Pierre Rondeau : « On peut très bien se retrouver avec le même modèle que le Red Bull Salzbourg, où les couleurs, l’emblème et l’histoire du club ont totalement été bafoués »
Interrogé au sujet du rachat des Girondins par le groupe GACP, l’économiste du sport Pierre Rondeau est intervenu sur les risques d’un tel projet, en grande partie basé sur l’aspect financier et non culturel. « C’est extrêmement dangereux, parce qu’on va jouer sur la vente de joueurs à plus-values et sur les gains sportifs (primes de match, revenus télévisuels, etc.). Donc le club se doit, saisons après saisons, de générer des bénéfices malgré les aléas qu’impose la glorieuse incertitude du sport. En plus, ce sont des gens qui sont totalement désintéressés de la culture locale. Dès que cela va bien fonctionner, ils vont vendre. La logique de pérennité, facteur de réussite dans le sport est totalement reniée ».
Suite à cela, il a comparé le projet de Joseph DaGrosa et de ses confrères, au projet réalisé par le Red Bull Samzbourg il y a quelques années auparavant. « On peut très bien se retrouver avec le même modèle que le Red Bull Salzbourg, où les couleurs, l’emblème et l’histoire du club ont totalement été bafoués. À Bordeaux, le club c’est « Les Girondins de Bordeaux ». Et »Girondins », c’est franco-français, tandis que « Bordeaux », c’est international. Donc on peut imaginer un fonds d’investissement attiré par la marque « Bordeaux », qui renomme le club « FC Bordeaux ». De la même façon que le « Paris Saint-Germain » est devenu « Paris » depuis l’arrivée des Qataris. Ils peuvent également changer la couleur du maillot, mettre une bouteille de vin sur le logo… On peut tout imaginer. » On l’a bien compris : alors que M6, par l’intermédiaire de Nicolas de Tavernost, était sincèrement attaché à l’histoire du club, les Américains ne sont pas forcément venus pour faire dans le romantisme. Mais sur le plan sportif, et donc financier, que vont-ils pouvoir apporter de plus que l’ancienne « petite chaîne qui monte » ? ».