Stéphane Martin, l’ancien Président des Girondins de Bordeaux, a donné son ressenti sur l’impact de la crise actuelle pour le futur des clubs. Il évoque également la DNCG, qui aura évidemment moins d’importance car plus conciliante des suites de cette période de crise globale.

« A moyen terme, comme tout le monde sera logé à la même enseigne ? Le problème sera dans les deux-trois ans à venir, pendant lesquels les contrats sont toujours valides au niveau avant-crise. Donc les ajustements ne sont pas faisables tant que les contrats ne sont pas arrivés à terme. On a parlé d’un effort éventuel des joueurs, mais il faut quand même rappeler qu’ils sont dans leur bon droit. Ils ont des contrats qui restent valides, et personne ne peut les forcer à renoncer à ces contrats. La question est de savoir comment les clubs vont faire pour passer ces deux-trois années. Le fait que tout le monde soit logé à la même enseigne ne change pas grand-chose car finalement si à la fin du mois vous n’arrivez pas à payer les factures, ça ne change pas grand-chose que le voisin n’y arrive pas non plus. Après, la DNCG sera moins regardante que d’habitude. La DNCG c’est le gendarme. Donc si vous êtes à 200km/h sur l’autoroute et qu’il n’y a personne, qu’il fait beau, le problème est le gendarme. Si vous avez une route verglacée de montagne, qu’il y a un précipice au bout du virage et que vous arrivez à 200, le problème n’est pas tellement le gendarme. La DNCG, ce n’est pas ça qui va payer les factures à la fin du mois. C’est le cadet des soucis des clubs aujourd’hui, franchement […] La DNCG est là pour prévoir les accidents, et elle n’a pas pu prévoir le COVID. Personne ne l’a prévu. La DNCG, elle va dire aux clubs qu’ils ont droit de reprendre, mais ça ne va rien changer au problème s’ils n’ont pas de quoi payer les factures à la fin du mois… Dans ce cas, ils déposeront le bilan comme n’importe quelle société. Là, ce n’est plus un problème de DNCG, c’est un problème d’entreprise en très grande difficulté. En tant que fan de foot, la mesure que j’espère et que j’attends, ce serait de dire que cette règle de rétrograder les clubs qui déposent le bilan, que je trouve absurde, on l’oublie pour la période du COVID. Parce que c’est une double peine, c’est une règle qui est héritée du temps où les clubs étaient des associations de loi 1901. Ce ne sera pas la faute des dirigeants, et même de personne, si les clubs déposent le bilan à cause du COVID. Donc pourquoi infliger cette double peine et mettre un coup de pied à un joueur à terre ?! Ça me parait absurde et si on est dans un scénario où il y a beaucoup de dépôts de bilan, je pense qu’il y aura certaines personnes (la Ligue, ndlr) qui sauront mettre la pression pour ne pas se mettre une balle dans le pied, et ne pas recommencer une Ligue 1 qui serait non seulement à huis clos, avec un calendrier rock’n’roll, et en plus avec des équipes historiques qui auraient été reléguées sur des critères économiques. Ça me parait être quelque chose d’inenvisageable ».

L’ex-dirigeant bordelais parla également des prêts garantis de l’Etat.

« Les clubs y ont le droit, même les banques ne sont pas obligées de l’accepter. Mais de toute façon, c’est trois mois de chiffres d’affaires, hors trading de joueur. Donc l’Etat fera l’effort pour tout  le monde, mais le cadre défini pour les aides d’Etat est clair. Je ne pense pas qu’ils iront au-delà pour le foot, plus loin que ce qu’ils font pour le reste de l’économie. Ce qui complique la chose c’est que l’économie de manière générale va souffrir. A la limite, il n’y aurait que le football, l’Etat pourrait faire un effort spécifique, mais là c’est un contexte général très difficile et on imagine assez mal l’Etat faire un effort spécial pour le foot. Ils l’ont fait pour Airbus, Air France et Renault, mais ils sont actionnaires, c’est plus facile ».

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