Laurent Croci revient longuement sur le match face à Milan : “Ce public-là, si vous ne l’avez pas derrière vous, l’exploit n’existe pas”

    Pour Bordeaux Le Mag, Laurent Croci, l’ancien défenseur des Girondins de Bordeaux (1992-1996), est longuement revenu sur les rencontres face au Milan AC de 1996.

    Le 2-0 à Milan

    « C’était le premier match où on avait un environnement assez spécial, en Italie, à San Siro… Il y avait de la timidité, on n’a pas su saisir notre chance comme il le fallait là-bas. Et quand on est revenus à Bordeaux, on n’était pas abattus puisqu’on s’est dit pourquoi pas… L’avantage, c’est que Milan est arrivé en Sénateur. Le Milan AC, à l’époque, c’était le grand Milan, ils étaient invaincus en championnat, ils faisaient des parcours exceptionnels en Coupe d’Europe, avec des grands joueurs… De nous-mêmes, avec Gernot, l’environnement, les gens que l’on croisait un peu partout, tout le monde nous a dit de ne pas être abattus, qu’on ne savait jamais, que tout pouvait arriver en marquant un but et en les faisant douter… Même si au fond de nous, on se disait que ce serait compliqué de faire douter cette équipe-là ».

    La préparation du retour sur le Bassin

    « Gernot nous a mis au vert, dans cette bulle… On a été se préparer là-bas, sur la plage, avec des exercices physiques, de vitesse… On avait été ensuite dans un petit restaurant manger des huitres, des soles, et on avait passé un bon moment. Ça avait créé une certaine cohésion. A cette époque-là, il y avait une super ambiance, ça déconnait, ça rigolait… On savait faire la part des choses ».

    Le retour à Lescure, lui était suspendu et en tribunes

    « J’avais pris un carton jaune à San Siro, et j’étais suspendu pour le match retour. J’avais croisé Michel Platini qui commentait sur Canal+ à l’époque, et qui m’avait dit que j’avais fait une faute bête, que c’était con de louper ce match… Je lui ai dit que ce n’était pas grave, qu’au moins je pourrai jouer la demi-finale après (rires). Il m’avait pris à la rigolade… Sur ce match, il y avait une atmosphère en arrivant au stade… On s’était dit qu’il allait se passer quelque chose, les gens étaient dans l’attente, et ça nous a mis dans une bulle, comme si ne pouvait nous arriver… On était sur notre nuage. Et quand on a vu arriver les joueurs du Milan AC, ils étaient décontractés, ça rigolait, et ils ne pensaient pas qu’ils allaient vivre un moment aussi pénible que ça ».

    Le scénario idéal

    « Le but était de marquer rapidement pour les faire douter, et surtout de prendre confiance. Quand vous marquez au bout de 15 minutes, que vous arrivez à marquer contre cette équipe, que vous arrivez à développer votre jeu… Ça a créé un engouement au niveau du public. Il ne faut pas se le cacher, ce public-là, si vous ne l’avez pas derrière vous, l’exploit n’existe pas. Oui, il a été une part prépondérante de cette qualification ce public, complètement. Par ses encouragements, l’engouement… Vous vous sentiez plus forts, vous doutez moins. Mine de rien, la chance est venue ponctuer ce résultat : le dos de l’arbitre sur le second but, le défenseur qui tacle sur le troisième… on n’attendait pas la chance pour gagner ce match, car de toute façon on ne gagne pas de match avec de la chance, mais on l’a créée, on est allés la chercher, et cela fait partie de la remontée ».

    Retranscription Girondins4Ever