrick entre très bien dans le match. Il est dynamique, il a du volume de jeu, une belle technique. Il n’a pas les repères mais parle le même football que les trois autres milieux, même s’il garde moins le ballon que Bernard […] Alors que tout le monde est en panique, Corver discute avec Schumacher. Les deux sourient ! L’Allemand se met à jongler avec le ballon en attendant que ça passe. Cet enfoiré n’en a rien à foutre de sa victime. Il se tient à l’écart, complètement illuminé, d’un air de dire: «J’ai fait ce que je devais faire, le reste, je m’en fiche.» J’ai envie de tout casser”.